Les urnes? Des boîtes pas vraiment «magiques». Une fois de plus, elles nous jouent un mauvais tour. On avait la grinta électorale ce dimanche 23. On y est allé avec la meilleure volonté du monde. Enfin des urnes transparentes. Finies ces boîtes noires dont ont usé et abusé les deux anciens régimes. Le peuple s'est rapidement réconcilié avec la politique et la démocratie, pensait-on, est à portée. Une équipe est arrivée à la place d'une autre. Et, ce n'est pas la dream team qu'on rêvait. Quelle poisse! Car les résultats ne sont pas en phase avec l'espoir des démocrates. Le processus a déraillé L'ISIE a fait un travail remarquable. Le processus garantit traçabilité et transparence. L'ISIE a fait zéro faute, ou presque, mais hélas, un Max de lenteur. A l'étape finale, l'Instance a raté la marche. Qu'elle prenne tout son temps pour l'opération de dépouillement avec risque zéro, on peut le comprendre. Mais sa communication n'est pas de circonstance. Elle a laissé s'installer l'intox puis le doute. Les envahisseurs ont pu occuper la place, à la hussarde. On est en présence d'un scénario frisson. Les concepteurs du mode de scrutin nous ont promis une physionomie politique équilibrée. Aucune formation politique n'aurait une position dominante. Or, voilà Ennahdha, laquelle avec un bloc majeur n'a sans aucun compétiteur à sa taille. Elle va pouvoir régenter le jeu politique, sans partage. Le bloc démocratique s'est retrouvé donc off-track. Misère! Toutes ces figures qui pouvaient incarner le changement réclamé par les couches populaires assoiffées de démocratie se sont lamentablement fourvoyées. Quand on voit leur gestion calamiteuse de la campagne électorale, on a mal pour le pays et pour nous-mêmes. Comment peut-on se retrouver à ce niveau d'amateurisme. C'est désolant. La partie leur a échappé des mains. Pourquoi ont-ils été incapables de fédérer un bloc démocratique, républicain, homogène, gagner les élections et ensuite se disperser selon leur sensibilité propre. Ils nous ont privés d'un rêve et peut-être d'une perspective de stabilité. Ensemble ils pouvaient incarner le chantier de la refondation démocratique. Ils étaient la réponse à notre déficit de gouvernance politique et de croissance. Le déraillement du processus démocratique est de leur responsabilité. Geste de fureur La Tunisie démocratique va se regarder dans la glace. Elle ne va pas se reconnaître. On a défiguré son projet démocratique. C'est comme dans un hold-up lorsqu'on vous dépossède de votre bourse. A n'en pas douter, elle va se mettre en colère. Sera-t-elle exaspérée au point de déclarer le résultat nul et de demander à refaire le match? Au vu de l'enjeu démocratique, l'hypothèse est-elle plausible? Mystère.