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L'initiative PPTE, un véritable somnifère pour les pays en développement
Publié dans WMC actualités le 30 - 10 - 2006

Ils sont tous sous-développés et courent depuis des années pour être éligibles à la nouvelle trouvaille de l'Occident pour aider les Nations pauvres à se débarrasser du lourd fardeau de leur dette. Il s'agit bel et bien de l'Initiative d'annulation de la dette en faveur des pays pauvres très endettés, communément désignée l'initiative PPTE. La plupart de ces pays sous-développés et pauvres en même temps sont bien avant passés par le Programme d'ajustement structurel et bien d'autres sortis de laboratoires des Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Aujourd'hui, le discours a changé et l'on parle de plus en plus de l'Initiative PPTE, comme remède miracle pour adoucir le poids de la dette du tiers-monde. Ne serait-elle pas alors un simple somnifère tendu aux pauvres pour mieux les assujettir ?
La crise d'insolvabilité du Mexique dans les années 1980 a marqué un grand tournant dans le traitement de la dette extérieure des pays du tiers-monde au niveau de grandes instances financières internationales. Par la même occasion, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale -deux Institutions de Bretton Woods- ont vu leur rôle sensiblement amélioré dans le traitement de grandes questions financières internationales. Avec le problème soulevé par le Mexique, relayé plus tard par l'Argentine, puis une bonne partie des pays du tiers-monde, incapables de faire face au service trop alourdissant de la dette extérieure, le FMI mis en place une potion magique pour les aider à sortir du bourbier de la dette.
De commun accord avec des créanciers bilatéraux et multilatéraux qui lui ont donné d'agir en leur nom, le FMI inaugura au début des années 1980 le Programme d'ajustement structurel. Il s'agissait, pour les macroéconomistes du FMI et experts des laboratoires financiers bien climatisés, de contraindre les pays du tiers monde en proie à la dette à une série de réformes pour accroître leur capacité à rembourser.
Des coupes budgétaires seront alors opérées dans plusieurs pays, car pour les techniciens du FMI, c'est dans la demande que l'on devrait agir pour augmenter la capacité de l'Etat à faire des économies susceptibles de l'aider à faire face au service de la dette. La République démocratique du Congo est également passée par là, avec la très controversée «politique de la rigueur», menée savamment, mais avec des conséquences dramatiques sur l'économie, par l'ex-premier ministre Kengo wa Dondo.
Après une expérimentation en grandeur nature sur un échantillon représentatif des pays du tiers-monde, les prédictions des experts de Washington ont vite été balayées. Car, les résultats sur terrain ont été plus que catastrophiques.
Aucun pays soumis aux dures contraintes des Programmes d'ajustement structurel n'a après dix années de programme relevé sensiblement sa situation économique et financière pour rendre «soutenable» -c'est le terme consacré- la dette extérieure. Le tiers-monde avait donc besoin d'un autre remède. Le temps d'en trouver un autre. Les pays, dits les plus riches du monde, réunis au sein du cartel, appelé G7 au départ puis G8, avec l'arrivée de la Russie, devanceront les experts du FMI et de la Banque mondiale en invitant un terme pour le mois prosaïque.
C'est la naissance de l'Initiative Pays pauvres très endettés. Dans ses principes, l'initiative PPTE est destinée, à soumettant les pays en développement trillés sur la liste à un programme aux contraintes multiples et complexes.
LES PAYS RICHES ENTRENT DANS LA DANSE
Pour y arriver, les pauvres - bien que démunis - doivent se soumettre à un examen à trois niveaux. Le premier, c'est pour son inscription sur la liste des inscrits à l'initiative. Le deuxième pour son admission après avoir atteint le point de décision. Le troisième enfin, c'est le test final ou le point d'achèvement qui est censé déclencher définitivement la machine d'annulation de la dette.
En juin 1999 au G7 de Cologne, les argentiers du monde s'étaient engagés à répondre positivement à la pétition de 17 millions de signatures (la plus grande de toute l'histoire de l'Humanité) déposée par la coalition jubilé 2000: 90% de la dette des pays pauvres devaient être annulés au cours de l'année 2000, grâce à l'application de l'initiative PPTE. L'effort annoncé s'élevait à 100 milliards de dollars. Plusieurs pays annonçaient jusqu'à 100% d'annulation. Pourtant derrière ces effets d'annonce, se cache une initiative complexe n'aboutissant pas à une réduction significative de la dette des pays pauvres. Afin que la pertinence des dérapages de cette initiative soit plus claire, voyons plus clairement ses principes avant de passer à ses paradoxes, contradictions et la duperie qui la caractérisent.
Le principe de l'initiative est le suivant : un pays de la liste PPTE peut se lancer dans une double phase de trois ans de reformes d'ajustement structurel. Au bout de la première phase de trois ans, les experts du FMI jugent de la «soutenabilité» de la dette du pays en question (à partir des projections à moyen terme de la balance des paiements du pays et de la comparaison entre la valeur de sa dette et la valeur de ses revenus d'exportation). Si la dette du pays est jugée «insoutenable», il est élu pour une seconde phase de reformes. Au terme de celle-ci, il reçoit si nécessaire un allègement destiné à rétablir la «soutenabilité» de son endettement (c'est-à-dire la capacité de rembourser les éché ;ances).
Face à la faiblesse de ces résultats et à la campagne Jubilé 2000, le G7 et les institutions financières internationales ont lancé une initiative renforcée : les critères de «soutenabilité» sont désormais assouplis (la dette ne doit plus valoir que 150% des revenus d'exportation et non 200-250% auparavant), la deuxième phase devient «flottante» (un bon élève peut accélérer les reformes et accéder à un allègement plus rapidement) et une «aide intermédiaire» peut être octroyée au pays après la première phase triennale de réformes.
CHANGEMENT DE VOCABLE
Parallèlement, le FMI et le Banque mondiale modifient leur vocable, devenu trop impopulaire : les prêts du FMI, appelés jusque là «Facilité d'ajustement structurel renforcée», sont rebaptisés «facilités pour la croissance et la réduction de la pauvreté» tandis que les «plans d'ajustement structurels» se nomment désormais « cadre stratégique de lutte contre la pauvreté».
Tout d'abord la première liste des PPTE se limitait à 41 pays dont la dette cumulée ne représentait que 10% de la dette du Tiers-monde. Ensuite, seuls les pays jugés « politiquement corrects » ont eu droit à un allègement. Il en résulte que le nombre de pays élus et la part de dette prise en compte pour un allègement sont très faibles. Vu la liste des pays éligibles, pour un allègement, la majorité des pays pauvres ne sont pas concernés par cette initiative. En effet, 80% de pauvres vivent dans 12 pays (Inde, Brésil, Chine, Nigeria, Indonésie, philippines, Ethiopie, Pakistan, Mexique, Kenya, Pérou, Népal). Or seuls le Kenya et l'Ethiopie font partie de la liste des PPTE.
Un pays tel que le Soudan n'a pas eu accès à l'initiative, car il n'a pas été jugé d' « un pays ami ». La dette est donc utilisée comme un levier géopolitique, ce qui explique que l'Ouganda, allié des Etats-Unis en Afrique, est le premier recevant les meilleures conditions d'allègement (c'est d'ailleurs le seul pays à être arrivé au terme de l'initiative début 2001). L'accès à l'allègement est conditionné à l'application de deux phases de reformes d'ajustement allant de trois à six ans. Bien que rebaptisées «cadre stratégique de lutte contre la pauvreté», les reformes économiques restent les mêmes que celles jusqu'ici appliquées au sein des programmes d'ajustement structurel.
LE TEMPS DE L'ASSUJETTISSEMENT
Lancée en 1996 et « renforcée » par après en 1999, l'initiative PPTE est un véritable somnifère pour les pays en développement, affirment unanimement plusieurs observateurs. Le Cameroun, par exemple qui vient d'atteindre en mai 2006 le point d'achèvement, six ans après son admission à ce programme, est plus que désemparé.
Dans le pays de Paul Biya, le débat est houleux autour de la nécessité du Cameroun de demeurer encore sous le joug du FMI et de la Banque mondiale qui ont pratiquement pris en otage toute l'économie d'un pays. D'abord, c'est au niveau de la gestion même des fonds PPTE destinés prioritairement à financer les projets et programmes dans les secteurs sociaux tels que l'éducation, la santé, etc.
C'est que les experts de ces institutions appellent « dépenses pro pauvres ». Mais, pour y avoir droit, le FMI et la Banque mondiale ont pris en place un mécanisme aux contours parfois mystérieux parce que complexes et compliqués à la fois, dépouillant la possibilité d'utiliser les fonds PPTE sans obtenir préalablement l'autorisation de l'expert mandaté du FMI. Où est alors la souveraineté du pays ? Etait-ce là le prix à payer pour rendre la dette «soutenable».
Pour les camerounais, le fait pour le pays d'avoir atteint le point d'achèvement signifie également l'achèvement de tout projet de développement. Ils justifient leur position par une anecdote. En effet, à Kribi, où nous avons assisté du 19 au 213 à la première Académie d'automne de l'Afrique centrale, il existe une terrasse, genre débit de boissons, appelée «Point d'achèvement».
La terrasse a existé bien avant que le Cameroun n'accède en mai dernier au point d'achèvement à l'initiative PPTE. Pour les camerounais, cette terrasse est le point de rencontre de toute personne en état d'ébriété fort avancée, donc incapable à se hasarder à une autre prise de la bière. C'est pour eux, donc, un lieu où l'on ne peut plus se risquer à consommer encore davantage de la bière. Ce lieu consacre la fin d'une aventure, mettant fin à toute tentative d'aller plus loin.
Comme avec le point d'achèvement -pris dans le contexte de la terrasse camerounaise- le point d'achèvement de l'initiative PPTE est un arrêt à toute tentative d'aller plus loin. Il est pour les tiers-monde le point d'abdication ou de renoncement à tout projet de développement sans assistance extérieure. Car, toute personne ivre, fatiguée après avoir tout pris et tout tenté, comme c'est le cas des pays pauvres très endettés, est supposée recourir à un tiers pour se relever, marcher et pouvoir se tenir. C'est cela aussi le point d'achèvement, selon les Institutions de Bretton Woods ; un point qui met fin à toute liberté d'action, un point qui vous soumet désormais à l'assistance extérieure pour tenir, un point qui ne vous laisse plus les mains libres pour agir. Bref, un véritable somnifère pour les pays pauvres très endettés.
RESULTATS MITIGES
Malgré la répétition des effets d'annonces, les résultats concrets sont tellement maigres que les institutions de Bretton Woods et les gouvernements des pays les plus industrialisés éprouvent du mal à «cacher l'ampleur de la supercherie». L'initiative PPTE n'a pas amélioré les conditions politiques et sociales du développement. Au contraire, l'Afrique après son application est sortie encore plus endettée et plus appauvrie. Et d'après les considérations du Rapport 2004, cette initiative n'a pas non plus réussi à rendre le fardeau de la dette «soutenable».
Pour preuve, tout récemment, les pays les plus riches ont décidé enfin, sous l'impulsion de la Grande Bretagne, d'annuler la dette d'une partie des pays les plus pauvres, tout ceci assortis de conditionnalités pour le reste qui doit attendre de voir si la providence permettra que leurs dettes soit aussi annulées.
Attendons voir la suite, car en fait cela ne résout pas le déséquilibre des rapports Nord-Sud et la seule annulation de la dette restera une goûte d'eau dans la mer tant que les pays riches continueront à piller les pauvres du Sud et continueront à déréglementer les termes de l'échanges, en maintenant en otage l'Organisation mondiale du commerce.
Source : Le Potentiel (Kinshasa), publié sur le web le 2 Octobre 2006


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