Avec l'émergence sur le marché de l'emploi de nouveaux essaims de demandeurs d'emplois recrutés, essentiellement, dans les rangs des diplômés du supérieur, le gouvernement n'a d'autre alternative que d'encourager la création du maximum de projets générateurs d'emplois et de sources de revenus. Objectifs retenus pour 2007 : créer 14.000 entreprises et pas moins de 80 mille emplois. Parallèlement à cet effort, l'accent sera mis, au cours de cet exercice, sur l'adaptation des qualifications de ces chômeurs «new look» aux exigences du marché de travail. Une attention particulière sera accordée à la formation et à l'initiation non seulement à la vie professionnelle mais également à la vie entrepreneuriale (travail indépendant) à travers la dynamisation des mécanismes mis en place et la création de nouveaux. Au nombre des nouveautés, celle annoncée le 7 novembre par le chef de l'Etat. Elle porte sur la création du «stage d'initiation et d'adaptation à la création d'entreprise (SIACE)», désormais le nouveau laisser/passer qu'une nouvelle génération de promoteurs se doit de détenir pour survivre et intégrer dans des conditions acceptables la vie active. Selon les initiateurs de ce mécanisme, les jeunes, souhaitant créer des projets individuels, seront parrainés par les entreprises qui auront à les aider à se familiariser avec les milieux d'affaires et à s'initier à la gestion des entreprises, et ce, pour une durée maximale d'une année renouvelable une seule fois au cours de laquelle l'intéressé bénéficiera des mêmes avantages que ceux qui sont octroyés dans les stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP). Autre nouveauté annoncée, la décision de «fournir des terrains au Dinar symbolique, pour encourager le secteur privé à la création de centres de travail à distance; et d'allouer une subvention d'investissement égale à 20% du coût du projet, sur le Fonds de développement des communications». Ces nouvelles initiatives viennent s'ajouter aux mécanismes existants : le fonds de promotion de l'emploi 21-21, le SIVP, la microfinance (microcrédits accordés par la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et les associations conventionnelles ), et pour ne rien oublier, les substantielles incitations à l'investissement instituées en faveur de pas moins de 200 zones prioritaires. A titre indicatif, le budget économique 2007 estime à 70 mille demandeurs d'emploi qui vont bénéficier des interventions du Fonds de promotion de l'emploi 21-21. Sur ce total, 25% seront recrutés parmi les diplômés du supérieur sans emploi. Pour leur part, la BTS et les associations spécialisées dans la microfinance accorderont, en 2007, respectivement 8.000 et 38.000 microcrédits à des fins d'installation des bénéficiaires pour leur propre compte. D'autres décisions ont été prises pour promouvoir l'embauche de cette nouvelle génération de chômeurs. Il s'agit de les préparer à intégrer, dans de bonnes conditions, «la nouvelle économie» qui exige entre autres l'apprentissage d'au moins deux langues étrangères et la maîtrise de l'outil informatique. Il s'agit aussi de s'initier à des nouveaux métiers de voisinage générés par la modernité. Parmi ces métiers, figurent l'encadrement, les activités de loisirs, de prise en charge et d'assistance aux personnes âgées, ainsi que les services de soutien scolaire aux élèves. Si l'ensemble de ces mécanismes ne fonctionnent pas et n'aident pas à atteindre les objectifs fixés, la Tunisie sera confrontée à un scénario dramatique. Si on croit la note d'orientation de la prochaine décennie (2007-2016), en cas de maintien des taux de croissance actuels, soit une croissance potentielle annuelle de 4,5% durant le XIème Pan (2007-2011) et de 4,8% durant le XIIème Pan (2012-2016), les créations d'emploi sont estimées à 69 mille emplois par an, ce qui permettrait de couvrir, seulement, 79,3% des demandes additionnelles. Les conséquences d'un tel scénario sont le moins qu'on puisse dire désastreuses. Le taux de chômage, actuellement de 14,2%, serait aggravé et porté à 15,2% en 2011 et à 15,3% en 2016. Le chômage toucherait particulièrement les diplômés du supérieur. Ces derniers, estimés en 2006 à 16% de la population active, en représenteraient 21,6% en 2011 et 26,1% en 2016. Conséquence : cap sur la croissance à des taux plus élevés (+6%) durant la prochaine étape et sur la création du maximum d'entreprises. Le gouvernement tunisien en est conscient, mais est-ce suffisant ? La création d'emplois est une responsabilité collective. Le secteur privé ne semble pas trop y croire. Abordant cette délicate question lors de leur récent congrès, les patrons estiment qu'ils ne peuvent pas recruter et créer de l'embauche tant que le coût du licenciement demeure trop élevé. Ils revendiquent une plus grande flexibilité du marché du travail, voire zéro réglementation. Certains poussent l'humour (noir) jusqu'à prétendre que «le travailleur tunisien est le meilleur travailleur du monde pour peu qu'il ne soit pas titularisé». Sans commentaire !