Issam Dardouri, le cadre sécuritaire et président de l'organisation tunisienne de la sûreté et de la citoyenneté, a témoigné, ce lundi devant la commission parlementaire d'enquête sur les réseaux de recrutement et d'envoi de jeunes tunisiens comme terroristes dans les zones de conflits. Séance sous tension, et les députés d'Ennahdha quittent la salle La séance a connu des altercations entre Dardouri et le député islamiste d'Ennahdha, Oussama Seghaïer, et les autres députés d'Ennahdha qui faisaient partie de la commission et qui ont tenté de l'intimider, mais qui ont fini par quitter la salle d'audience. Rôle des partis, des ONG de bienfaisance, des écoles coraniques et des mosquées Dardouri a commencé par annoncer que ces envois de jeunes tunisiens n'auraient jamais pu se faire sans la présence d'un soutien de la part de partis politiques qui gouvernaient le pays à ce moment là. Puis il a énuméré les près de 200 ONG qui se sont spécialisées dans l'envoi des terroristes et le blanchiment d'argent, de même que les nombreuses écoles coraniques qui ont contribué au recrutement des plus sanguinaires des terroristes tunisiens, ainsi que les mosquées qui ont été utilisées pour ce même dessein. Noureddine Bhiri a ouvert la voie aux recruteurs de jihadistes Dardouri a, par ailleurs, présenté un document signé par Noureddine Bhiri, alors ministre de la justice qui avait ouvert les prisons aux prédicateurs salafistes pour qu'ils puissent recruter un maximum de jeunes parmi les délinquants qui y résidaient pour des crimes de droit commun. Ouverture des frontières et annulations des mesures de contrôle de sécurité Dardouri a expliqué que les terroristes pouvaient, en cette période de 2011 à 2013, circuler librement à travers les frontières, à cause de la levée, dès 2011, des mesures sécuritaires qui étaient en vigueur, pour contrôler leurs mouvements et leur interdire de quitter le territoire, le cas échéant. Ce dont a profité, entre autres, Abu Bakr Al Hakim, pour rentrer en Tunisie commettre ces nombreux crimes, puis repartir comme si de rien n'était. Un officier complice des terroristes puni par une suspension de... sept jours Dardouri a rappelé que la femme d'Al Hakim a pu le rejoindre en Syrie grâce à la complicité d'un capitaine de la police, qui a avoué lui avoir, illégalement, fourni un passeport, et il a été puni par une suspension de sept jours. Turkish Airlines, Syphax Airlines et Tunisair ont transporté les terroristes en Turquie Concernant les itinéraires de transfert des terroristes, Dardouri a expliqué que depuis 2012 et début 2013, il y a eu organisation de plusieurs vols à partir de l'aéroport de TunisCarthage vers Istanbul intéressant des milliers de jeunes sous prétexte de coopération technique et de travail, sans présenter le moindre document ou contrat de travail. Ces jeunes ont été transportés par la Turkish Airlines, Syphax Airlines et la Tunisair. Les complicités des autorités turques Dardouri a ajouté qu'au moment du retour de ces terroristes en Tunisie, il leur a été fourni, par des parties turques, des attestations de travail falsifiées, ou des attestations d'études pour expliquer leur long séjour là-bas. Maintenant, a ajouté Dardouri, les parties soutenant ces terroristes sont en train de chercher à organiser leur retour au pays. Dans ce registre Dardouri a cité l'exemple d'un terroriste qui est rentré en Tunisie muni d'un faux passeport tunisien qui lui avait été fourni parles autorités turques. Ce terroriste était chargé d'organiser le passage en Syrie des terroristes tunisiens, et sa famille est connue en Tunisie pour son adhésion à un parti politique connu. Le réseau tunisien était tellement performant, a ajouté Dardouri, que même les jihadistes européens, transitaient pas la Tunisie car ils étaient empêchés par leurs pays de voyager vers les zones de conflits. Complicités au sein du ministère de l'intérieur Par ailleurs Dardouri a affirmé que les terroristes ont obtenu l'application officielle de quelques parties complices du ministère de l'intérieur, ce qui leur permettait de se procurer des faux passeports sans aucune difficulté. Concernant les complicités au sein du ministère de l'intérieur, Dardouri a accusé Mehrez Zouari de coordonner toutes les opérations de soutien aux terroristes et leur fourniture de passeports, avec la « bénédiction » du ministre, Ali Laârayedh. Ces complices ont fourni des passeports à des jeunes qui avaient été empêchés de voyager par leurs parents qui leur avaient confisqué le passeport original. 117 terroristes ramenés par un avion privé pour renforcer ceux du Chaâmbi Dardouri a, aussi, cité le cas d'un avion privé spécial, affrété pour ramener 117 terroristes tunisiens de Syrie via la Libye, pour renforcer les terroristes du Chaâmbi. Lien: Vidéo de l'intervention de Isaam Dardouri