Le Front Populaire, dont l'unique plan de communication est basé sur le terme "Non", mot qu'il élève aussi au rang de stratégie, trouve un malin et non moins brûlant plaisir à multiplier les foyers d'incendie depuis sa fondation. Tout son programme politique se limite à la combustion. On aurait dit que plus la situation flambe, plus il trouve des motifs de satisfaction. Plus les régions s'embrasent, et plus il prend son pied. Son opposition, à tout et à rien au demeurant, s'apparente beaucoup plus à une ligne de feu qu'à une force de changement. Dans son incandescente perception, tout mouvement social est un tas de bûches à enflammer. Le Front Populaire, ne semble pas saisir que la politique pyromane qu'il ne cesse de mener, lance-flammes à la main et discours séditieux à la bouche, est en train de le réduire en cendres, en général aux yeux de l'opinion publique tunisienne, et en particulier son dernier cercle de sympathisants ou ce qui en reste. Rien ne plait aux fines gâchettes du Front Populaire. Ils dégainent et tirent à toute occasion, à boulets rouges (c'est le cas de le dire). Ils plombent rarement le cœur de la cible, mais l'idée de tutoyer les fusils et de cracher les balles ravit leur égo et donne à leur discours le crépitement des coups de feu. Ses stratèges de dimanche, en véritables têtes brulées de la politique, croyant trouer la peau de leurs adversaires, se tirent des balles dans le pied. A ce rythme, en feraient-ils long feu ?! Tout feu tout flamme, ils se démènent à mettre le feu dans un pays déjà, en grande partie, cramée. Les gauches (au propres comme au figuré) pistoleros, en grands visionnaires de saloon, toujours en ordre de bataille, préconisent la politique de la terre brûlée pour, sont-ils persuadés, de faire le lit d'une seconde révolution dont le Front Populaire serait le leader et l'antre. Nourrir le feu pour nourrir l'ambition, inavouée et insoupçonnée, de happer le pouvoir et faire leur baptême de feu à sa tête, après avoir fait de la Tunisie un grand brasier. Les dernières manifestations sociales, dont la légitimité n'est point à contester, montrent la démission des partis politiques, notamment le Front Populaire, qui, dans des envolées enflammées, a appelé les tunisiens à investir la rue et à aller au charbon sans en assumer sa responsabilité. Il aurait dû joindre l'acte à la parole en organisant et en encadrant des manifestations. Non, il a préféré rester dans sa tour d'ivoire en soufflant sur le feu, multipliant les appels à la désobéissance civile et au craquage de flammes, sans comprendre ou vouloir comprendre que l'histoire récente de la Tunisie enseigne que tout mouvement social a toujours été transformé en série d'émeutes et accompagné par des actes de pillage, des affrontements avec les forces de l'ordre, des scènes de crime, des incendies et des opérations de vol et de braquage, sans compter la fermeture des routes, le saccage des biens publics et privés. Sur fond de faire tomber la loi de finances 2018 (LF 2018), qui est un droit, attiser le feu ou laisser attiser le feu devient un moyen "justifié". Le dernier paradoxe du Front Populaire, le énième : Il vote en faveur de l'article 39 (augmentation de la TVA de 1%) mais rejette la LF 2018 en entier. Allez comprendre quelque chose !! Entre deux feux, le peuple ne comprend plus rien. En dernière analyse, la LF 2018 ne serait qu'un prétexte. Juste un feu de paille. On veut non seulement que le gouvernement soit à genoux mais également que l'Etat s'effondre. Installer un climat insurrectionnel partout dans le pays ne peut que faire fuir les touristes et les investisseurs, après qu'une reprise ait été enregistrée dans les deux secteurs. Ce n'est plus un mouvement mais bel et bien une guerre économique. L'objectif n'est pas de tirer profit de la crise, politiquement compréhensible, mais de pourrir la situation et de précipiter le chaos. Il n'est pas question ici de remettre en cause le droit de manifester que la constitution garantit mais de s'élever contre le vandalisme et contre les incitateurs à la casse. Le double langage et la duplicité sont aussi des outils de travail pour le Front Populaire : D'une part, inciter le peuple à manifester et à mettre partout le feu pour contrer la LF 2018 et descendre le gouvernement, sans en encadrer les manifestations, et d'autre part, condamner, quoi que du bout des lèvres, le vandalisme et le pillage, actes sur lesquels tout mouvement social tunisien a dérapé. En un mot, en même temps nourrir le feu et refuser ses dégâts. Tout compte fait, à part inciter à la mise à feu, le Front Populaire n'apporte rien. Il ne respire que dans l'opposition et dans le désordre social. Le costume de pompier l'horripile à mourir. Il n'en a ni la culture ni le réflexe, et encore moins la volonté. Et quand bien même le Front Populaire œuvre mise sur l'embrasement pour gagner du terrain sur le plan politique, avec son discours incendiaire, son inertie et sa myopie, ce n'est pas demain la veille qu'il constituera une réelle alternative. Feu Chokri Belaid, martyr de la démocratie, de la liberté et de la république, en serait sur des braises ardentes et en aurait chopé une inflammation politique. Jamais le Front Populaire n'aurait été transformé en un nid de feux follets, incapable de discernement et de mesure, si on ne l'avait pas lâchement assassiné. Dans le feu de l'action, il aurait trouvé le mot juste, la démarche idoine et la position éclairée pour éviter au pays la descente aux enfers et à son parti le retour de manivelle ou de flamme. Quand le Front Populaire est un feu rouge, Chokri Belaid aurait été un feu de croisement. Quand le Front Populaire fait feu de tout bois, Chokri Belaid aurait fait mûrir, à petit feu, une solution de sortie de crise. Quand le Front Populaire joue les feux d'artifice, Chokri Belaid aurait fait des étincelles et ramené quelque lumière au moment où l'obscurité sévit et drape tout le pays. On a tué Chokri Belaid tout simplement parce qu'il était un leader naturel, un guide et un visionnaire. On a privé la Tunisie d'un grand homme, capable, comme tout grand homme, de "réparer les erreurs de son siècle" (De toute évidence, les camarades au Front Populaire n'ont appris à son contact, en termes de vision, de sens de l'histoire, de lucidité politique. Paul Valery disait : " Grand homme est celui qui laisse après soi les autres dans l'embarras".