TUNIS, 22 mars 2011 (TAP) - Les sit-in et mouvements de protestation se sont poursuivis mardi avec la mobilisation de plusieurs groupes de manifestants venus, des différentes régions du pays, présenter leurs revendications sur la place de la Kasbah, devenue le lieu de rendez-vous privilégié de divers mouvements sociaux et politiques. Un groupe de jeunes journalistes en chômage a ainsi observé un sit-in ouvert pour revendiquer le droit au travail et d'être associé aux réformes du secteur des médias. Ils ont brandi des banderoles présentant leurs demandes principales, notamment le droit à l'emploi, et réclamant l'examen des demandes de lancement de chaînes radiotélévisées afin de contribuer à résorber le chômage des diplômés du journalisme. Diplômés de l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information (IPSI), les jeunes journalistes ont déploré la marginalisation des médias régionaux au moment où les diplômés des zones de l'intérieur du pays sont condamnés au chômage forcé. Ils ont appelé à une relance de la presse régionale et se sont prononcés contre le cumul de fonctions et le recrutement anarchique dans les organes de presse. "Je me suis contentée d'une place de collaboratrice durant les dernières années dans nombre d'organes de presse électronique et écrite ainsi que d'agences de publicité avant d'être contrainte à quitter, à chaque fois, mon emploi faute de titularisation", s'est plainte Najoua Hammami, de la promotion 2007 de l'IPSI, à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP). La place de la Kasbah connaît depuis samedi également un sit-in de tunisiens rapatriés de Libye qui exigent leur intégration dans le circuit économique et s'interrogent sur le sort des tunisiens portés disparus en Libye. Un des protestataires a émis le souhait des rapatriés de Libye de bénéficier d'une prime d'urgence et d'ouvrir des perspectives d'emploi à ces citoyens tunisiens venus des différentes régions du pays, déplorant le fait qu'ils "n'aient pas trouvé d'oreille attentive à leurs doléances légitimes". Plusieurs banderoles ont été affichées par les protestataires, soulignant notamment que "les rapatriés de Libye sont les fils de la nation" ou "En Libye nous étions lésés, en Tunisie frustrés, mais nous resterons toujours libres". Devant le siège du ministère de la Défense, mitoyen de la place de la Kasbah, un autre groupe de familles de victimes de l'immigration clandestine s'est rassemblé pour demander d'accélérer les opérations de repêchage des corps des victimes des naufrages en méditerranée. Ce groupe composé de femmes, d'hommes et d'enfants a tenté en vain de forcer l'entrée du siège du ministère. Ils brandissaient les portraits de leurs proches, victimes ou disparus dans des opérations clandestines de débarquement sur la rive nord de la Méditerranée, ainsi que les affiches : "Pas de retour avant de connaître le sort de nos martyrs morts noyés", "Ne nous privez pas du droit à l'enterrement de nos fils" ou "sit-in continu jusqu'au retour des disparus".