Quatre ans après sa création, la société Aviation IT Services Africa (AISA) passe sous contrôle de Tunisair. Au moment de sa création en août 2008, pour aider le transporteur national tunisien à développer son système d'information, il avait été décidé, pour une plus grande souplesse de gestion, qu'AISA sera une société privée dont Tunisair ne détiendra que 49% du capital, le reste étant entre les mains de Medsoft (1%), qui appartenait jadis à Slim Zarrouk, gendre de l'ancien président Ben Ali, et à la Société internationale de télécommunication aéronautique (SITA). Ce schéma avait été imaginé comme solution de compromis entre le gouvernement qui, estimant le secteur des technologies de l'information et de la communication comme stratégique, voulait que la société à créer avec SITA soit contrôlée à 51% par les Tunisiens, et Tunisair qui impute son retard dans ce domaine principalement à la lourdeur de la législation sur les marchés s'appliquant aux entreprises publiques, souhaitait qu'«Aviation IT Services Africa» soit une entité privée. Spécialiste mondial en communications et en solutions de technologie de l'information pour le transport aérien, cette société assure des prestations pour près de 500 compagnies aériennes à travers le monde. L'accord entre les trois parties associées dans AISA prévoyait que cette société allait, avec le soutien de SITA, devenir elle-même au bout de quelques années prestataire et exportateur de ses services, notamment en Afrique sub-saharienne. Pour lui donner les moyens de devenir le «Centre de compétences» capable d'aider les compagnies aériennes africaines à gérer de grands projets stratégiques de mise à niveau et d'optimisation des systèmes d'information, AISA s'est dotée d'une équipe de 115 employés. Surtout, ses commandes ont été confiées à de grosses pointures: d'abord, Alain Michalar, ancien directeur commercial de SITA et son actuel directeur des services IT pour l'aviation, et, depuis octobre 2010, par Mohamed Ali Amara, recruté chez HP- comme le prévoient les statuts de la société, par SITA. Résultat, le chiffre d'affaires d'AISA n'a cessé de grimper pour atteindre 10 millions de dinars. Mais Tunisair ayant, au lendemain du 14 janvier 2011, et sous la pression de l'UGTT, remis en question sa politique d'externalisation de toutes les activités ne constituant pas le cur de son métier, entamée dans les années 2000 ce qui s'est traduit par le retour dans son giron de ses filiales externalisées (Tunisair Express ex-Sevenair, Tunisair Handling et Tunisair Technics)- il était clair que tôt ou tard le glas allait sonner pour AISA. De fait, cédant à la pression de son syndicat (affilié à la plus ancienne centrale, l'Union générale Tunisienne du Travail), la compagnie nationale de transport aérien a conclu le rachat des parts de ses deux partenaires, devenant ainsi l'unique actionnaire d'Aviation IT Services Africa. En conséquence de quoi, le directeur général, Mohamed Ali Amarag a décidé démissionner. Il est remplacé à son poste, à titre intérimaire, par Chiheb Ben Ahmed, directeur général adjoint de Tunisair en charge des questions techniques. Toutefois, le nouveau PDG de Tunisair, Rabah Jerad, qui a accepté de reprendre le contrôle d'AISA, a obtenu que cette société reste en dehors du périmètre de Tunisair pendant encore une année. Dans l'espoir, peut-être, que la donne change entretemps et lui permettre éventuellement de relancer le partenariat avec SITA.