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Par Hadi Sraïeb – Autorités monétaire et financière: Balayer devant vos portes, et faite preuve d'audace !
Publié dans Tunisie Numérique le 24 - 04 - 2020

Si le moment est assurément mal choisi pour engager une polémique, -fut-elle-respectueuse-, avec les autorités monétaire et financière du pays, on est tout de même en droit de s'interroger sur la pertinence de la réponse apportée à la dérive récessive qui s'annonce profonde à la suite de la propagation de l'épidémie.
Le ministère des Finances et l'institution monétaire ont apporté une première réponse en vue de sauver un tissu économique en perdition. Rappelons brièvement les dispositions arrêtées.
L'impénétrable et obscure CDC est censée apporter son soutien « au cas par cas » à des entreprises jugées stratégiques au travers de techniques de type quasi-fonds propres (500 M DT). Les caisses sociales vont prendre à leur charge une ligne de financement pour les travailleurs mis au chômage technique (300 M DT) ainsi que les aides aux populations en désespérance (150 M DT). Le Trésor Public va de son côté procéder au remboursement du trop-perçu de TVA, autoriser un rééchelonnement des dettes fiscales, la suspension des diverses pénalités de retard.
Mais force est de constater que le plus gros du dispositif repose sur le système bancaire (et assimilé telles les sociétés de leasing) et de son préteur en dernier ressort ! Il en va ainsi du report du remboursement de crédits bancaires pour les particuliers comme pour les entreprises, de crédit d'urgence, de financement de soutien des PME (300 DT) sous la forme de garantie publique, de bonification de taux d'intérêt...
Sans véritable dispositif clair des conditions d'éligibilité, des formalités liées aux demandes, d'absence de plateformes de validation, les petits entrepreneurs s'en trouvent, une nouvelle fois, livrés à eux-mêmes. Ils vont devoir emprunter un itinéraire semé d'embûches sans assurance de réussir, là où seuls quelques initiés de longue date, rompus à ces pratiques, sauront se sortir d'affaire !
Si l'on se réfère à l'histoire récente du système bancaire public, ses crises périodiques, ses réformes successives, on ne peut qu'être frappé par la récurrence de pratiques discrétionnaires et inadaptées aux besoins différenciés d'un tissu économique composé à 90% de petites unités productives ou de services. L'essentiel de l'encours de crédit est le fait de grandes entreprises, de holdings, d'entités de taille diverse mais réputées viables et solvables.
En apparence le système bancaire se conforme aux normes universelles d'attribution de crédit. En réalité il n'en est rien! Plus qu'ailleurs les banques tablent sur la réputation et la notoriété du demandeur bien plus que sur de tangibles et mobilisables garanties. Les dernières crises bancaires ont révélé que l'énormité des créances irrécouvrables (17% des crédits) était de fait d'entités renommées, souvent prestigieuses, des secteurs du tourisme (hôtellerie) et de l'industrie, accessoirement de crédits immobiliers et de consommation aux particuliers.
Les autoentrepreneurs, micros et petites entreprises si indispensables à la vie de quartier ou de territoire, ni même la plupart des moyennes unités tournées vers le marché national ne disposent ni de la notoriété, ni de la réputation, ni encore moins de recommandations qui leur permettraient de franchir les « barrières invisibles » de l'examen et l'évaluation de leur demande de prêt de soutien. Ici comme ailleurs la « Nesbah » joue un rôle considérable !
Si les autorités ne mettent pas bon ordre à ces pratiques sélectives injustifiées, il y a fort à parier que de trop nombreuses demandes d'accès à des crédits d'urgence soient rejetées. Seuls donc les « initiés » précédés de leur « Nesbah » et disposant d'experts comptables et d'avocats seront en mesure d'obtenir ces soutiens !
En dépit d'une réelle rentabilité, le système bancaire (et ses affidés du leasing) est fragile. Il n'est pas à l'abri d'incidents (risques d'impayés, de contrepartie) qui le mettraient de nouveau en grand péril. Pour faire face à la possible recrudescence de ces risques les banques doivent avoir plus largement la facilité de se re-financer auprès du préteur en dernière instance. L'institution émettrice doit ouvrir plus largement les vannes.
Plus facile à dire qu'à faire, convenons-en ! Mais après tout, elle aussi doit prendre des risques, et abandonner le temps qu'il faut ses pratiques « convenues » d'une redoutable inefficacité et impuissance en cette circonstance. Il en va strictement de même pour le ministère des Finances. Il ne suffit pas d'exalter et d'encenser le secteur privé « comme la cheville ouvrière du développement », encore faut-il en assurer la pérennité. La survie des TPME ne dépend pas de mesures de report (l'essentiel des 2,5 Md DT) mais de la disponibilité de « liquidités immédiates » qui soulagent les besoins en trésorerie et fluidifient les échanges.
Car tout de même et force est de constater que seuls 40% des mesures de sauvetage sont des apports nets de liquidités quand tout le reste est de l'ordre de jeux d'écriture. Le ministère des finances ne paraît pas empressé de proposer, non pas une loi de finances complémentaire, mais bel et bien une loi de finances corrective et totalement refondue pour les 8 mois restants de l'année. Le silence est pour l'heure assourdissant. Pas l'ombre d'une proposition, pas la moindre réorientation en vue!
Du haut de sa superbe, la BCT continue à expliquer que son rôle est la stabilité monétaire et des changes et sa priorité à la lutte contre l'inflation ! On croit rêver. Mais il est tout aussi vrai, qu'elle honorera la signature souveraine en remboursant l'intégralité de l'échéance 2020 (6,6 Md puis 7.6 en 2021)[1] et s'acquittera de la libération des devises en contrepartie du rapatriement de dividendes et royalties... Orthodoxie quand tu nous tiens ! Pas plus que le ministère de finances, la BCT n'a communiqué la moindre initiative autre que celle de ristourner ses propres gains de change (à l'exception de 90 MDT mis en réserve pour la construction d'un nouveau siège). Les efforts consentis sont désespérément en deçà des besoins considérables.
La BCT serait bien évidemment en droit d'affirmer qu'elle ne peut à elle seule éponger l'encours croissant de créances impayées : près de 8 Md en 2018 et près de 9 Md en 2019! Un argument qui se justifierait pleinement en période ordinaire. Alors que faire ?
Une fois n'est pas coutume, toute la communauté des économistes s'accordent pour affirmer que ce ne sont pas 2,5 Md DT dont a besoin de pays mais bien 4 à 5 fois plus !
La BCT pourrait sans doute envisager d'augmenter la masse monétaire, sans mettre en péril sa réserve de change. Une journée d'importation correspond à 170 M DT! Elle dispose d'un « trésor de guerre » de 131 jours (22,3 Md DT) soit beaucoup qu'il n'en faut; la norme moyenne internationale étant autour de 60 à 75 jours! Un calcul simpliste de coin de table, admettons-le, permettrait de dégager un montant approchant les 10 Md DT. Quoiqu'il en soit, en rester au respect des règles de la doxa libérale est proprement suicidaire.
Il est grand temps de sortir des sentiers battus. Le temps n'est pas à celui des réformes douloureuses et aux restrictions budgétaires, mais bien le temps de l'audace pour sauver le pays
A bon entendeur !
Hadi Sraieb, Docteur d'Etat en économie du développement.
[1] ITCEQ, "Une dette publique préoccupante: Que faire?", Mars 2020.
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