L'économiste Radhi Meddeb a partagé sur sa page officielle une longue analyse des répercussions économiques de la crise du Coronavirus sur le monde et sur la Tunisie accompagnée de quelques conseils pour les mesures à prendre pour minimiser les dégâts. Voilà son analyse et ses recommandations : ATTENTION AUX EFFETS ÉCONOMIQUES DU CORONAVIRUS : Le monde est en train de découvrir avec effroi les effets à venir du coronavirus. Les marchés financiers ont connu leur pire semaine depuis très longtemps. En un jour, les bourses ont détruit plus de 2500 milliards de dollars de valorisation boursière. Les économies souffrent. Des secteurs entiers: le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, les activités de loisirs et de spectacles, le transport aérien, le transport terrestre, les tours opérateurs et les agences de voyages, l'Industrie aéronautique sont sur le point d'être déclarés sinistrés. Les gouvernements anticipent et prennent des décisions préventives pour éviter que leurs économies ne souffrent encore plus avec ce que cela pourrait avoir comme conséquences en termes de chômage, de perte de pouvoir d'achat, de stabilité sociale et politique. Je reprends ci-après quelques exemples des réactions, dans le domaine économique, de certains grands pays. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a annoncé jeudi soir qu'elle allait procéder à trois opérations de 500 milliards de dollars chacune sur le marché monétaire. Ces prêts à court terme garantis par des actifs, permettront de relâcher la pression sur les financements interbancaires. La banque centrale va également intensifier ses achats de dette d'Etat américaine, pour compenser le manque de liquidité sur certaines maturités. La France met en place une garantie publique accordée aux entreprises demandant un crédit de trésorerie. La Banque Publique d'Investissement (BPI) garantira jusqu'à 90 % des prêts demandés par les PME à leur banque, ce qui devrait permettre de rassurer les établissements financiers, et donc les inciter à financer les entreprises, même si celles-ci sont en difficulté. Cette garantie publique, qui avait très bien fonctionné lors de la crise de 2008, sera même « élargie aux entreprises de taille intermédiaire », a indiqué Bruno Le Maire. le ministre français de l'économie et des finances. « Nous mettrons en place un fonds de solidarité pour les entreprises en difficulté.», a aussi indiqué le ministre. Ce fonds de solidarité, dont les modalités seront clarifiées en début de semaine prochaine, « doit servir à ceux qui en ont le plus besoin », a résumé Bruno Le Maire. Enfin, les ordres donnés à l'administration sont clairs : « Ce n'est pas aux entreprises de demander des reports de charges sociales et fiscales. C'est aux administrations de leur proposer », a martelé le ministre de l'Economie. Aux Urssaf et au fisc, donc, d'être proactifs. En Espagne, le gouvernement a présenté un « plan choc » pour soutenir les entreprises. Les mesures annoncées par le chef du gouvernement, Pedro Sánchez, mettent l'accent sur l'aide aux PME avec un moratoire sur les cotisations sociales et le report des échéances fiscales, ainsi que l'ouverture de lignes de crédit pour le secteur touristique particulièrement affecté. Au niveau européen, une totale flexibilité budgétaire sera consentie à l'Italie par l'Union européenne pour affronter l'impact économique du coronavirus. Que faisons-nous en Tunisie? Les autorités économiques et monétaires devraient anticiper. Voilà ci-après, quelques unes des mesures les plus urgentes à prendre: - diminuer le taux directeur de la Banque Centrale de 200 points de base, - mettre en paiement sans délai les créances en souffrance des entreprises auprès des administrations et entreprises publiques, - rembourser aux entreprises, sans autre forme de procès, leurs avoirs et trop perçus fiscaux, - payer à la STEG, à la SONEDE, à TUNISAIR et à l'ONAS les factures et arriérés des administrations et entreprises publiques, - consentir un moratoire en faveur des petites et moyennes entreprises en matière de charges fiscales et sociales, - remettre en vigueur le dégrèvement fiscal pour l'investissement productif, - suspendre l'application de la TVA sur les ventes des promoteurs immobiliers, - mettre en place une ligne de crédit pour la restructuration des entreprises en difficulté, - mettre en place une ligne pour le refinancement des institutions de microfinance, - intervenir immédiatement sur le marché, sous forme d'achats ou d'opérations de couverture à terme du risque des prix, pour assurer l'approvisionnement du pays en produits pétroliers aux meilleures conditions, ... On me rétorquera, sans doute, que l'Etat n'a pas les moyens de cette politique. En 2008, au plus haut de la crise des surprimes, Barack Obama avait inondé le marché de financements à très faible coût. Face aux critiques qui lui étaient adressées, il avait alors répondu: « Quand la maison brûle, on s'occupe d'éteindre l'incendie. On se soucie peu de la solidité de ses fondations. »