La Tunisie a été blacklistée par l'Union Européenne et mise sur la liste grise du GAFI. Les responsables de la CTAF et du gouvernement Chahed ont eu tendance à minimiser l'impact de notre mise à l'index. Il est facile de s'embourber dans les débats d'experts sur un sujet aussi ténébreux que le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il est préférable de s'en tenir aux résultats de l'évaluation et écarter les arguments non factuels du gouvernement. En effet, la Tunisie a été évaluée par le GAFI, cette évaluation est une image horrifiante et catastrophique de l'état du dispositif de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Pour la premiere fois, la Tunisie n'a pas été évaluée sur la conformité technique de son dispositif à savoir la qualité de sa législation mais, sur l'effectivité réelle de son dispositif et c'est là où le bât blesse. L'enseignement majeur de la cette évaluation est la faiblesse inquiétante de notre dispositif de lutte contre le financement du terrorisme, les résultats nationaux démontrent un manque de volonté politique, un manque de cohérence dans le dispositif national, une indolence nationale sur cette question et malheureusement un manque de moyens financiers et humains dans les institutions clés. Je passe outre sur le manque d'ambition nationale et la méconnaissance de ce sujet par nos décideurs qui ne cessent, depuis notre mise à l'index, de renforcer le sentiment que les leaders tunisiens confondent le GAFI et Gafi. Par faiblesse du dispositif, il faut comprendre inexistant ou encore totalement défaillant, la Tunisie qui se drape dans les 3000 ans d'Histoire et qui se déclare en guerre contre le terrorisme, ne fait absolument rien pour lutter contre le financement du terrorisme. Alors que les soldats et les policiers tunisiens se font tuer dans les forêts et les montagnes, la Tunisie laisse les terroristes faire usage de son système bancaire et financier pour faire circuler des capitaux et financer leurs actions. Il est difficile dans ces conditions de tenir pour crédible les excuses propagandistes de la CTAF et du gouvernement Chahed selon lesquels, la présence de la Tunisie dans les deux listes s'expliquent par la haine des partis d'extrême droite européens ou encore par la jalousie des pays d'Europe de l'Est face au boom économique tunisien. La Tunisie est une plaque tournante du financement du terrorisme. Le Schéma qui ressort de l'évaluation du GAFI est celui d'un pays moyennement conforme aux standards législatifs mais qui, sur le terrain, refuse de se donner les moyens de combattre effectivement le financement du terrorisme. Selon les scores de notre évaluation et les éléments fournis par le GAFI, la Tunisie n'est pas apte à détecter, poursuivre et juger les auteurs d'actes de financement du terrorisme. La Tunisie n'est pas apte à agir efficacement pour contrer le financement du terrorisme et cela même de manière symbolique. La Tunisie n'est pas non plus capable de respecter les résolutions des Nations Unis sur le financement du terrorisme, à savoir celles relatives aux Talibans, à Al-Qaida et à l'Etat Islamique. Les instances internationales ne voient point d'un bon œil cette manière qu'a la Kasbah de gérer le dossier du financement du terrorisme par dessus la jambe, l'absence de volonté politique étant avérée, le capital sympathie de la Tunisie en a largement souffert ces dernières semaines … Il y aurait comme un véritable orage dans l'air pour les prochains jours. Rym Mourali, – Secrétaire générale du mouvement de l'indépendance tunisienne