Le programme a appui à la mise en ouvre de l'Accord d'association est un appui aux institutions tunisiennes. Parmi d'autres objectifs, il a celui de faciliter les exportations des produits tunisiens. Nous en avons parlé avec Hichem Bouzghaia, Docteur vétérinaire, Directeur de la normalisation et du contrôle sanitaire aux frontières au Ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques. Quelle est la situation actuelle des exportations tunisiennes de produits d'origine animale ?
Les filières de production agréées pour l'exportation sur l'Union Européenne sont relativement limitées : il y a les produits de la pêche, les mollusques bivalves et les volailles.
Qu'est ce que veut dire 'agréé' ? Que les contrôles effectués sur ces produits sont mis en conformité avec les normes et standards des partenaires vers lesquels ces produits sont destinés.
Quel est donc l'objectif du projet ? Il s'agit d'agréer d'autres grandes filières de production : la viande rouge et ses dérivés, le lait et ses dérivés. A cet effet, le projet comporte deux volets principaux.
Lesquels ? D'un coté, l'objectif est de renforcer les services vétérinaires centraux et régionaux qui contrôlent les filières de production sur le plan sanitaire et de les adapter aux normes et standards exigés par nos partenaires importateurs. Les opérateurs savent que, s'ils veulent effectivement bénéficier de la possibilité d'exporter, ils doivent être prêts à se soumettre à une mise à niveau en conformité avec les normes d'entretien, de production et de suivi sanitaire des animaux, complétés par des contrôles ultérieurs. Il faut des inspections de qualité tout au long de la filière, les animaux doivent être soignés, entretenus dans des bonnes conditions, les produits doivent être bien transportés, transformés dans des usines agréées, bien stockés etc. On parle de 'Qualité Totale' avec la majuscule. Cela passe par la mise à niveau de toutes les composantes des filières de production, ou, comme on dit, de l'étable à la table, de la fourche à la fourchette...
Une fois les contrôles achevés, ça veut dire que le produit est exportable ? Oui, un produit qualifié, qui répond aux normes et standards reconnus, peut être exporté, mais peut aussi être consommé localement. Nous espérons avoir ici ce qu'on appelle un effet d'entrain : quand sur marché paraissent deux produits, le meilleur produit prend le dessus et les autres producteurs sont de toutes façon obligés de suivre.
Coté pratique, qu'est ce que ça comporte ce premier volet ? Il nous est demandé une restructuration des services, une mise à niveau des réglementations, la formation de tous les intervenants dans la filière, les vétérinaires, les auxiliaires de santé etc. et une bonne vulgarisation au niveau des producteurs et transformateurs et tous les intervenants des filières considérées pour l'agrément. Ceci est envisagé dans le cadre d'un projet de jumelage avec une ou plusieurs autorités sanitaires de la Communauté européennes.
Et dans le deuxième volet ? On vise l'accompagnement à l'accréditation des laboratoires qui interviennent dans le contrôle de la qualité des produits alimentaires d'origine animale. Ca veut dire que, à la fin, ces laboratoires fonctionneront selon les règles et les standards internationaux, et leurs résultats seront internationalement reconnus,
Quelques exemples ? Prenons l'exemple de la filière 'lait' : pour qu'elle soit agréée à l'exportation, le lait doit répondre à un certain nombre de critères. A titre d'exemple, sur le plan du contrôle bactériologique, c'est le laboratoire qui intervient pour certifier la qualité bactériologique du lait ; si le laboratoire est accrédité au niveau international, alors ses résultats seront sans équivoque.
Pour arriver à cela, quel est l'apport du projet ? Nous prévoyons deux actions : un projet de jumelage des services vétérinaires régionaux et centraux avec des autorités sanitaires de pays de l'UE et l'insertion de nos laboratoires dans les réseaux internationaux d'essai, un ensemble de labos chapotés par un institut de référence, qui va vérifier que tout le monde travaille dans les mêmes conditions. Le projet vise aussi une amélioration de la compétence du personnel, et la fourniture de standards de laboratoire.
Jugez vous que le projet puisse avoir un impact sur le niveau des exportations tunisiennes ?
Nous visons l'amélioration de la qualité de ce qui peut être exporté, pas forcement la quantité. Cela dépendra de l'interaction entre le projet et ses bénéficiaires : si les opérateurs sont sensibilisés par le projet, il y aura l'entraînement que nous souhaitons, et donc à la fin on dira 'tiens, c'est intéressant de produire de cette façon, parce que on va pouvoir exporter'. Si il y a cette évolution de mentalité, nous pouvons espérer une augmentation du niveau des exportations.