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Chronique, Le mot pour le dire : La conspiration !
Publié dans Tunivisions le 09 - 12 - 2013

« Si, grâce à ces conspirations domestiques, beaucoup de niais passent pour des hommes supérieurs, ils compensent le nombre d'hommes supérieurs qui passent pour des niais, en sorte que l'Etat social a toujours la même masse de capacités apparentes ». H. de Balzac, La Femme de trente ans
Il est curieux que les coups fourrés du président provisoire coïncident toujours avec des moments forts dans l'activité législative de l'Assemblée Nationale Constituante, illégitime depuis le 23 octobre 2012. La dernière frasque, en rapport avec le fameux Livre noir (baptisé plus justement L'Ivre noir), et le branle-bas qui en a résulté, était le moment approprié, pour les putschistes, confortablement installés dans l'hémicycle aux frais du contribuable, de continuer leur œuvre de sape afin de démolir les institutions de la république et, plus précisément, ses fondements laïcs. On apprend en effet qu'un projet de loi sur les mosquées devrait être discutée et ratifiée dans les plus brefs délais, lequel projet constitue le complément nécessaire du projet de loi sur le rétablissement des awqafs que le gourou de la Nahdha ne s'offusque pas de défendre avec sa verve coutumière en accusant ses détracteurs, comme d'habitude, d'être les ennemis de l'Islam ou, et cela revient exactement au même, ses ennemis personnels.
On apprend, en même temps, qu'une organisation d'illuminés, constitués de terroristes à la solde d'Ansar Shari'a, menace ouvertement, lettre de menace à l'appui, envoyée à un fonctionnaire de l'Etat, en l'occurrence le directeur d'une école primaire à Midoun, de lyncher publiquement des institutrices qui refusent de porter le voile. Ce scandale inadmissible passe presque inaperçu. Ni les « élus » du peuple, siégeant à l'ANC, ni les instances sécuritaires, ni les hauts responsables de l'Etat, garants des lois républicaines, dont le président provisoire, ne réagissent à cette énormité. Le dieu caché qui supervise tout dans la république révolutionnaire, présidée par le droit-de-l'hommiste M. M. Marzouki, occupé à régler ses comptes avec la dictature déchue, sourit sous cape en se frottant les mains : le tadafo' est en train de faire son œuvre sans que l'Etat ne s'y mêle ! Les habitants doivent s'entendre entre eux et que les meilleurs – en l'occurrence les terroristes, dont certains ont été libérés par le président provisoire en personne – gagnent !
La stratégie est on ne peut plus claire et elle consiste à concentrer les coups vicieux sur le maillon faible de l'ordre en place, ou jugé comme tel, représenté par la femme. L'enjeu est de taille, et il constitue la pierre angulaire du projet islamiste, prôné par les Frères musulmans dans l'ensemble du monde arabe. Rached Gannouchi, en fidèle disciple d'Abou A'la Al-maoudidi et de Saïd Qotb, estime le moment favorable pour mener sa croisade et la réussir. La société civile, occupée à suivre les péripéties rocambolesques de la mascarade, baptisée dialogue national, auquel s'est ajouté la fiévreuse polémique suscitée par le chef-d'œuvre noir de son excellence le président de la république, n'aura ni le temps ni la force de se mobiliser pour faire face à l'action réformatrice du grand gourou. Le titulaire du marteau du Bardo continue, lui, imperturbable et sûr de ses calculs, de miser sur l'aile modérée de la Nahdha, son alliée sûre, pour réussir la transition démocratique à laquelle plus personne ne croit vraiment.
Si l'on fait l'effort de se rappeler que d'autres projets de loi sur les finances, dites islamiques, ont été ratifiées au moment où le président provisoire s'escrimait, à la tribune des Nations Unies, à défendre son émule égyptien déchu, l'islamiste Mohamed Morsi, on se rendra compte alors que la tête pensante qui a conçu cette stratégie infernale ne s'est pas trompé du tout en cédant les clés du palais de Carthage au droit-de-l'hommiste M. M. Marzouki. Ce dernier, comme convenu, s'acquitte admirablement de son rôle de fossoyeur et, par excès de zèle ou par opportunisme politique, en rajoute. En somme, les islamistes ne doivent pas regretter cette alliance providentielle et devraient bénir le ciel qui a si bien motivé cet adepte notoire du laïcisme et des droits de l'homme au point de le métamorphoser en un militant islamiste pur jus !
Si tout évolue comme prévu, et il n'y a rien, pour le moment, qui puisse contrarier le projet machiavélique du stratège R. Gannouchi, l'Etat moderne, édifié par l'infernal Habib Bourguiba, disparaîtrait dans si peu au profit d'un Etat révolutionnaire, d'obédience résolument laïque, où le ministère des affaires religieuses serait appelé à jouer un rôle de premier plan. Cette option innovatrice, qui redonnerait toute son importance à la mosquée, aurait pour objectif primordial de sauvegarder la moralité publique et de combattre les idées déviantes et destructrices, dans le respect de la Shari'a d'Allah. Des organismes appropriés seraient constitués pour s'acquitter de la noble tâche de prêcher la bonne parole et d'inciter les citoyens-croyants à suivre le droit chemin.
Les portes des mosquées seront constamment ouvertes devant tout le peuple, adultes et enfants, hommes et femmes pour leur éviter les risques de dérapage et les aider à résoudre leurs problèmes et leur différends. En somme, dans la république révolutionnaire de R. Gannouchi, la mosquée est appelée à jouer les rôles de l'école, du tribunal, de la maison de culture et du club sportif. Il est donc normal de multiplier le nombre des mosquées et d'exiger des promoteurs immobiliers de prévoir, dans leurs futurs projets, l'édification d'au moins un espace religieux, autrement dit une mosquée. L'Etat républicain remédierait, si cela s'avère nécessaire, aux carences. Le projet de loi sur la gestion des mosquées estime avoir préparé ainsi le terrain pour la mise en place d'un Etat démocratique moderne, respectueux des droits de l'homme et des libertés fondamentales à condition, bien entendu, qu'ils soient totalement conformes aux préceptes de la sainte Shari'a ! Le président provisoire de la république et celui de l'ANC, qui passent pour être parmi les défenseurs les plus enthousiastes de la laïcité de l'Etat, estiment que ce projet avant-gardiste, à l'instar de celui des awqafs et des finances islamiques, est en parfait accord avec les lois de la république !
Que des directeurs d'établissements scolaires, gérés par les deniers publics de la république, estiment qu'il est de leur droit d'interdire la mixité, et de réserver effectivement des classes pour les garçons et d'autres pour les filles, ne constitue pas, à proprement parler, une entorse aux lois de la république. Que des enseignantes soient contraintes, par leurs propres élèves mâles ou par des organismes douteux extrascolaires, de porter le voile sous peine d'être lynchées par des hordes d'illuminés qui imposent leur diktat à leurs concitoyens, ne constitue pas non plus une grave infraction dans la mesure où ces éléments enthousiastes font partie intégrante du peuple tunisien et que leurs positions, en apparence extrémistes, sont vigoureusement soutenues par l'opinion publique ! Aucun père de famille n'accepterait de mettre dehors l'un de ses enfants, sous prétexte qu'il est un peu trop espiègle que de coutume !
Il ne faut pas perdre de vue que la démocratie traduit la volonté de la majorité. Or, il s'avère aujourd'hui que la majorité soit favorable à ces mesures de rigueur. En bonnes démocrates, les femmes devraient donc accepter de se plier à la volonté de la majorité et, pour les récalcitrantes d'entre elles, de se conformer aux exigences du moment, dont le voile ou le niqab et, dans quelque temps peut-être, la polygamie. Le projet de loi sur la gestion des mosquées, que l'ANC ne manquera pas d'adopter, est soucieux de garantir les droits de chacun. C'est pour cette raison qu'il ne serait plus permis à la minorité déviante de se prélasser dans les cafés et les tavernes à l'heure où la majorité droite s'acquitte de ses devoirs envers Dieu. Des brigades spécialisées, actuellement en formation, sont appelées très prochainement à faire le tour de ces lieux de perdition pour exhorter les âmes égarées et les brebis galeuses à rejoindre leurs frères et sœurs dans les maisons d'Allah dès que s'élève la voix du muezzin.
Ce projet révolutionnaire ne saurait réussir et apporter ses fruits que si des mesures de prévention étaient prises à temps pour endiguer l'effet nocif des idéologies rétrogrades déviantes que des âmes perverses, sous couvert de modernité, de liberté, de droits de l'homme et bien d'autres sornettes, défendent bec et ongles. Les objecteurs de conscience et les instances religieuses dont regorgent les services du ministère de Noureddine Khadimi estiment, en accord avec le ministre de l'éducation, qu'il est grand temps de procéder à une réforme radicale de notre politique éducationnelle et de prendre les mesures courageuses qui s'imposent. A cet effet, il a été décidé de s'attaquer à l'origine du mal. Et c'est ainsi que, s'inspirant du modèle éducationnel révolutionnaire des émirats du golfe, et de celui de l'Arabie saoudite en particulier, les instances religieuses compétentes estiment que la philosophie n'a plus de place dans nos établissements.
Amen !
Continuons de palabrer à propos de ce torchon minable publié par la présidence de la république et de nous intéresser à l'issue du soi-disant dialogue national. R. Gannouchi n'en sera que plus content et plus déterminé à réussir son exploit, celui de liquider démocratiquement la démocratie !
Amen !


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