Alors que l'Algérie s'énerve, fulmine et menace suite au décès de ses trois ressortissants, qu'il attribue aux troupes marocaines opérant au Sahara occidental, du côté du Maroc c'est silence radio. Ou presque. Rabat a laissé filer plus de 24 heures, et n'a évoqué qu'hier l'affaire, à l'occasion de la réunion hebdomadaire du Conseil du gouvernement. Le porte-parole officiel du gouvernement marocain s'est contenté d'un très bref communiqué et insipide : le Maroc s'en tient à «un respect scrupuleux des principes de bon voisinage avec tous». C'est tout. Rabat n'apporte aucun éclairage sur les événements, très graves du reste. Encore moins des excuses ou une intention affichée d'enquêter et éventuellement punir les coupables de cette bévue. Rien du côté marocain pour calmer la colère algérienne. C'est comme si l'escalade qui se profile, avec le risque patent d'un face-à-face armé, ne secoue même pas les autorités marocaines. Incompréhensible. Et surtout très dangereux au regard du conflit entre les deux pays depuis des décennies et au regard de la poudrière sur laquelle sont assises les deux nations, avec tous ces groupes djihadistes qui rôdent autour et pourraient profiter de la situation. En lieu et place d'une explication et bonne et due forme que les Algériens pourraient avaliser, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Petsas, s'est arrêté sur la décision de stopper le transit du gaz par le Maroc pour alimenter l'Espagne. : «Le gaz algérien n'est pas destiné aux usages des citoyens, mais plutôt une partie de celui-ci pour la production d'électricité. Le non-renouvellement du contrat n'a aucun effet sur la production d'électricité, et son prix n'augmentera pas". Il a qualifié l'impact de cette décision de "très faible, voire inexistant". Voilà, on en est là : Une guerre des mots alors que la vraie guerre guette. Si les choses venaient à dégénérer, on ne pourra pas éluder la responsabilité du Maroc, qui n'aura même pas daigné réagir à la hauteur de la colère de l'Algérie sur une affaire au moins aussi importante que le dossier du gazoduc. Le roi du Maroc, Mohammed VI, n'a pas pipé mot sur cet incident sanglant, alors que sa parole aurait pesé, et peut-être même aurait fait baisser la tension. Ni les Algériens ni les observateurs ne comprennent le mutisme de l'homme qui décide de tout au royaume chérifien. Son silence est intenable. Si le roi continue d'ignorer royalement l'indignation algérienne, il devra en assumer les conséquences…
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