"l'émission sur Bouazizi a été faite à la demande de Ben Ali et l'invitation de Hillary Clinton dans nos studios, une récompense américaine" TUNIS, 3 Mai 2011 (TAP) - Les orientations de la chaîne Nessma TV ont suscité récemment une large polémique: Cette chaîne est-elle au service des intérêts américains dans la région? Une question qui a pris de l'ampleur après la démission du présentateur vedette des programmes politiques et son rejet des orientations de la chaîne. M. Nabil Karoui, directeur général de Nessma et responsable de sa ligne éditoriale a répondu à trois questions de l'agence TAP: Tous ceux qui ont quitté la chaîne entre journalistes et animateurs ont signalé que les orientations de Nessma TV avaient été à l'origine de leur départ. Quelles sont ces orientations à la lumière de ce qui se passe actuellement à l'échelle nationale? N.K : J'affirme que ce qu'ils avancent pour convaincre les gens que la chaîne sert des intérêts autres que ceux du peuple tunisien est en fait une tentative de cacher leur échec ou leur désaccord avec l'administration pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les orientations de la chaîne. Je tiens à souligner que nos orientations reposent sur la loyauté envers la patrie car nous aimons la Tunisie et nous ne recevons d'instructions ni des américains ni d'autres parties. Compte tenu de nos constantes, nous avons veillé à donner la parole aux différentes sensibilités politiques pour exprimer leurs positions sans pour autant taire notre méfiance à l'égard de tout parti qui ne nous parait pas convaincant comme en l'occurrence le mouvement Ennahdha. Qu'en est-il de la question "de l'incitation américaine" dans votre bras de fer contre Ben Ali durant l'émission-surprise sur Bouazizi au cours de laquelle plusieurs noms de l'opposition radicale avaient attaqué le président déchu? N.K : je considère cette accusation qui ne cesse d'être diffusée à l'intérieur et à l'extérieur comme une atteinte à ma personne et une mise en doute de mon patriotisme. Ce que tous ignorent c'est que l'émission du 30 décembre 2010 sur le décès de Bouazizi qui avait dévoilé la corruption politique, sociale et économique , avait été faite à la demande de Ben Ali lui même. Seulement, la manière de traiter le dossier avait causé du désagrément à Ben Ali qui avait menacé de me jeter en prison et de faire subir à la chaîne moult pressions. J'ai pris conscience alors que cette émission équivaudrait à un suicide collectif car j'appartiens à ce peuple étouffé quotidiennement en Tunisie. J'ai composé à petites doses avec l'ancien régime mais au moment où l'occasion s'est présentée, j'ai contribué à son départ. Sur ce point, je voudrais clarifier une chose: la chaîne ne contribue en aucune manière à l'exécution des plans américains dans la région et ni Tarak Ben Ammar ni Berlusconi n'interviennent dans notre ligne éditoriale et je défie quiconque de prétendre le contraire. Le choix de votre chaîne pour interviewer Hillary Clinton, lors de sa visite en Tunisie, dans votre local précisément, a été perçu comme une sorte de récompense, qu'en dites-vous? N.K : Je ne nie pas le fait que choisir d'inviter Clinton dans nos studios soit une récompense américaine. C'est justement une récompense pour l'émission du 30 décembre, qui a déclenché la révolution médiatique contre Ben Ali.