On dira que c'est le baroud d'honneur des Européens, tout ce qui leur reste pour peser sur la trajectoire de la guerre en Ukraine, laquelle se joue en Arabie saoudite, sans l'Europe alors qu'elle a dépensé plus que les USA pour que Kiev ne sombre pas. Les ambassadeurs des 27 Etats-membre de l'Union européenne (UE) ont validé ce mercredi 19 février une nouvelle batterie de sanctions contre la Russie, la seizième… L'UE frappe là où ça fait mal Ce tour de vis englobe entre autres une interdiction d'importer de l'aluminium russe dans l'UE, ont fait savoir des diplomates à Bruxelles. Ces nouvelles sanctions, qui doivent être officialisées lundi prochain par les ministres des Affaires étrangères de l'UE, frappent aussi les exportations de pétrole russe, qui perdurent, rappelons-le, notamment avec le français Total et le britannique Shell. Les sanctions économiques il en a été question hier mardi 18 février en Arabie saoudite, entre le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio et son homologue russe, Sergueï Lavrov. Washington s'est dit que cette carotte convaincra Poutine, complètement rincé par sa guerre, que la planche de salut est dans les concessions territoriales… Et c'est ça qui enclenchera tout le reste : la fin du conflit et les garanties de sécurité – "les soldats de la Paix" européens -, pour que le président Volodymyr Zelensky lâche les terres rares (une valeur de 500 milliards de dollars tout de même) que convoite la Maison Blanche. Les Européens n'ont pas ces considérations utilitaristes, matérialistes très "trumpiennes", pour eux la Russie reste infréquentable, après les centaines de milliers de morts qu'il a causés, chez lui, en Ukraine, en Syrie et ailleurs. Pour l'UE Moscou demeure un danger pour tout le continent et il faut absolument l'affaiblir durablement pour qu'il ne puisse plus refaire ailleurs ce qu'il a fait aux Ukrainiens. Européens et Américains (qui sont à plus de 8000 kilomètres de Poutine) ne sont pas sur la même ligne pour le moment, ils ne peuvent pas voir les choses de la même façon. C'est tout le sens du seizième «paquet» de sanctions. L'ami de Poutine finira par plier avec un gros chèque, comme d'habitude Cette décision devrait être validée ce lundi 24 février par les 27 ministres des Affaires étrangères de l'UE, pour marquer le troisième et funeste anniversaire de l'invasion de l'Ukraine. Les hydrocarbures russes continuent de se vendre sur le marché européen et ailleurs en passant par des voies clandestines très complexes, les Européens veulent frapper cette manne qui permet au Kremlin de financer sa guerre. On verra lundi ce que fera l'émissaire du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, un ami de Poutine, et il le dit haut et fort. Le président français, Emmanuel Macron, ne l'a pas invité à la première réunion de Paris sur l'Ukraine et la Défense européenne. Paris craignait qu'Orban, qui est aussi un partisan de Trump, parasite les débats. Macron n'avait pas tort car après la rencontre il a accusé les Européens de torpiller la Paix en Ukraine. Dans la tête d'Orban Kiev doit capituler devant Moscou pour qu'on en finisse, mais les Européens savent que ça n'arrêtera Poutine que le temps de se requinquer. En janvier dernier le Premier ministre hongrois s'était fermement opposé à la reconduction des sanctions actuelles, il se disait que Trump enjamberait l'UE pour lever les sanctions. C'est ce que Rubio a laissé entendre à Riyad et il l'a dit suffisamment fort pour que Lavrov reparte avec le sourire. Washington ne peut pas vendre à Moscou ce qu'il n'a pas… Le président Zelensky lui a refusé d'aller en Arabie saoudite ce mercredi pour rencontrer le secrétaire d'Etat, il savait qu'on allait lui tordre le bras. Kiev a posé comme condition la participation des Européens et de la Turquie pour négocier quoi que ce soit. Et d'ailleurs le président turc, qui a reçu son homologue ukrainien hier mardi, est d'avis que son pays est le meilleur endroit pour accueillir des négociations, comme en juillet 2022. Les Européens, officiellement, en restent à leur ligne et c'est tout en leur honneur : il faut faire en sorte que Kiev soit outillé le maximum pour entamer dans les meilleures dispositions les négociations. Moscou, dont les hydrocarbures inondaient l'Europe, rêve de voir cette dernière enterrer les sanctions. Rubio est conscient du poids des Européens sur la balance et il sait qu'il devra les associer aux négociations pour arracher un Traité de paix crédible. Quant à Orban, c'est un problème que ses pairs européens pourront facilement régler. Il s'est toujours systématiquement opposé à tout ce qui touche la Russie, mais à chaque fois il finit par plier en échange de quelques milliards d'euros. C'est le sésame pour l'adhésion de Budapest. Il finit toujours par faire des infidélités à Poutine si on y met le prix. Le Kremlin ne peut pas lui donner ce que Bruxelles lui verse…
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