Pour débattre de la problématique hydraulique en Tunisie, des nouveautés technologiques relatives au secteur et du développement des énergies renouvelables dans le dessalement des eaux, la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux, sous l'égide du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, a organisé le 30 juin et 1er juillet 2008, dans un hôtel de la banlieue nord de Tunis un séminaire intitulé : «Le dessalement des eaux : Percées Technologiques et Maîtrise des Coûts», ce qui a permis, à un public venu nombreux appréhender la stratégie des responsables de la SONEDE pour assurer, dans les décennies à venir, la disponibilité d'une denrée vitale à la survie des nations, de saisir l'importance de la planification dans la gestion de nos ressources hydrauliques, l'urgence de l'utilisation des eaux épurées, traitées et la portée du programme national de dessalement en cours. Le dessalement en Tunisie, quel avenir ? Ouvrant la première session du séminaire, et après avoir souhaité la bienvenue aux participants, Monsieur Mohamed Ali Kwaja, Président Directeur Général de la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux, a mis en relief l'intérêt, désormais mondial, pour le secteur hydrique, la fragilité des nappes phréatiques en Tunisie dans un contexte climatique, dans son ensemble, aléatoire et la concentration d'une pluviométrie régulière cantonnée exclusivement au nord du pays, ce qui met les pouvoirs publics, renchérit notre interlocuteur, au défi de faire face aux besoins des autres régions où la météo annonce rarement la manne du ciel. « Notre potentiel des ressources en eau s'élève à 4,6 milliards de m3/ an dont 54% seulement ont une salinité inférieur à 1,5g/l (salinité relativement élevé) et 86%, localisées dans le nord, assurant ainsi 460m3/an/habitant ( capacités limitées) », affirme, dans son intervention, Monsieur Mohamed Zaara, Directeur du Dessalement et de l'Environnement à la SONEDE, qui rappelle la volonté des autorités, afin d'atténuer le déséquilibre dans la répartition régionale des ressources hydrauliques, de développer le dessalement des eaux saumâtres, d'élever le nombre des stations d'épuration de 50 à 98 et d'accélérer la mise en uvre du système de transfert d'eau, visant à subvenir aux besoins de tous les usagers en quantité et qualité requises. A la fin de son intervention, notre vis-à-vis a évoqué l'expérience tunisienne dans la maîtrise des technologies de dessalement, adaptées au contexte local, mis en exergue l'implication de l'Université et des laboratoires de recherches, à travers l'insertion de modules relatifs à la problématique hydraulique dans des programmes de masters, dans le développement du secteur et appelé les entreprises privées à prendre en charge, via des incitations financières fiables, l'exploitation des stations de dessalement pour leurs propres comptes ou celui des autres, ce qui permet à l'Etat de recentrer ses efforts vers l'identification des zones d'intervention, l'établissement des études et repérages des projets et l'ancrage d'une législation à même de favoriser l'essor de petites et moyennes entreprises spécialisées dans la réalisation d'unités de dessalement et de coordonner la relation entre les différents intervenants dans le secteur. Financements et percées technologiques De nos jours, l'eau, considérée comme un bien social et économique, est l'objet, en Tunisie, d'une gestion rationnelle et d'un suivi continu pour déterminer les charges directes de la production, détecter d'éventuelles anomalies dans l'organisation des rendements des pompes et apprécier un coût de revient (le m3 d'eau vendu pour l'année 2006 est calculé à 595 millimes/m3), constitué des différentes composantes inhérentes à l'exploitation (solaires, énergies, produits chimiques ). «Le réseau de production de la région du sud-est du pays -renfloué avec la mise en service des stations de dessalement de Gabès, de Zarzis et de Djerba- compte désormais 190000 abonnés, enregistrant, à la fin 2006, une nette augmentation du prix de revient, ce qui influencé les tarifs de la SONEDE dont le prix de vente moyen est passé de 346 millimes/m3 en 1994 à 455 en 2006 soit une évolution de 2,6 par an», assure M. Kamel Fethi, ingénieur spécialisé dans le génie électrique et directeur de production à la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux, qui rappelle les percées technologiques dans les procédés de dessalement, la place des énergies renouvelables dans les pays disposant de gisements éoliens et d'ensoleillement et les progrès substantiels effectués, un peu partout dans le monde, en matière de récupération d'énergie. Pendant le débat, la plupart des intervenants ont présenté le dessalement comme l'une des solutions éprouvées et sûres pour la mobilisation des ressources en eau supplémentaires, la compétitivité des coûts de production en comparaison avec les techniques classiques et l'utilisation des capacités hydriques non conventionnelles afin de désenclaver le milieu rural, de satisfaire une demande en eau potable excessive en été et de susciter des vocations dans le secteur privé pour assurer des prestations d'exploitation et d'entretien dans un domaine prometteur, objet de toutes les convoitises dans les décennies à venir, conclut l'un des participants au séminaire qui appelle l'Etat à prioriser, dans ce domaine, le partenariat international, à exiger la rémunération minimale des capitaux investis et à cibler la restructuration des personnels administratifs à la lueur des mutations annoncées dans le domaine de la tarification et des services.