Dans quels secteurs les Allemands investissent-ils en Tunisie ? 260 entreprises à participation allemande figurent dans les statistiques de l'APIE (Agence de promotion des investissements extérieurs ou FIPA dans la terminologie anglo-saxonne) pour l'année 2006, créant plus de 35.000 emplois avec un volume d'investissement total de 200 millions d'euros. L'Allemagne est ainsi, après la France et l'Italie, le 3ème pays investisseur en Tunisie. La répartition sectorielle des entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie fait ressortir la prédominance du secteur de l'industrie électrotechnique (58%), suivi de celui de la confection (25%).
L'investisseur allemand trouve-t-il un climat d'investissement favorable en Tunisie ?
Avec la mondialisation et la convergence des économies développées et en développement vers des modèles quasi similaires, essentiellement tirés par les exportations et les investissements extérieurs, la compétition entre les différents sites est devenue extrêmement dure. Il faut savoir que près de deux tiers des entreprises allemandes implantées en Tunisie disposent d'autres sites de production en dehors de la Tunisie. Ceci va de pair avec une comparaison permanente des conditions de production par ces sociétés, d'où l'importance de l'évaluation des avantages que leur offre la Tunisie.
Dans le cadre de l'enquête menée en 2006 par la CTAIC comme chaque année, auprès des entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie sur leur «situation et leurs perspectives», ces dernières ont déclaré, quant aux avantages comparatifs de la Tunisie en tant que site de production, apprécier :
- en grande majorité la stabilité politique et sociale (83%) - les avantages fiscaux consentis en Tunisie par rapport à des sites comparables (74%) ainsi que - la proximité de l'Europe (63%) ; - en outre, les coûts de production compétitifs (28%) jouent un rôle facilitateur pour les sociétés exportatrices. Les facteurs défavorables spécifiques à la Tunisie résident toutefois encore dans :
- une forte réglementation et rigidité de l'administration (53%), notamment les difficultés liées aux procédures d'autorisation, - une faible productivité de la main-d'uvre (44%), surtout dans le secteur textile (54%), contre 33% dans l'industrie électrotechnique et - un manque de personnel qualifié (41%). - La question des coûts de production est jugée très différemment en fonction des secteurs. 46% des entreprises du secteur du textile et de la confection déplorent le niveau élevé des coûts de production contre seulement 15% des entreprises du secteur électrotechnique. Parmi les autres facteurs considérés comme un désavantage figurent surtout : - les coûts de fret élevés dans la région méditerranéenne, - le manque de flexibilité du temps de travail, - les charges sociales élevées et - des difficultés en matière de télécommunication.
Ce qui veut dire nécessité d'améliorer les conditions d'installation et de travail des entreprises allemandes en Tunisie, même si dans l'ensemble la situation est positive.
A l'heure de la mondialisation, la Tunisie se trouve confrontée à plusieurs défis, dont le dossier textile est un exemple. Quel sera selon vous l'impact de l'expiration de l'accord multifibres sur le secteur textile au niveau des entreprises allemandes ?
En effet, le secteur textile passe par quelques difficultés, bien que la Tunisie ne soit pas le seul pays touché. La concurrence accrue des pays de l'Europe de l'Est (PECO) ainsi que l'expiration de l'accord multifibres ne font qu'accentuer la concurrence internationale déjà très difficile dans l'industrie textile.
Il faudra donc impérativement travailler à un niveau multilatéral pour que ce secteur ne soit pas menacé et ne s'effondre pas. Les résultats de l'enquête menée par la CTAIC auprès des entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie font d'ailleurs état d'une assez bonne capacité d'adaptation de la Tunisie dans ce domaine. Ainsi, l'industrie de la confection montre une nette tendance vers une augmentation de la valeur ajoutée locale ainsi qu'une amélioration de la qualité. Les ateliers de sous-traitance de confection de masse sont en difficulté, par contre les entreprises confectionnant du vêtement haut de gamme s'attendent à une amélioration de leur chiffre d'affaires et projettent même des extensions. Le meilleur exemple à ce niveau est le groupe de sociétés de la marque allemande Van Laack à Bizerte. Il existe donc encore des niches qui pourraient favoriser des investissements dans le textile tunisien. Il y a même eu de nouveaux investissements dans ce secteur. Il ne faut donc pas être trop pessimiste à ce niveau. Cela dit, il faut prendre conscience que les mutations nécessaires n'ont pas toujours été bien préparées.
Quelles pourraient être la contribution des IDE allemands au cours des prochaines années ? Avec un volume global d'investissement de 200 millions d'euros, les Allemands sont le 3ème investisseur étranger en Tunisie, après les Français et les Italiens, et le 2nd employeur (plus de 35.000 salariés). L'engagement allemand en Tunisie peut se prévaloir d'un plus : - Les entreprises à participation allemande ont, à partir des années 90, dépassé l'effet purement quantitatif sur l'emploi pour aboutir à une amélioration de la qualité du travail en investissant dans la formation en entreprise. Elles représentent aujourd'hui un pilier important pour le projet de pérennisation de la formation professionnelle selon le modèle allemand de formation en alternance. - Par ailleurs, la tendance va nettement vers une augmentation de la valeur ajoutée locale. Dans le secteur de l'habillement, on enregistre une amélioration de la qualité et une intégration croissante vers une co-traitance (délocalisation de la coupe, de l'approvisionnement et des services logistiques) et de propres collections, bien loin de la sous-traitance passive, où la seule valeur ajoutée locale consistait en la couture (simple montage) de pièces importées prédécoupées. Les entreprises du secteur électromécanique délocalisent également une plus grande partie de leurs activités et notamment le développement vers la Tunisie. Dans le secteur des composants automobiles, par exemple, divers produits spécialisés ainsi que des systèmes entiers sont déjà fabriqués en Tunisie. Le fait qu'un grand nombre d'ingénieurs diplômés des universités allemandes soient disponibles pour assumer des responsabilités de direction est particulièrement favorable aux entreprises allemandes de cette branche.