Le président de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC), Kamel Labidi a indiqué que la non activation par le gouvernement des décrets-loi 115 et 116 peut ouvrir la voie à des abus et des dépassements dans le paysage audiovisuel. « Le retard accusé dans la création d'une instance de régulation des médias, est le résultat d'un jeu de quotas politiques entre les partis au pouvoir », a déploré Kamel Labidi lors d'une conférence, organisée mardi, à Tunis, par le parti des Patriotes démocrates unifié, sur le thème : « les médias et le pouvoir après la révolution ».Kamel Labidi a fait savoir que le mouvement Ennahdha a opposé « un veto » à la nomination de plusieurs noms professionnels à la tête de l'instance de l'audiovisuel, suggérant des personnes qui « sont soit impliquées avec l'ancien régime, ou n'ayant pas de formation solide dans le domaine de l'information ». Il a, également, évoqué « l'instrumentalisation de la magistrature » dans l'accélération de certaines affaires ayant trait au domaine médiatique, dont l'affaire de la blogueuse Olfa Riahi, alors que les procès intentés par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) suite à l'agression de plusieurs journalistes, ont été « ignorés ». Et d'ajouter, à ce propos : « le gouvernement a décidé de nommer, en amont, des directeurs généraux à la tête d'institutions médiatiques publiques sans se soucier des recommandations de l'INRIC appelant à la promotion du paysage audiovisuel ». De son côté, l'ancien président du SNJT, Néji Baghouri a averti que « la liberté de la presse peut être prise en otage par le pouvoir actuel à tout moment», assurant que les journalistes s'inquiètent que la liberté d'expression ne soit « provisoire ». La liberté d'expression en Tunisie, a-t-il soutenu, « ne s'appuie pas sur des lois et des législations claires en raison de la non activation des décrets relatifs aux médias », relevant que « les journalistes sont désormais la cible de campagnes systématiques dans les mosquées». D'aucuns pensent que le retard dans la mise en place de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) favorise bon nombre d'abus et de dépassements. Ils avancent que la profusion de demandes de licences pour la création de médias audiovisuels privés exige de mettre des critères objectifs conformes aux standards internationaux en vigueur dans les pays démocratiques.