Décidemment, le capitalisme chinois n'a pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Ils se sont convertis à la vertu du capitalisme il n'y a pas si longtemps, mais on a l'impression qu'ils y sont depuis toujours. Le dernier acte en date, c'est la promulgation d'un nouveau règlement, depuis le 15 août dernier, qui ouvre un peu plus le secteur de l'aviation civile aux investisseurs privés chinois. Au terme de ce règlement, «les entreprises non publiques ont désormais le droit d'investir dans de nombreux secteurs liés à l'aviation civile». Selon les entreprises concernées, ce règlement favorise, d'une part, les initiatives des investisseurs chinois, et, d'autre part, le développement général de l'aviation civile. Rappelons qu'en 2002 déjà, la Chine avait fait un premier pas vers l'ouverture aux capitaux non publics avec son «règlement d'investissement dans l'aviation civile pour les entreprises étrangères». Cela signifiait déjà en d'autres termes que les sociétés étrangères pourraient investir dans l'aviation civile chinoise. Et trois ans plus tard, la porte s'ouvre complètement donc pour les capitaux non publics. Ce n'est donc pas par hasard que le chef du département des politiques et des lois de la Gestion de l'aviation civile, Yuan Yaohui, a souligné que «l'ouverture aux capitaux chinois non publics est une nécessité pour l'aviation civile chinoise. Car face aux besoins immenses de développement de ce secteur, l'investissement croissant de l'Etat chinois n'est pas suffisant. Pour relever ses défis présents et futurs, l'aviation civile chinoise doit pouvoir compter sur l'ensemble des milieux de la société chinoise ». Selon les paroles d'expert, la levée des contraintes d'investissement sur les capitaux chinois non publics devrait dynamiser les initiatives et la participation du gouvernement, des localités et de l'ensemble de la société. Et Yuan Yaohui de préciser : «A la mise en vigueur de ce nouveau règlement, les capitaux de différentes sociétés pourront être investis dans l'aviation civile, y compris les capitaux des sociétés privées. En même temps, la Chine ouvre ce secteur à différents capitaux dans tous les domaines sauf pour les systèmes de gestion du trafic aérien, les aéroports publics ou encore la réparation aéronautique». Est-ce pour autant l'ouverture est totale ? Pas vraiment, puisque malgré ce nouveau règlement entré en vigueur le 15 août, des contraintes existent toujours pour les investisseurs privés ; contraintes qui permettent de garantir à l'économie publique une place principale dans l'aviation civile chinoise, selon la gestion de l'aviation civile. Primo, le système de gestion du trafic aérien reste entre les mains de l'Etat, d'autant que les pouvoirs publics chinois considèrent que le contrôle de l'espace aérien est important pour l'Etat, et que la gestion du trafic est étroitement lié à la sécurité de l'Etat Secundo, le nouveau règlement stipule que «les trois plus grands groupes chinoises d'aviation civile, la Société Internationale de l'aviation civile de la Chine, la Société Orientale de l'aviation civile et la Société du Sud de l'aviation civile, restent à la charge de l'Etat ou contrôlés par des capitaux publics. Par contre, les six autres sociétés aéronautiques chinoises peuvent bénéficier de capitaux privés. Tertio, les aéroports provinciaux, municipaux, ceux des régions autonomes, et ceux des neuf villes de Shenzhen, Xiamen, Dalian, Guilin, Shantou, Qingdao, Zhuhai, Wenzhou, Ningbo, doivent tous rester également à la charge de l'Etat. Cela laisse quand même aux investisseurs privés les 90 autres aéroports du pays. Bien entendu, les entreprises privées chinoises ont accueilli ces nouvelles règles avec enthousiasme car elles sont très intéressées depuis quelques années par les perspectives de développement de l'aviation civile qui recèle d'importante marge de progression. Trois entreprises privées, dont la société Chunqiu, ont déjà été créées, et plusieurs lignes ont été ouvertes Les experts estiment que «cette ouverture va accélérer la création d'entreprises privées et sans doute ébranler le monopole des entreprises nationales dans l'aviation civile chinoise. Mais qu'en même temps, la réforme du système en ressortira gagnante».