Créer 80 mille emplois dans les conditions actuelles? Hassine Dimassi, ministre des Finances, vient de nous noyer dans les chiffres et les conjectures irrationnelles en défendant la version gouvernementale de la loi de finances complémentaire devant l'Assemblée Constituante. Tous les analystes s'accordent à dire qu'il nous faut réussir un taux de développement d'au moins 6% pour prétendre créer les 80 mille emplois dont parle Dimassi, alors que la situation est complètement différente, en tout cas selon l'analyse du Dr Moez Joudi, président de l'Association Tunisienne de Gouvernance, qui affirme que la situation reste tendue avec des marges de manuvre qui deviennent de plus en plus réduites. Ainsi, le déficit courant pointe à 6%, la croissance a été négative durant 2011, elle a même été corrigée à -2.2 % et une accentuation de la baisse de l'activité se fait de plus en plus ressentir, notamment dans les secteurs des industries manufacturières (-3,9%) et des services (-4,7%). Pour ce premier trimestre 2012, les résultats liminaires enregistrés dénotent encore d'un essoufflement de l'activité économique avec une baisse de la demande intérieure, impactant le rythme des exportations et entraînant une balance commerciale déficitaire de 1.066 MDT. Dans la même veine, le rythme des exportations a baissé notamment au niveau du secteur des industries mécaniques et électriques (-11,9%) ainsi que des industries du textile/habillement, cuir et chaussure (-29,6%), commente Dr Joudi. Ceci au moment où l'inflation demeure à 5,4%, où persiste la crise des liquidités, où les dépôts à terme ont baissé de 7,2%, où le taux d'intérêt moyen a connu une hausse pour s'établir à 3,73% depuis le début du mois d'avril... Ce constat nous amène à proposer d'autres alternatives qui pourraient convenir au mieux à la situation actuelle en Tunisie, caractérisée surtout par une croissance économique inférieure à la croissance potentielle. Ainsi, une alternance politique de rigueur -politique de relance ou ce qu'on désigne communément par les politiques de Stop and Go- serait une solution pertinente à envisager dans cette conjoncture économique mauvaise! Plus concrètement, le gouvernement actuel doit mener une politique de relance, qui passe par une politique budgétaire expansionniste, autrement dit une politique qui se traduit par une augmentation de ses dépenses publiques, ajoute Dr Joudi.