Dimanche 12 septembre 2022, l'UGTT a accepté de signer l'accord d'augmentation des salaires des fonctionnaires sur la base des propositions convenues avec le gouvernement de Najla Bouden, après un marathon de négociations au cours desquelles la centrale syndicale a revendiqué la nécessité de sauvegarder le pouvoir d'achat des fonctionnaires érodé par l'inflation. Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a annoncé, à l'issue de la réunion de l'organe administratif de l'Union, que l'accord définitif sera approuvé lors de la prochaine réunion avec le gouvernement, en mettant les dernières touches qui conduiront à la mise en œuvre des points convenus. Les augmentations attendues sont encore secrètes Taboubi a déclaré aux médias, que les prochains jours seront décisifs pour la signature de l'accord final, évitant de révéler la valeur des augmentations attendues. Il a souligné qu'il s'agit « de sauver une nation entière des difficultés économiques et sociales », notant que la sauvegarde du pouvoir d'achat concernera les salariés actifs et les retraités, ainsi que les classes vulnérables. Il est à noter, à ce niveau, que le taux d'inflation en Tunisie, au cours du mois d'août, a atteint 8,6%, après avoir été de l'ordre de 8,2% en juillet, alors que les acteurs économiques s'attendaient à ce que l'inflation atteigne les deux chiffres d'ici la fin de cette année. D'un autre côté, plus de 680 000 Tunisiens travaillant dans le secteur public attendent l'issue de ces négociations. Le taux de l'augmentation des salaires sera déterminé en fonction du taux d'inflation et de la capacité du gouvernement à fournir des fonds. Les dépenses salariales en Tunisie ont atteint un niveau record en 2022, culminant à environ 15,6% du PIB, contre 10% en 2010, ce qui a réduit les ressources allouées au développement et limité la capacité du budget à stimuler l'investissement public. D'autre part, le gouvernement s'est efforcé d'éviter tout accord ayant un impact financier sur le budget, qui souffre d'un déficit record de plus de 9%, conformément aux recommandations des institutions financières créancières, qui exhorte les autorités à réduire la masse salariale de 15 % du PIB à moins de 12 %. Le rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie, publié récemment, a révélé que le niveau du déficit budgétaire de l'Etat par rapport au produit intérieur brut reste préoccupant, compte tenu de l'ampleur des dépenses incompressibles et de la croissance atone. Le rapport indique que le financement d'un tel déficit pose de réels défis, notant que la dette publique a augmenté d'environ 10,5 milliards de dinars, dont près de 9 milliards de dinars de source interne, avec le recours croissant au financement bancaire. La ministre des Finances, a déclaré que le gouvernement s'apprêtait à revoir les salaires des fonctionnaires et les employés du secteur public, dans le cadre d'un package de réformes économiques annoncées par le gouvernement. Réformes nécessaires Selon les données officielles, le nombre d'employés publics jusqu'en 2021 est d'environ 661,7 mille, avec une masse salariale annuelle totale de 20,3 milliards de dinars, soit environ 35% du budget. Au début de cette année, le représentant du Fonds monétaire international en Tunisie, a déclaré que la Tunisie, « qui cherche à obtenir des sources de financement internationales, doit mener des réformes très profondes, notamment en réduisant la taille du secteur public secteur, qui a atteint l'un des niveaux les plus élevés au monde ». La ministre des Finances a indiqué que « les réformes que la Tunisie mènera ne seront pas faites en réponse aux exigences du Fonds monétaire international puisque le gouvernement s'est engagé de son propre gré à garantir toutes les dépenses et dettes qui lui sont dus ». Et elle a ajouté : « Le gouvernement travaille également à réformer le système fiscal et financier, à digitaliser les services fiscaux en améliorant leur capacité à collecter les ressources fiscales et à établir un système d'imposition juste et transparent ». Rappelons qu'un document annexe de la loi de finances 2022 qui explique et détaille toutes les réformes envisagées d'ici à 2026 pour sortir la Tunisie de ses crises économiques et financières a prévu la maîtrise de la masse salariale et la restructuration de la fonction publique, Le programme englobe plusieurs axes dont principalement la rationalisation des augmentations salariales, des recrutements et leur limitation aux secteurs prioritaires outre la réduction du nombre des fonctionnaires publics à travers un nouveau programme de départ à la retraite anticipée. Un autre axe vise l'amélioration du système de salaires dans la fonction publique, par le renforcement du programme de mobilité professionnelle à l'intérieur du secteur public et entre les secteurs public et privé. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!