Connu pour ses être un homme d'affaires avisé et avant-gardiste, Mohamed Frikha a surpris son entourage et l'opinion publique en s'aventurant dans les méandres d'une vie politique agitée et empreinte de coups bas. Mais l'homme est convaincu par son choix et assume parfaitement ses engagements. Le fondateur de Telnet et de Sypahx Airlines nous livre à travers un entretien confidence, ses motivations, ses ambitions et sa vision pour sa ville Sfax et son pays la Tunisie. C'est par devoir envers son pays qui lui a tant donné et par gratitude aux bâtisseurs de la première république qui ont balisé les conteurs de la Tunisie moderne, que Mohamed Frikha a décidé de mener cette nouvelle bataille de la politique. Habitué aux défis, il ambitionne de transmettre l'instinct entrepreneurial aux jeunes tunisiens et d'appliquer ses recettes managériales en politique pour que l'économie tunisienne décolle et atteigne une croissance lui permettant de créer de la richesse. Car seule la création de richesses peut créer des emplois, encourager la consommation et assurer un développement régional équitable et pérenne. « Nos jeunes et nos régions n'ont pas besoin seulement d'aides et de subventions occasionnelles mais ont besoin d'entreprises pour absorber ce chômage des jeunes et pour dynamiser ces régions sinistrées. Et comme dit le proverbe chinois : Au lieu de me donner du poisson, apprend moi à pécher. » Martèle Frikha pour qui la jeunesse tunisienne de Ben Guerdane à Tabarka est pétrie de talent, regorge de compétences et est capable de tous les miracles pour peu qu'on lui donne la chance et la possibilité d'agir. Le miracle il y croit. Sans forfaiture ni démagogie, son pari c'est cette jeunesse, son combat est l'emploi et ses armes sont l'ingéniosité et l'intelligence de nos jeunes tunisiennes et tunisiens. Mais comment concilier ces convictions libérales d'un entrepreneur-fonceur avec le conservatisme d'un parti comme Ennahda ? A cette question Mohamed Frikha répond sans détour : « En tant qu'homme d'affaires, il m'a été amené d'être en contact avec les personnalités politiques qui se sont succédées dans les différents gouvernements, d'Essebsi à Mehdi Jomâa. Et puis, il ya eu l'appel de l'UGTT qui a voulu que la prochaine étape soit économique. Donc en tant qu'homme d'affaires, il est tout à fait légitime que je me sente concerné. Si j'ai accepté cet engagement politique, c'est avant tout pour servir mon pays et ma région et le parti Ennahda m'a offert cette possibilité. Beaucoup de gens ont très mal réagi quand ils ont appris mon adhésion à Ennahdha, c'est tout simplement parce qu'ils ne s'attendaient pas. Pourtant je n'étais pas le seul homme d'affaires à avoir adhéré aux partis, mais ce qui est paradoxal et injuste, c'est que je sois le seul à être attaqué de toutes parts. Ce qui est anti-démocratique ! En tant que Tunisien, n'ai-je pas les mêmes droits que les autres concitoyens ? » Candidat Nahdaouis pour les législatives et candidat indépendant pour les présidentielles, Mohamed Frikha s'accommode sans état d'âme de cette double casquette et assume son choix. « Mais Vous savez, concernant les législatives, Ennahdha a fait appel à plusieurs personnalités et hommes d'affaires indépendants. J'ai accepté, parce que je voulais participer à l'épanouissement de mon pays et que je nourris d'énormes ambitions pour le développement de mon pays. Maintenant pour la présidentielle, il s'agit d'une décision personnelle. Mais ce qui a le plus dérangé Ennahdha, ce n'est pas ma candidature elle-même, c'est le fait qu'ils aient décidé de ne pas proposer de candidats en leur nom. Naturellement, ils craignent que ma candidature ne soit mal interprétée. Raison pour laquelle, ils ont tout fait pour me dissuader et d'ailleurs, je n'ai même pas bénéficié des parrainages d'élus nahdhaouis ni même des militants. C'est vous dire que ce ne sont pas 10 députés qui me parrainent mais plus de 10.000 citoyens. Cela n'est-il pas suffisant pour prouver mon indépendance ? Beaucoup de gens pensent que j'ai poignardé Ennahdha sur le dos, ce qui est loin d'être le cas. C'est par conviction que je me suis présenté. Vous savez quand j'ai vu des barons de l'ancien régime se présenter, j'ai pris une initiative personnelle et j'ai dit à Ennahdha: "si vous n'avez aucun candidat à présenter, moi je me présente". Je ne suis pas un candidat d'Ennahdha, mais un candidat indépendant et je tiens fermement à cette indépendance. »