* Réviser, immédiatement, la composition de l'instance * Renforcer la présence de la femme au sein de l'instance TUNIS, 17 mars 2011 (TAP) - La majorité des intervenants à la première réunion du Conseil de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la Transition démocratique, ont dénoncé «l'unilatéralisme» ayant marqué le mode de désignation des membres de l'instance qui s'est déroulée sans concertation ni dialogue avec les différentes composantes de la société civile. Ils ont, également, critiqué la mise à l'écart et l'exclusion de parties influentes dans la Révolution tunisienne, dont le Conseil de la protection de la révolution, des partis et associations non reconnus par la loi, les jeunes sit-inneurs de la Kasbah et les représentants des régions de l'intérieur. Les intervenants ont appelé à suspendre cette réunion qui, ont-ils affirmé, est dépourvue de "transparence et de responsabilité" et reflète "les tentatives de certaines parties de détenir exclusivement la compétence de façonner les contours de l'avenir du pays", selon l'expression de M. Noureddine Béhiri, représentant du Mouvement "Ennahdha". Ils se sont interrogés, également, sur les conditions et les critères retenus pour la désignation des personnalités nationales au sein de cette structure, qualifiée par certains intervenants de «catégorielle» et de «non-consensuelle» et en rupture avec les objectifs de la Révolution et l'intérêt du pays. Ils ont indiqué que les critères et les conditions retenus pour le choix des membres de ladite instance manquent d'«objectivité» et consacrent la politique du «fait accompli». C'est dans cette optique que Me. Samir Dilou, membre de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP) a souligné que la composition de l'instance "ne représente pas le peuple tunisien". Selon M. Mongi Ellouz, cette composition «souffre d'insuffisances et est diamétralement opposée avec l'esprit de la Révolution et les valeurs de démocratie et de pluralisme, tant revendiquées par le peuple, dans la mesure où elle privilégie les personnalités indépendantes sur les partis politiques». Les intervenants ont proposé de définir de nouveaux critères, en concertation avec toutes les parties politiques et sociales pour déterminer la composition des instances nationales supérieures, appelant à «assainir» l'instance de tous les partisans du régime déchu et «de tous ceux qui ont exhorté Ben Ali à se porter candidat à l'élection de 2014», selon les propos de M. Omar Mestiri, du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT). Par ailleurs, ils ont exprimé leurs craintes que cette instance soit confisquée et transformée, comme l'a indiqué M. Ahmed Rahmouni, de l'Association des Magistrats Tunisiens (ATM), «en vitrine pour embellir et faire passer des politiques confectionnées en dehors de l'instance. Il s'agit, également, a-t-il ajouté, des craintes que cette structure parle à souhait et le Gouvernement agit à son gré, ce qui risque de la dévier de son rôle en tant que structure réformatrice», réaffirmant l'impératif de réviser, immédiatement, la composition de l'instance afin d'éviter un retour de la protesta. Mme Ahlem Belhaj, parmi les personnalités nationales, a, pour sa part, proposé de renforcer la présence de la femme au sein de l'instance pour qu'elle mette sur un pied d'égalité avec l'homme. Pour M. Moncef Yaakoubi, de l'Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT), «la jeunesse est la force motrice de la Révolution et de la réforme», se déclarant surpris que les jeunes des régions de l'intérieur soient mis à l'écart de la composition de l'instance, position qui a été amplement partagée par M. Mokhtar Trifi, président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) qui a déclaré: «Les jeunes des régions sont ceux qui ont fait jaillir la première étincelle de la Révolution et se sont engagés à la protéger contre les dérapages à travers le sit-in de La Kasbah». Plusieurs intervenants ont proposé de renforcer la représentativité des régions de l'intérieur, au sein de l'instance en question, d'instituer le principe de la «discrimination positive», en faveur des régions les moins favorisées, et de garantir la présence de représentants de l'Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET), de l'Association Tunisienne des diplômés et des chômeurs, des bloggeurs, et des jeunes artistes ainsi que de tous ceux qui ont été écartés tout au long de la période du régime déchu. D'autres intervenants se sont interrogés sur la raison de la forte représentation de certains partis au détriment d'autres, alors que certains indépendants ont mis l'accent sur la nécessité de mettre fin à la campagne de provocations menée par les représentants des partis politiques contre eux, dans la mesure où l'absence de confiance et l'atmosphère de tension sont de nature à entraver l'activité de l'instance. Dans ce même contexte, M. Abdelaziz M'zoughi, personnalité indépendante, a souligné que «la Révolution n'a pas été dirigée par un parti, une région ou une partie quelconque, mais il s'agit bel et bien d'une révolution spontanée menée par le Peuple Tunisien». Plusieurs autres intervenants ont mis en relief la nécessité d'instaurer un "état de concordance et de consensus politique" entre les différentes parties au sein de l'instance, ce qui exige, ont-ils dit, de respecter l'opinion opposée, de faire des certaines concessions et de ne pas adopter un caractère opiniâtre, l'objectif étant de servir l'intérêt supérieur de la Nation et de contribuer à la réussite de la transition démocratique.