Extraordinaire mois de septembre. Pour le petit père de famille, c'est le plus difficile de l'année. Et en 2007, c'est encore pire ! « Plus pire» diront, sans sourciller, quelques uns de mes compatriotes, certains de leur parfaite maîtrise de la langue de Molière et des «choses de la vie». Septembre 2007 est exceptionnel. La fin de l'été, la rentrée scolaire et universitaire, les factures STEG et SONEDE et pour couronner le tout, le ramadan dont les dépenses sont incommensurables. Rien qu'en notant ces rendez-vous, inévitables, j'ai le tournis et je n'ai plus envie de continuer ma chronique. Comment faire face à une chronique quand on doit faire face à toutes ces dépenses ? Et dire que je viens de constater que je suis classé parmi les riches de ce pays et, qu'en théorie, je ne peux m'attarder à ces vulgaires détails matériels ! Je n'arrive d'ailleurs toujours pas à croire que ce document de l'INS (notre organisme chargé des stats) et l'analyse du ministère de la Coopération internationale, m'aient classés dans la catégorie des riches. Il semblerait même que nous soyons 775.000 à y être. Avec ma calculette, j'ai même constaté qu'un célibataire touchant le très maigre salaire de 334 dinars figure dans cette même catégorie des riches de ce pays. J'ai beau lire et relire le document en long et en large, lire les articles qu'a consacré mon cher Khemais Krimi dans l'Economiste et son confrère dans le Manager, je n'arrive pas à comprendre comment peut-on être riche à partir de 4.000 dinars de dépenses par an ! Je n'arrive pas à comprendre comment les 375.000 pauvres qui vivent avec mois de 400 dinars par an font face à toutes les exigences de la vie. Pour faire une simple «ojja» avec des ufs et de la patate, il faut dépenser plus ! Au prix où sont les pommes de terre (600 millimes le kilo) et où sont les ufs (105 millimes l'unité), le calcul est vite fait pour donner le tournis. Et pourtant ! Je suis classé comme riche par certaines institutions de mon pays ! De quoi m'interdire d'aller voir le boss et lui exposer notre éternel sujet de différends : l'augmentation ! Comment oserai-je lui demander cela, en prétextant le coût de la vie et de la rentrée, alors que je suis quelqu'un de riche ! Peu importe que je lui dise que ma facture Steg dépasse les 100 dinars, que la facture de la crèche dépasse les 600 dinars (authentique, je peux vous donner l'adresse de la crèche), que l'été m'a pris toutes mes économies, que la facture de ramadan risque fort d'être à quatre chiffres, peu importe que je lui dise cela, il n'en a que cure ! Je le vois déjà me dire : «Mais vous êtes un riche, mon cher RBH, comment donc osez-vous vous plaindre de ne pas pouvoir faire face à ces dépenses courantes et inévitables de la vie ?» Et il a raison ! Comment peut-on être classé comme riche et ne pas pouvoir faire face à la crèche de votre rejeton et à la facture de votre électricité. Et pourtant ! Cette rentrée, pire que ses précédentes, ne risque pas d'être gaie ! Et puisque le ramadan coïncidera à l'avenir avec l'été, celles de 2008 et 2009 seront encore pires. «Plus pire», je veux dire. Après tout, je suis riche, et en tant que tel, j'ai le droit de faire ce que je veux ! N'est-ce pas ? R.B.H.