Quels enjeux euroméditerranéens à la lumière des bouleversements profonds suscités par l'avènement des «printemps arabes»? Dans l'exposé ci-après, un état des lieux de la coopération euroméditerranéenne dans un contexte particulier, celui du soulèvement des peuples arabes contre des régimes dictatoriaux. L'Union européenne pourrait-elle apporter de nouvelles réponses aux besoins des peuples et aux contraintes qui en découlent? Aussi bien le Processus de Barcelone, la Politique européenne de voisinage (PEV) que l'Union pour la Méditerranée (UPM) ont relativement failli dans la réalisation d'un processus d'intégration euroméditerranéen réussi. Les soulèvements des peuples arabes contre leurs oppresseurs ont réveillé les consciences et incité les partenaires historiques européens à revoir leurs cartes. L'avènement historique du printemps arabe sur la rive sud de la Méditerranée et l'accroissement de la crise économique sur la rive nord a poussé la communauté euro-méditerranéenne, sous la direction de la CEE, à faire le bilan des relations entre les deux rives, et profiter des nouvelles donnes pour revoir le modèle de coopération adopté jusque-là et l'orienter vers un partenariat plus équilibré et profitable aussi bien pour les pays du Sud que ceux du Nord. La Conférence euroméditerranéenne sur la recherche et l'innovation a été le lieu privilégié pour en discuter et pousser la réflexion vers la mise en place de programmes et de projets qui puissent répondre aux nouvelles exigences et aux besoins de la région. Le renforcement des compétences pour la recherche et l'innovation, la gouvernance, le capital humain et l'infrastructure de recherche, autant de thématiques qui portent tout leur sens en cette période cruciale des pays du Sud de la Méditerranée. Il s'agit en fait de répondre à trois questions inéluctables: 1/ Comment rehausser les politiques de recherche et d'innovation dans la région méditerranéenne (S & T gouvernance et réformes institutionnelles...)? 2/ Comment résoudre la problématique des ressources humaines, la formation et la mobilité, y compris la diaspora? 3/ Que faire pour renforcer les infrastructures de recherche et d'innovation? Une Europe plus forte au sortir de la crise économique «Je veux que l'Europe sorte plus forte de la crise économique et financière», a déclaré José Manuel Barroso, Il est président de la Commission européenne, dans la préface de l'Europe 2020. Il a ajouté: «Il s'agit de plus d'emplois et d'une vie meilleure ... Il faut que l'Europe ait la capacité de réaliser une croissance intelligente, durable et inclusive, de trouver les moyens de créer de nouveaux emplois et tracer de nouvelles orientations plus efficientes pour nos sociétés». Il rappellera par la suite que «la Commission s'est fixé cinq objectifs pour l'année 2020 afin de conduire le processus de développement qui devrait être adopté aux échelles nationales pour créer de l'emploi, développer la recherche et l'innovation, lutter contre le changement climatique et s'approprier de nouvelles énergies, mettre en place un meilleur enseignement et lutter contre la pauvreté». Presque simultanément, le Printemps arabe, amorcé en Tunisie, s'est rapidement étendu aux pays voisins et au-delà, inspirant d'autres mouvements contestataires. L'exemple le plus édifiant a été celui lancé aux Etats-Unis contre l'hégémonie des mastodontes de la finance internationale. "Occupy Wall Street" a été l'écho des mêmes aspirations des peuples du monde à plus de liberté et à la dignité. Ce fut l'expression de revendications légitimes exigeant une participation politique plus effective et une croissance inclusive et durable, capable de fournir des emplois et une vie meilleure. Ces évènements de grande importance dont le théâtre a été les pays du Sud de la Mare Nostrum, conjugués à la crise sans précédent advenue dans ceux du Nord et la dynamique qu'ils ont suscité, ont réveillé le monde et ont incité les uns les autres à s'informer sur ce qui se passe sous des cieux qui ne sont pas les leurs, allant jusqu'à s'en enquérir par téléphone. Cela a rappelé également à tous et un chacun que l'on ne peut plus échapper à la globalisation et que nous partageons un même avenir dans une petite planète appelée Terre. Ce nouveau contexte historique qui en vient à accroître les défis auxquels fait face le monde, comme le changement climatique, la pénurie en énergie et en eau, les maladies infectieuses et la sécurité alimentaire pour n'en nommer que quelques-uns, appelle l'UE et les pays méditerranéens du Sud, conjointement, à fixer ensemble des objectifs ambitieux pour la région euro-méditerranéenne. Il les appelle également à s'engager à répondre à l'aspiration des générations présentes et futures, au travers d'un nouveau paradigme en matière de coopération qui va au-delà du partenariat traditionnel. De fait, la coopération euro-méditerranéenne dans le domaine de l'énergie est la plus révélatrice en la matière. En effet, les deux rives de la Méditerranée sont très dépendantes l'unes de l'autre quand il s'agit de l'approvisionnement en énergie, et elles le seront d'autant plus lors de la mise en uvre progressive du Plan Solaire Méditerranéen (PSM) par l'Union pour la Méditerranée (UPM) en tant que programme stratégique macro-régional de l'énergie renouvelable dans le cadre du Processus de Barcelone. La mise en uvre de ce projet transnational nécessitera le plein engagement des pays membres de l'UPM, la Commission européenne (CE), les universités et les instituts de recherche, les ONG intéressées dans l'espace méditerranéen, ainsi que des institutions financières publiques et privées. La dimension régionale et l'importance planétaire de cette entreprise, grâce à laquelle on réalise des avantages environnementaux considérables, qui a des répercussions économiques et offre des opportunités technologiques multiples et sans précédent auparavant ainsi que des avantages sociaux, sont indiscutables. Toutefois, tout en reconnaissant qu'il va falloir déployer des efforts supplémentaires pour une mise en application effective des accords conclus entre les pays des rives Nord et Sud de la Méditerranée, il faudrait également repenser et reconcevoir les accords de coopération dans un cadre plus égalitaire, profitable aux uns et aux autres, capable de répondre aux aspirations des peuples méditerranéens partageant une même destinée et leur assurer paix, sécurité et prospérité. "Si nous agissons ensemble, nous pouvons mieux nous battre et sortir de la crise plus forts. Nous avons les moyens et de nouvelles ambitions. Ce qu'il faut, c'est arriver à les réaliser», conclut Barroso. A suivre : uvrer pour un partenariat plus équilibré et Changer de cadre institutionnel dans un objectif d'efficience