LE BARDO, 2 avr 2011 (TAP)- "Le premier ministre au sein du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, approuvera, lundi prochain, la composition finale du conseil de l'instance" a affirmé M. Yadh Ben Achour, président de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, au cours de la réunion du conseil de l'instance tenue, vendredi après-midi, au Bardo. Les intervenants ont souligné, lors de cette réunion, consacrée à l'examen d'un nombre de questions d'ordre général, la nécessité de délimiter les missions dévolues au conseil et de clarifier sa relation avec le gouvernement, s'interrogeant si la loi leur confère le la possibilité d'intervenir effectivement dans la composition du gouvernement. M. Belgacem Abbassi a fait observer que le gouvernement est loin d'être conscient de l'ampleur de la responsabilité qui lui incombe, appelant le premier ministre intérimaire à rétablir la confiance entre le gouvernement provisoire et les citoyens, et à prendre en considération l'échelle des priorités dans le traitement des dossiers de l'heure dont, en premier lieu, la sécurité et l'emploi. A la question de la nomination des membres du gouvernement, qui a suscité l'intérêt de la plupart des membres du conseil, M. Béji Caïd Essebsi a rejeté l'idée revendiquant une quelconque participation à la question des nominations, relevant qu'il s'agit bien d'une attribution relevant de sa propre compétence. Les intervenants ont souligné que leur objection à l'égard de la question des nominations ne concerne pas la nomination en elle-même mais plutôt la personne désignée à la tête d'un ministère de souveraineté, tel que le ministère de l'Intérieur alors qu'il s'agit bien de l'un des symboles de l'ancien régime, rappelant que l'objectif principal de la révolution du 14 janvier demeure celui de rompre avec le régime déchu. Et Bayram Bel Aïfa de revendiquer le limogeage du nouveau ministre de l'Intérieur, d'ouvrir le dossier du ministère de l'Intérieur et de demander des comptes aux responsables qui ont été contraints de partir à la retraite anticipée. Sur un autre plan, les intervenants ont évoqué la question de l'indépendance de la magistrature, mettant l'accent sur la nécessité de faire en sorte que ce secteur soit neutre et à l'abri des influences politiques. Il ont également soulevé la question de la lenteur dans l'instauration de la justice transitionnelle et la réticence à l'égard de tous ceux qui ont été condamnés dans des affaires de corruption et de malversation ou parmi ceux qui ont commis des dépassements et des violations contre des manifestants et des sit-inneurs durant les premiers jours de la révolution. Pour sa part, M. Ahmed Rahmouni a souligné, à ce propos, que la réforme des différentes institutions de l'Etat passe inéluctablement par la réforme du corps judiciaire et son épuration de tous ceux qui sont impliqués dans des violations, relevant que le flou et le dysfonctionnement continuent de planer sur le secteur de la magistrature, tant au niveau de son activité, que du traitement des dossiers en suspens. Il est à noter qu'une polémique existe encore au sein du conseil sur la composition de l'Instance et sur l'exclusion de plusieurs parties. Dans ce contexte, M. Zouheir Makhlouf a appelé à représenter davantage les associations des Tunisiens à l'étranger, alors que M. Karim Derouiche a mis en relief la nécessité d'impliquer les jeunes dans ce conseil. Pour sa part, Sahbi Atig a considéré que la loi relative à l'amnistie n'est pas encore appliquée de manière effective, appelant à réaffecter les personnes révoquées de leurs postes sur la base de leurs appartenances idéologiques et politiques. Le dossier de l'information avait suscité l'intérêt de plusieurs intervenants qui ont insisté sur la nécessité de veiller à ce qu'il soit neutre et à identifier des mécanismes et des stratégies efficaces à même de le réformer. Intervenant sur le sujet, Néjiba Hamrouni a fait allusion aux énormes pressions exercées, des décennies durant, sur les journalistes, soulignant que la réforme du secteur commande impérativement d'assainir les établissements médiatiques nationaux des pratiques du régime déchu. Plusieurs membres se sont interrogés sur les mesures décidées par le gouvernement provisoire en vue de protéger les émigrés clandestins vers l'Italie ainsi que sur la possibilité d'élaborer un pacte ou un contrat contraignant, qui recèle les principes fondamentaux pour l'institution d'une nouvelle République sur des bases démocratiques et sur le respect des libertés individuelles et publiques.