L'Instance Vérité et Dignité (IVD) chargée de la mise en oeuvre de la justice transitionnelle a organisé vendredi soir une audition publique sur l'usage par les forces de sécurité de la chevrotine en 2012 à Siliana pour réprimer des manifestations populaires radicales réclamant le limogeage du gouverneur de la région. Les principaux acteurs de l'époque, l'ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali, le ministre de l'Intérieur à l'époque Ali Laarayedh et Lofti Ben Jeddou ex-ministre de l'Intérieur et certaines victimes ont présenté leur témoignages. Le contenu des témoignages a laissé les téléspectateurs et le public présent à l'audience sur leur faim car ils n'ont pas permis la manifestation de la vérité mais donné lieu à des interprétations subjectives visant à corroborer ce qui ne peut pas l'être. On rappelle que le 27 novembre 2012 des forces de sécurité ont fait usage abondamment de chevrotine pour disperser des manifestations qui se déroulaient depuis plusieurs jours réclamant des projets de développement ainsi que le départ du gouverneur de la région. Des dizaines de citoyens ont été blessés à plusieurs endroits du corps notamment au niveau des yeux nécessitant l'évacuation de certains à l'étranger. Hamadi Jebali s'est contenté d'accuser certaines parties, affirmant qu'elle avaient un plan de déstabilisation l'Etat tunisien visant à freiner la transition démocratique et à semer le chaos dans le pays. Pour sa part, Ali Laarayedh qui a concédé des excuses aux habitants de Siliana pour les dégâts subis, a affirmé qu'il avait lui même donné l'ordre de la fin de l'usage de la chevrotine lorsqu'il a appris l'existence de blessés. Il a soutenu que le gouverneur de l'époque était le seul qui a pu faire avancer les différents dossiers en suspens, soulignant que ses décisions allaient à l'encontre des intérêts du bureau régional de l'UGTT, de Siliana notamment les syndicalistes. Laarayedh a rappelé que la manifestation a débordé et que les sécuritaires ont été dépassés étant donné que l'usage du gaz lacrymogène n'a pas permis d'endiguer les manifestants ce qui a contraint au recours à la chevrotine qui était un choix plus judicieux que celui des balles réelles. Ali Laarayedh a souligné que la décision de l'usage de la chevrotine a été pris par les commandants sécuritaires sur le terrain. Pour sa part, Lotfi Ben Jeddou a justifié l'usage de la chevrotine, affirmant que cela a permis d'éviter "un carnage", soulignant qu'après sa prise de fonction à la tête du ministère de l'Intérieur, il a interdit l'usage de la chevrotine dans la répression des manifestations. Des victimes ont fait part de leurs souffrances après avoir été blessé à des endroits sensibles dans le corps. Certains ont perdu l'usage d'un œil et ont du faire face à d'énormes frais de soins sans aide ni assistance. Ils ont affirmé que rien ne justifiait le recours à la chevrotine et cette répression "féroce", réclamant des dédommagements.