«Nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d'être libres», a déclaré Nelson Mandela. En ayant dit cela il y a des années parlant de son propre peuple, c'est comme s'il parlait de nous aujourd'hui en Tunisie. Le chemin de la liberté est semé d'embûches et cette révolution qui, selon beaucoup, n'a pas été chèrement payée, semble insatisfaite du prix que nous lui avons payé depuis le 14 janvier. Depuis ce jour là, nous payons en actes de vandalisme, en destruction de biens publics payés de notre chair et notre sang, en agressions, saccages et dévastations d'établissements et d'entreprises privées et anéantissement des restes d'institutions léguées par un régime opprimant et oppresseur, cette révolution que nous avons cru, pendant un moment, donnée. La rapidité avec laquelle le tyran s'est tiré nous avait laissé pantois. Il est parti faisant tomber derrière lui un château de cartes fait de misère et de peur qui n'a pas tenu très longtemps devant la colère du peuple. Débarrassés de lui, nous nous sommes cru délivrés, mais nous avons crié trop tôt victoire. La révolution avait besoin de plus de sacrifices, elle ne voulait pas se donner à bas prix Les revendications sociales, les réclamations des opportunistes, l'inconscience de nombre de jeunes manipulés, l'avidité des bandits et des criminels de grands chemins suffiront-elles à la révolution? Notre Tunisie sera-t-elle et saura-t-elle être enfin libre et heureuse sans inquiétude ou incertitude? Le vice-président de la BAD a, lors d'une rencontre organisée jeudi 12 mai, à propos de la révolution tunisienne sur le thème "enjeux et perspectives économiques", lui aussi a cité Nelson Mandela. En déplacement aux Philippines dans une période où le pays vivait des moments difficiles post-révolutionnaires, Mandela avait déclaré: «Vous n'avez pas besoin de démocratie, pas maintenant, pour l'instant, c'est de discipline dont vous avez besoin». La priorité est aujourd'hui au renforcement et au respect des institutions, a-t-il assuré, car à l'international et en tout cas au niveau de la BAD, la Tunisie bénéficie de tout le soutien nécessaire. «Nous appuyons la réalisation des infrastructures routières, l'électrification des régions et tout ce qui a rapport avec la logistique. La BAD soutiendra du mieux qu'elle peut la révolution tunisienne», a-t-il promis, ajoutant que la Tunisie a besoin d'un Mandela. Sommes-nous prêts au pardon et à la réconciliation tant prônés par Mandela? A voir les cris de guerre suscités de part et d'autre et incitant à la vengeance et à la revanche, il semble bien que sur le terrain, la vérité soit autre. Nelson Mandela a aussi dit «Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité». Espérons que les opprimés ne changent pas de bord pour devenir eux-mêmes des oppresseurs et surtout qu'un Mandela tunisien surgira de nulle part pour rendre à la Tunisie et aux Tunisiens l'amour de l'autre, l'ouverture et la tolérance.