«Sur la Libye, nous organisons pratiquement une rencontre par mois». A l'image de Abdallah Ben Mbarek, les responsables de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) ne sont pas peu fiers des efforts qu'ils mènent en vue de développer les échanges et les investissements tuniso-libyens. «Après l'envoi d'une première mission d'hommes d'affaires tunisiens à Benghazi en décembre 2011, puis d'une seconde à Tripoli en janvier 2012, nous avons organisé en février une forum tuniso-libyen sur les investissements dans les infrastructures, et fin mars à Sfax une rencontre sur le partenariat tuniso-franco-libyen», confirme Tarek Chérif, président de la CONECT. Il n'est donc guère étonnant que la nouvelle centrale et deuxième- centrale patronale veuille continuer sur sa lancée dans ce registre en tenant des «rencontres d'investissements et de partenariat tuniso-libyennes dans les secteurs de l'agroalimentaire et du BTP» (Tunis, 27-28 avril 2012). D'autant que le développement des courants d'échanges et des affaires avec la Libye est l'un des terrains sur lequel se joue la concurrence avec l'UTICA. Autant par conviction que, peut-être, par calcul ne pas laisser la CONECT la distancer en matière de développement des relations tuniso-libyennes, le syndicat patronal historique a multiplié les initiatives dans ce domaine au cours des derniers mois. Le choix de ces deux secteurs n'est pas fortuit, puisqu'ils figurent parmi les plus importants dans les échanges tuniso-libyens et les investissements tunisiens en Libye. Mais plus que du commerce, il est aujourd'hui question de partenariat. «Nous nous rencontrons aujourd'hui pour bâtir une coopération fructueuse pour les deux parties et, partant, durable», a souligné le président de la CONECT. «Il faut développer un nouveau modèle de coopération entre la Tunisie et la Libye», a insisté de son côté Riyadh Attia, directeur central au Centre de Promotion des Exportations (CEPEX). «Nous voulons continuer à bâtir notre complémentarité économique et à élaborer un nouveau cadre de coopération en vue de réaliser le développement pour les deux parties», leur a répondu en écho Meftah Omar Chérif, président du Conseil Libyen des Industries et Commerçants de l'Agroalimentaire. D'autant que la concurrence avec la centrale historique, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) se joue également sur ce terrain-là. S'adressant aux deux parties, Houcine Jaziri, secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères chargé de l'Immigration et des Tunisiens à l'étranger, a tenu à la fois un langage du cur et de la raison. Pour mettre en exergue les liens étroits entre les deux peuples, le membre du gouvernement a rappelé que «la relation entre la Tunisie et la Libye n'est pas nouvelle» et lui est «originaire de Zarzis» et que la tribu à laquelle il appartient «aurait bien pu être libyenne». Insistant sur le fait que «les hommes d'affaires ont été parmi les premières victimes des régimes déchus» dans les deux pays, M. Jaziri a souligné que les nouvelles autorités tunisiennes et libyennes misent sur les hommes d'affaires pour qu'ils prennent le relais de l'Etat en matière de développement en général et de création d'emplois en particulier.