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Tunisie : Une autre lecture du projet de société du mouvement Ettahrir
Publié dans WMC actualités le 10 - 12 - 2011

Il nous semble peut-être que le mouvement Ettahrir est extrémiste, radical, qu'il est d'un autre temps. Ce serait l'extrême droite dans le jargon politique. Un peu comme le Front national en France. Des gens dont l'idéologie se nourrit des désespoirs et de la misère, sociale et économique, mais aussi celle des valeurs.
Loin d'une logique de la diabolisation, et sans prendre les raccourcis théoriques de l'islamisme dit et pensé comme passéiste, par définition ou par essence, pense-t-on… Qu'en est-il réellement du projet de société que ce mouvement à la «Raya» noire porte? Quelle est la pertinence de ce projet de société? Enfin: Quelles sont ses chances «réelles» de remporter l'adhésion des gens?
L'Union européenne, version arabe…
Première idée clé du projet défendu par Ettahrir, l'union des peuples arabes et musulmans. Idée qui peut sembler dépassée et non opérationnelle pour certains, dont les enfants de Bourguiba, férus d'indépendance identitaire d'abord, et de dépendance/rapprochement de l'Europe, plutôt que des nations arabes… Mais la même idée est très intéressante pour d'autres, qui nous rappellent la force de l'Europe à avoir rapproché des peuples unis par l'histoire certes, mais avec des langues différentes… Nous, c'est la même langue et le même background religio-culturel. Si l'euro a permis de développer à ce point les économies de la zone Europe, élevé les niveaux de vie, donné des débouchés aux produits de chaque entreprise française, italienne ou allemande, d'abord dans cet espace élargi de l'Europe….comment ne pas espérer de même pour une zone d'une monnaie et d'un marché commun arabe?
En soulignant au passage que la crise de l'euro ne veut pas dire que c'était une mauvaise chose, c'est simplement, et de l'avis de tous les analystes, que le projet n'a pas été mené à bout, avec des politiques nationales qui ne sont pas suffisamment harmonieuses. Autrement, l'euro comme monnaie unique a besoin aussi d'une politique commune, du moins de politiques convergentes, pour assurer sa stabilité et sa force, face aux autres monnaies et aux autres marchés.
Ceci pour dire que l'harmonisation doit être globale, et non seulement monétaire, d'où importance d'une volonté politique derrière tout cela. Point marqué par Ettahrir alors, pour qui le «Califat» est d'abord un projet d'harmonisation des politiques, y compris, je suppose, monétaires et économiques. Ca nous rappelle -pile- le vœu d'une meilleure gouvernance européenne, vœu porté par tous les analystes spécialistes de la question, dont Jacques Attali, et depuis des années.
Là où le bas blesse, les libertés individuelles…
Penser une grande nation, ou mieux, une fédération de plusieurs nations, qui seraient unies par l'Islam comme socle religieux et culturel, ne serait pas si bizarre ou rétrograde si l'on observait alors de plus près ce qu'est l'Europe…? Seulement, la grande différence d'avec l'Europe, et fait qui pourrait faire basculer en effet le projet du Ettahrir vers de l'obscurantisme plutôt que vers le progressisme, c'est celui les libertés individuelles…
En Europe, la longue histoire d'avec l'église et ses abus a donné lieu à la loi de 1905 (en France) qui, plus qu'une loi, est une conviction ancrée dans l'inconscient même de tout un chacun, et qui explique la manière dont l'Occident et la France notamment, s'effraient à l'idée de la victoire d'un parti islamiste dans la Constituante tunisienne. Ils y voient d'emblée les abus de leur église, avant…
La liberté individuelle, qui est donc sacrée en Europe en général, ne serait pas très tolérée par les idéologues de ce parti… Son discours est même un peu ambigu là-dessus, et on dirait qu'ils font de «la Com'» pour dédramatiser leur projet, auprès des personnes de culture occidentale, et qui sursautent dès qu'on leur dit que le religieux va interférer avec le pouvoir. Signe ultime peut-être de ce refus des libertés individuelles, le rôle dominant de la Chariaâ pour eux, qui, entre autres, autorise de tuer celui qui change de religion, et qui n'est plus dans la confession musulmane.
Voilà qui est flippant… Mais justement, l'ambiguïté du discours concernant l'application de la chariaâ sera peut-être affinée, pour faire ressortir surtout les avantages de l'époque de la «Califat Rachida». Une harmonie et une certaine paix sociale, avec des années dorées en termes de richesse (ou de croissance économique), mais aussi en termes de bonnes mœurs, etc. Que du positif en bref. Alors qu'une bonne partie des historiens qui manquent simplement de visibilité… nous disent que c'était une époque dont il faut avoir une lecture «historique» d'abord, en mettant de côté l'affect et la fierté… une époque comme d'autres, traversée par des guerres de clans, une course au pouvoir, etc.
Ajouté à tout cela les travers de la démocratie occidentale, qui a permis l'ascension au pouvoir de Hitler par exemple, ou au mieux, qui maintient au pouvoir (selon les altermondialistes, mais les lepénistes aussi..) la même caste au pouvoir, et qui n'est que marionnette manipulée par les vrais décideurs de ce monde: les lobbys de l'armement, du pharmaceutique, les sionistes, les marchés financiers, les fonds de pension, etc.
Ettahrir proposerait une alternative bien alléchante alors par rapport à tout cela, la seule peut-être dont nous disposons! Nous peuples arabo-musulmans…anciens colonisés et eternels perdants des jeux de pouvoir de cette caste qui domine le monde…
Le fer de lance: la distribution équitable des richesses…
Voilà le véritable fer de lance, à mon avis, de ce parti, et qui pourrait lui donner une grande sympathie au sein de la population. C'est le projet très à gauche au niveau du partage des richesses… Ettahrir promet une remise à plat de toutes les inégalités, la santé et la scolarité gratuites et accessibles à tous, le travail et le salaire digne comme droit… dans une large «Umma» des nations arabes, si riches, mais si gangrénées par la corruption et la mauvaise gouvernance économique.
Farfelu? Peut-être pas… L'Europe a pu garantir des minima sociaux et une couverture maladie universelle, avec une certaine qualité des soins… et de l'environnement et de la qualité de vie en général. Rien à voir avec un hôpital vide d'équipements et avec des murs en ruine, comme on en voit dans les zones de l'intérieur…
Sachant les dérives du capitalisme, sachant en plus les dérives de la mafia qui régnait dans le pays, la corruption, les fortes inégalités sociales, et même la misère tout court, d'une bonne partie de nous… la sympathie pour Ettahrir ne serait pas si étrange que cela.
Quitte à donner sa liberté en échange… car un ventre plein vaut mieux qu'une liberté qui ne sert à rien, qui devient alors frustrante, angoissante, et révoltante. D'où les nombreuses manifestations de violence après le 14 janvier. Les gens ont peut-être d'abord besoin de manger, de travailler, de vivre décemment, ensuite d'être libres de porter des jupes micro…et la révolution est partie de là en effet.
La Manouba et la radicalisation identitaire? Produit direct du chaos économique, social, et des valeurs aussi ou par conséquent. L'Islam devient très attractif… surtout si cela va nous donner à boire et manger, nous garantir un avenir après des années d'études, nous donner une «certaine» dignité… celle d'être membre de quelque chose de très grand, la Umma… une sorte des Etats-Unis Arabes… Les vœux du Calife seront alors des ordres!


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