Après l'euphorie de la première vague d'arrestations parmi les corrompus entre hommes d'affaires, barons de contrebande et cadres des services de l'Etat, le mouvement entre dans une nouvelle phase. Conscientes des enjeux, certaines voix s'élèvent d'un peu partout, exhortant Youssef Chahed à poursuivre son élan et à continuer la campagne d'assainissement des services de l'Etat. Car c'est en tant que telle, que les citoyens perçoivent cette campagne. Ils espèrent la voir continuer pour « nettoyer » tous les secteurs corrompus de l'Etat, et surtout, pour aboutir aux vrais corrompus qui menacent l'existence, même, de l'Etat, à savoir ceux qu'a ramené avec elle la révolution. Eux en face de qui, les corrompus de l'avant 2011 sont de vrais enfants de chœur. Car les nouveaux contrebandiers, de même que leurs complices dans les rouages de l'administration, et dans les sphères politiques, ne font pas dans le « light ». Ils composent avec la mort en personne. Ils opèrent dans le trafic de la drogue sous toutes ses formes, dans celui des armes, des explosifs, dans le transfert des terroristes... Et jusqu'à présent, l'opération « dite » mains propres de Youssef Chahed, n'a toujours, pas frappé à leurs portes, ce qui les a en quelque sorte, enhardis, et ils ont commencé à s'organiser et à contre attaquer, leurs soutiens politiques en premier. Mais il faut croire que le chemin choisi par Youssef Chahed n'est pas une balade de santé. Il s'agit d'un parcours du combattant, parsemé d'embûches et de pièges, et pas des moindres. Le premier obstacle à haut risque que va devoir surmonter Yousef Chahed, c'est celui des « victimes collatérales » de son entreprise. Des victimes qu'il va bien falloir accepter de sacrifier sur l'autel de la lutte contre la corruption et les malversations qui rongent notre système. Et les premières victimes de cette opération, et c'est là le hic, ce sont quelques « têtes » de Nidaa Tounes, le parti au pouvoir. Ces quelques têtes auraient commis l'imprudence de manger dans la main de chafik Jarraya, et ils vont devoir en assumer les conséquences. D'ailleurs, et pour confirmer que l'opposition à cette campagne commence à s'organiser, on n'hésite pas, dans certains milieux, à présenter la campagne de Youssef Chahed comme étant une tentative de putsch qu'il voudrait mener pour étêter Nidaa Tounes et espérer le contrôler dans un deuxième temps. Or le fait est là. Ce coup d'aspirateur dans les bureaux de Nidaa Tounes est devenu, apparemment, nécessaire, pour passer, ensuite, aux choses sérieuses. Mais la direction du parti n'est, forcément, pas de cet avis, et une sorte de guerre, pour le moment froide, s'installe entre La Kasbah et le Lac, et même, quelque part, entre La Kasbah et Carthage. Du coup, Chahed se retrouve dans une situation critique ; Soit il continue son travail, et là, il va devoir le faire tout seul, envers et, même, contre tous. Et dans ce cas, ses soutiens politiques risquent de le lâcher. Soit, il va s'arrêter net, pour essayer de plaire à ses soutiens, et là, c'est le peuple qui va le lâcher. Dans tous les cas de figures, Chahed marche sur des œufs... Mais il doit se dire que, de toutes les façons, on ne fait pas d'omelettes sans en casser... Des œufs.