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Faire prévaloir l'intérêt supérieur du peuple tunisien
Mebazaâ ouvre la réunion de l'instance supérieure pour la protection de la révolution
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 03 - 2011

Le président de la République par intérim, M. Foued Mebazaâ, a indiqué que ce qui a été réalisé par le peuple tunisien, le 14 janvier 2011, a été "une grande réalisation historique". Il a souligné que la valeur de ce qui a été accompli et sa pérennité en tant qu'étape charnière dans l'histoire du pays et de toute la région sont tributaires de la capacité de tous à réaliser la transition démocratique pacifique et d'établir un modèle de société équilibrée garantissant les droits de tous et l'égalité entre l'homme et la femme, concrétisant une justice sociale effective et assurant une alternance fluide et pacifique du pouvoir.
Le président de la République par intérim a souligné, en ouvrant, hier après-midi, à Tunis, la réunion de l'Instance supérieure pour la protection de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, que la mission de l'avant-garde et de l'élite de la Tunisie, aujourd'hui, est considérée comme décisive et délicate, ce qui exige de faire prévaloir l'intérêt supérieur du pays et de s'imprégner des qualités patriotiques, afin de tracer les contours des nouveaux projets, que ce soit en ce qui concerne le système d'élection de l'Assemblée nationale constituante, du système des partis et de leur financement, de la presse et de l'information, ou toute autre condition nécessaire pour la réalisation de la transition démocratique espérée dans les meilleures conditions.
Il a indiqué que l'Etat, qui appuie les membres du conseil de l'instance supérieure dans leur mission "historique" veille à l'indépendance de leur action et à ne pas intervenir dans leurs délibérations, comme elle s'abstiendra de toute "orientation ou influence de leurs travaux".
M. Foued Mebazaâ a, d'autre part, insisté sur la nécessité pour les législations de transition du pays, dont la préparation a été confiée à cette instance, de "refléter le plus large accord possible, rapprocher autant que possible entre les différentes visions et orientations, et favoriser les solutions concertées et conciliatrices, afin que tout le monde contribue à cette étape importante et délicate de l'histoire de la Tunisie".
Il a fait part de sa conviction que tous les membres de l'instance vont faire preuve, dans cette conjoncture spéciale, d'un esprit patriotique et d'un sens élevé de responsabilité, tout en "faisant prévaloir l'intérêt supérieur du peuple tunisien", par fidélité à "sa révolution contre la tyrannie, la dictature et la corruption". Il a, dans ce sens, émis l'espoir que les membres de l'instance puissent trouver les meilleurs choix pour garantir l'élaboration de textes répondant aux attentes des Tunisiens pour la réalisation d'une vraie transition démocratique, que cette action se déroule en faisant prévaloir l'intérêt de la patrie sur toute autre considération partisane ou personnelle, en raison de son importance, et que les solutions et les choix soient pris, autant que possible, dans le cadre de la concorde entre eux.
Le président de la République par intérim a salué le travail réalisé par la commission de la réforme politique qui a commencé, avec l'ensemble de ses experts, à tracer les contours des premières hypothèses pour refléter dans la législation la transition démocratique. Il a relevé que la commission a ouvert "un large horizon et démenti les allégations propagées par certains sur des prétendues obstructions des horizons juridiques et de vide institutionnel devant les Tunisiens".
Faux départ⇣et débat à boulets rouges
L'ouverture des travaux de la première réunion du Comité supérieur pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique par M.Foued Mebazaâ, président de la République par intérim, n'a pas réussi à calmer les ardeurs des membres du Comité qui ont tiré à boulets rouges sur la méthode employée pour la désignation des membres du Comité, la qualifiant «d'archaïque, non fondée sur le principe de la concertation parmi les acteurs politiques et les activistes de la société civile».
Pourtant, M. Iyadh Ben Achour, président du Comité supérieur pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique, s'est escrimé à expliquer les prérogatives de ce conseil et a reconnu que sa composition n'est pas définitive et qu 'elle reste ouverte à tous ceux qui désirent y participer parmi les forces politiques, les personnalités et les représentants des jeunes, notamment ceux du sit-in de la Kasbah, avec lesquels «il était difficile d'établir le contact». Il n'empêche, loin, d'être harmonieuse, la mosaïque que reflétait le comité composé de partis politiques, de composantes de la société civile et de personnalités indépendantes, a vite enrayé le cours normal de l'ordre du jour, donnant à cette réunion une autre direction, celle des joutes oratoires et ronces inextricables du débat politique.
En effet, distribution de tracts, manifestation devant le siège du Conseil économique et social, là où se tenait la réunion, auguraient déjà des signes de frémissement politique qui allait accompagner cette réunion houleuse.
C'est Chokri Belaïd, représentant du Mouvement des patriotes démocrates; qui a donné le ton. «Nous ne voulons pas être un miroir aux alouettes», a-t-il lancé à l'assistance. Il a déploré l'absence d'une volonté politique réelle pour aboutir à un consensus national à même de convenir aux aspirations du peuple et des objectifs de sa Révolution. Appelant au report de cette réunion jusqu'à parachever les conditions idoines, Chokri Belaïd s'est retiré de la salle en signe de boycott.
Prenant à son tour la parole, Noureddine Bhiri du Mouvement Ennahdha, a exprimé son étonnement quant à la composition du comité, dénonçant une présence démesurée d'un parti (Ndlr : Ettajdid) qui risque de faire main basse, a-t-il affirmé, par le biais de sa présence en tant que parti et par d'autres personnalités de même sensiblité, sur l'issue des travaux de ce comité.
Il a par ailleurs appelé à la levée de la séance et recommandé de renvoyer la liste des membres du comité au Premier ministre pour sa révision.
Lui emboitant le pas, Samir Dilou (Ennahdha), qui a pointé du doigt un flagrant déséquilibre dans la composition de ce comité, a signalé que le nombre des personnalités est quatre fois supérieur aux représentants des partis. Dans le même sillage, Mongi Ellouze (PDP) a ajouté que les anomalies dans la composition de ce comité concernent aussi l'absence de représentants des régions et des jeunes.
Quant à Omar Mestiri (Cnlt), qui a demandé l'exclusion immédiate des personnes qui ont soutenu le régime du président déchu et dont quelques-uns font partie des membres de ce comité, il a menacé de les dénoncer au cas où la liste ne serait pas révisée.
Le poids des indépendants
Sur un autre plan, Abdelaziz Mezoughi (indépendant), a averti les membres du comité de ne pas sous-estimer les indépendants. «Nous aussi nous avons notre poids dans la rue et nous sommes capables de mobiliser des milliers de personnes», a-t-il asséné. Maître Mzoughi, qui a dénoncé les agissements de certains partis politiques qui veulent «contrôler» ce comité, a indiqué que le poids politique de ces partis ne représente que 10% du peuple tunisien. Il a, à cet égard, rappelé que certains partis politiques qui prétendent être les hérauts de cette révolution avaient signé le Pacte national en 1988 en présence de Ben Ali. «D'autres ont accepté des postes consulaires sous l'ancien régime», a-t-il rétorqué. Cependant, il estime qu'il faut trouver la formule adéquate pour rester dans un cadre consensuel et civique, qui barrerait la route à tous ceux qui voudraient entraîner le peuple dans la spirale du vide constitutionnel, du chaos et de la violence.
En tant que juriste, Ahmed Rahmouni (président de l'Association des magistrats) a apporté quelques réserves de fond à propos de quelques articles du projet du décret de loi portant sur la Constitution du comité et ses prérogatives, à l'instar de l'article 7 qui porte sur l'aspect discrétionnaire des délibérations du conseil. Il a en outre recommandé d'accoucher d'un Pacte de la révolution afin de «prémunir les objectifs de la révolution contre toute tentative de détournement».
D'un autre côté, maître Ayechi Hammami a exhorté l'assistance à faire preuve de maturité politique dans cette période extrêmement délicate et ô combien importante. «Le débat politique est nécessaire , mais les enchères et l'esprit de division ne sont pas au service de la révolution», a-t-il fait remarquer. Certes, «la composition du comité suscite plusieurs interrogations, cependant on doit franchir le premier pas», a-t-il suggéré.
Cependant, les propos édulcorés de certains intervenants, n'ont pas réussi à baisser d'un cran le ton polémique qui mettait en effervescence toute la salle. A cet effet, Monef Yacoubi a continué sur la même lancée en blâmant l'absence de jeunes dans ce comité. «Les jeunes ont été la force motrice de cette révolution. Comment peut-on les négliger ?», a-t-il protesté.
Pour sa part, M. Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, qui a déploré le fait qu'il n'y ait pas eu de concertation avec les composantes de la société civile à propos de leur participation dans ce comité, a insisté sur l'importance de la présence des indépendants dans ce comité et a recommandé la révision de la composition du comité sur la base de consultations plus poussées. Il a par ailleurs exprimé son désaveu de la manière dont le comité entend mener ses travaux. «Nous ne voulons pas être des figurants auxquels on soumet des textes préparés par le comité des experts. Ce comité doit être le laboratoire d'idées d'où émanent les projets» assène M.Mokhtar Trifi.
Grogne féminine
Mais la grogne monte aussi du côté de la gent féminine qui exige le droit à la parité dans la représentativité de ce comité. «La femme aussi a participé et a donné des martyrs», tonne Ahlem Belhaj, qui exige une présence plus conséquente de la femme dans ce comité.
Zeineb Farhat, a quant à elle souligné l'importance de la présence des hommes de lettres et des arts dans ce comité. «Il n' y a pas que les personnalités politiques qui ont le droit de cité dans une révolution. Les artistes, les hommes de culture ont joué un grand rôle et ont toujours milité pour la liberté sous le régime de Bourguiba et de Ben Ali» a-t-elle fait observer.
Maître Lazhar Akremi, a pour sa part proposé un scénario pour sortir de la crise dans laquelle s'est trouvé englué le comité. En effet, pour tracer des solutions aux problèmes évoqués, «on pourrait porter jusqu'à 150 le nombre des membres afin d'inclure des jeunes, des femmes, des représentants des régions ainsi que les partis et les organisations ou les personnalités qu'on devrait inviter à nous rejoindre», a-t-il proposé.
Spécialiste de la transition démocratique, Mohsen Marzouk, qui a mis en exergue la crise de confiance qui règne au sein de ce comité, a souligné l'importance d'un processus de transition démocratique dans les révolutions pour mener à bon port les objectifs de la révolution. «Sommes-nous capables de jouer ce rôle?» s'est-il demandé. Il a à cet effet préconisé la mise en place d'une charte d'engagement démocratique nationale, qui baliserait la voie, par le biais de garanties claires et fortes, à une Constitution démocratique, garante des libertés individuelles et publiques et exprimant les valeurs et les principes de la révolution de la liberté, de la justice sociale et de la dignité pour tous les Tunisiens.
A fur et à mesure que le débat avançait, les critiques fusaient de partout sur fond de débat parfois idéologique. Les frères ennemis qui se sont ligués à un certain moment contre le despotisme de Ben Ali renouaient avec les clivages idéologiques d'antan. Fini les belles paroles et la politesse politique. L'on n'hésite plus à se tirer dans les pattes. Courroucés, certains riposteront même par des mots assassins.
Rectifier le tir
Difficile de prendre le taureau par les cornes pour un président du comité déjà exténué par le volume de travail qu'il a dû fournir avant de réunir un tel parterre. Prononçant le mot de la fin, le président du Comité supérieur pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique, a jugé pertinentes toutes les remarques et a retenu le principe du report de la réunion sans toutefois en bloquer les travaux. Il a à cet effet proposé de constituer une sous-commission chargée de contacter les personnalités, les jeunes, les représentants régionaux ainsi que les membres des partis non représentés, et ce, en vue de remédier aux lacunes avérées de l'actuel comité. Il a beau expliquer que le pari est l'organisation des élections de l'Assemblée nationale constituante dans les délais impartis. Il a beau rappeler que cette demande émane d'une volonté populaire que le gouvernement a avalisée sous la pression de la rue, il n'empêche, la confusion règne dans la salle et chacun réclame un acte de présence dans la sous-commission proposée pour entamer des négociations avec les parties absentes ou négligées par le comité.
Pour atténuer cette cohue, M. Iyadh Ben Achour se retire du podium et quitte la salle pour un moment. Il reviendra avec une autre décision: report de la réunion à mardi prochain. En attendant, il se chargera lui-même de transmettre aux autorités les revendications des membres du comité et signalera toutes les anomalies relevées afin qu'ils repensent de façon plus attentive la composition du comité et de leur donner le temps de se concerter avec toutes les parties.
L'ordre du jour a été donc remis à la prochaine réunion qui se tiendra le 22 mars et sera consacrée à la présentation du décret n°6 en date du 15/02/2011, à la désignation d'un vice-président, d'un rapporteur général et la nomination d'un porte-parole du comité. Ensuite, il sera procédé à la présentation du comité des experts et des sous-commissions avant d'entamer l'examen du projet de loi relatif à l'élection des membres de l'Assemblée nationale constituante.
La séance fut levée à une heure tardive. Tous les membres repartent les pieds plombés. Dehors, quelques manifestants brandissaient encore des pancartes sur lesquells on pouvait lire : «Où sont les jeunes de la Kasbah ?» ou encore «Où sont les jeunes des régions ?». Faux départ du comité? Il est encore temps de rectifier le tir, selon les plus optimistes.
Compte rendu de Chokri BEN NESSIR


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