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Un utérus. Voilà ce que nous sommes. Oui nous, la moitié de la population tunisienne.
Publié dans Tuniscope le 03 - 05 - 2020

Le très progressiste Chef du Gouvernement vient de réduire, d'un trait de stylo, 100 ans de lutte pour les droits des femmes en Tunisie (et dans le monde) à néant.
‘' Les mères dont les enfants sont âgés de moins de 15 ans sont obligées de continuer à respecter les mesures de confinement total et à ne pas quitter leurs maisons qu'en cas d'extrême urgence'' et ce, conformément à l'article 10 du décret gouvernemental numéro 208 du 2 mai 2020 régissant les modalités du confinement sanitaire ciblé, publié dans le dernier numéro du journal officiel de la République Tunisienne (JORT).
Jugée misogyne, cette décision a créé une vive polémique. Pour sa part, L'analyste politique, Mme Ahlem Hachicha Chaker a répondu à sa propre façon :

Par Ahlem Hachicha Chaker
En 2020, nous nous retrouvons de nouveau réduites à une fonction biologique, à un organe de reproduction.
En 2020, les femmes sont de nouveau soumises aux décisions prises pour elles par des tiers, sur la base de leur corps, de leur identité biologique.
L'Etat, dans toute sa splendeur patriarcale, se croit autorisé à se mêler de l'activité reproductrice des femmes, de leurs vies personnelles.
Une petite explication semble s'imposer.
Les femmes, de part leur existence, de part la Constitution, de part les valeurs communes de l'humanité sont des êtres humains à part entière. Les femmes, au regard de la loi, dans la loi, devant la loi, sont des citoyennes. Toute interaction entre une femme et l'Etat, le Gouvernement, la loi se base sur cet état des choses.
En Tunisie, il y a des citoyens. Il n'y a pas de mères. Il n'y a pas d'épouses. Il n'y a pas de filles. Il n'y a pas de sœurs.
Entre moi et le gouvernement tunisien, il y a une carte d'identité nationale. Au-delà, les autorités de ce pays n'ont aucun droit de regard. Que j'ai des enfants ou pas, que je sois mariée ou pas, que je mange de la mloukhya ou pas, que j'élève des canards dans mon salon ou pas, cela ne regarde que moi.
Notre interaction avec le gouvernement s'arrête aux actes administratifs. Nos vies privées, nos chambres à coucher, nos utérus ne le concernent pas.
Ce que le Chef du Gouvernement a fait hier est un crime. Un crime contre les femmes, toutes les femmes, mères ou pas.
Quand il n'était pas encore né, des femmes se battaient pour ce pays, se battaient pour leur prochain, se battaient pour que d'autres femmes aient une meilleure vie. Quand il n'était pas né, les femmes de ce pays avaient gagné le droit de disposer de leurs corps.
Quand il n'était pas né, les femmes de ce pays avaient gagné le droit de disposer de leurs biens. Quand il n'était pas né, les femmes de ce pays s'étaient libérées du joug du patriarcat. Quand il n'était pas né, les femmes de ce pays étaient devenues des citoyennes entières, sans tutelle. Quand il n'était pas né, les femmes de ce pays avaient gagné le droit au travail.
La relation biologique ou civile qu'une citoyenne peut avoir ou pas avec un autre citoyen ne définit en aucune façon son exercice de ses droits, obligations et activités professionnelles ou autres.
Bien sûr, les hommes bien pensants vont nous expliquer qu'obliger les femmes ayant des enfants de moins de 15 ans à rester confinées c'est pour les protéger et protéger leurs enfants. Que cela s'apparente aux dispositions légales concernant le congé de maternité, par exemple. Mais non.
Le congé de maternité est un droit établi en reconnaissance d'une contribution qu'une femme fait à la société en mettant au monde un enfant. D'ailleurs, les associations et les militants pour les droits des femmes exigent que ce congé soit étendu aux pères parce qu'ils participent à cette contribution. Les femmes ne font pas des enfants toutes seules.
Toutes les autres dispositions concernant la protection des femmes en rapport à la grossesse et à la maternité relève de ce principe.
Et surtout, ces dispositions portent protection, aide, soutien et reconnaissance aux femmes. Pas interdiction.
Or là, M. Fakhfakh interdit aux femmes d'aller travailler. Sanctionnées pour crime de maternité.
Ah oui. Il y a exception. L'exception à cette interdiction de travail est la nécessité absolue, établie, non pas par la femme elle-même, mais par l'employeur.
Donc, nous nous retrouvons à subir les décisions prises nous concernant par des tiers. Comme des êtres sous tutelle morale et légale. Ça nous en rappelle des mauvais souvenirs.
Si ce gouvernement conservateur n'est pas capable de comprendre cela, de distinguer entre la maternité en tant que choix personnel et le travail en tant que droit citoyen, de faire marche arrière sur cette horreur fasciste, de présenter ses excuses immédiates et sans équivoques aux femmes, qu'il se prépare à découvrir de quoi nous sommes faites.


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