Webmanagercenter: Comment Peugeot vit-elle la crise économique? Jean-Philippe Collin: 2008 est une année difficile pour l'automobile. Nous avons, bien entendu, eu un peu plus de difficultés dans la deuxième partie de l'année qui est très difficile sur tous les marchés alors que pour la première partie de l'année, il y avait quelques marchés importants pour Peugeot qui ont basculé dans le négatif comme l'Espagne, le Royaume-Uni ou l'Italie. La crise s'est malheureusement répandue de façon assez uniforme en Europe mais on peut dire aussi dans le monde : la Russie, l'Amérique du Sud, la Chine Ceci ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur les constructeurs même les meilleurs et donc nous avons bien entendu à faire face aux conséquences de la baisse des demandes. Quelles sont les décisions les plus importantes que vous avez prises pour faire face la régression du marché automobile? Nous avons décidé de baisser notre production. Nous étions parmi les premiers à le faire aussi rapidement d'ailleurs : la plupart de nos usines en Europe seront fermées à partir de la semaine prochaine (semaine 49) et rouvriront leurs portes vers le 5 janvier 2009. Nos concurrents sont en train de prendre les mêmes décisions; nous savons que ceci aura des conséquences à court terme sur le monde de la sous-traitance des composantes de l'automobile. Nous ne pouvons le nier, ce serait d'ailleurs irréaliste. Pensez-vous que cette crise durera? Le premier trimestre semble malheureusement faible sur l'ensemble des marchés, même ceux de l'Amérique du Sud et le marché russe; le deuxième trimestre le sera aussi. Il est très difficile de parler de prototypes au deuxième semestre. Cependant, nous restons optimistes sur le moyen terme. Pour le groupe PSA et en particulier Peugeot, nous comptons lancer des véhicules de conquête en 2009, c'est-à-dire des véhicules appartenant à des segments d'automobile sur lesquels nous n'existions pas. Il y en a deux, le premier c'est un véhicule que nous avons exposé au Salon Mondial de l'Automobile de Paris, qui est en fait un «cross-over». Quant au deuxième, c'est un monospace. Peugeot compte introduire le cross-over au printemps 2009 et le monospace en automne de la même année. Nous avons choisi d'avoir un positionnement extrêmement économique et écologique pour ces deux véhicules, puisque le cross-over sera le moins émissif sur le marché et ça sera de même pour le monospace. Nos produits sont aujourd'hui très bien placés en matière de consommation d'hydrocarbures, ce qui constituera un facteur décisif pour l'acheteur potentiel en ces temps de crise. Le coût d'utilisation sera un facteur clé, et là, nous sommes très bien positionnés avec des chiffres qui sont tout à fait élogieux par rapport au marché. Un seul chiffre : une voiture sur six en Europe, en dessous de 125 gr de CO2, est une Peugeot, c'est exactement deux fois notre part totale de marché sur l'Europe. Instantanément, la législation n'autorisera plus la circulation des véhicules en dessus de 125 gr de CO2. Ceci nous permettra de multiplier par deux notre part de marché. Nous restons vigilents. Nous continuons à investir de manière substantielle dans le développement de nos produits. Nous introduisons de nouveaux produits sur le marché. Il y a des moments difficiles à passer. Des discussions ont aujourd'hui lieu en Europe sur la relance de la demande à court terme. Plus que la crise économique, il existe une crise de confiance de la part des consommateurs liée entre autres aux crédits. Car un véhicule est souvent acheté à crédit. Ce manque de confiance par rapport aux crédits est l'une des conséquences de la crise financière. Le premier signe de la fin de la crise sera la reprise de la confiance. Quel avenir pour l'industrie automobile en ces temps troubles? Il est difficile de faire des prévisions surtout en ce qui concerne l'avenir, ce n'est pas moi qui le dis, c'est Woody Allen. On pense malheureusement que les premier et 2ème trimestres seront difficiles. Nous restons optimistes pour le 3ème trimestre. Ce que nous faisons actuellement, c'est de nous préparer à tous les scénarios possibles y compris ceux qui sont optimistes et qui envisagent une reprise rapide. On sait que dans une météo difficile, il est important de saisir toutes les opportunités. Est-ce que l'Afrique pourrait présenter un marché alternatif à l'Europe ? Dans une crise, il faut retourner toutes les pierres et étudier toutes les opportunités. Peugeot est présent dans 166 pays sur le plan commercial. Nul ne doute que 166 pays c'est 166 risques ou 166 opportunités. Bernd Schantz, notre directeur du Commerce international, n'a jamais autant voyagé parce que, justement, il faut aller chercher les opportunités. Le commerce c'est cela : ne pas se lamenter sur les risques mais les contrôler et surtout être le premier à sortir de la crise le plus vite et en plus fort. Je pense que dans chaque crise il faut une bonne préparation. Il faut être bien armé. Deuxième facteur très important, c'est la réactivité, je crois que la crise est dure mais les opportunités restent un facteur clé dans la situation actuelle. Ce que nous pouvons observer aujourd'hui, c'est que le Maghreb se porte plutôt bien comme marché dans le cadre de la crise mondiale dont on souffre aujourd'hui; donc, nous allons bien sûr nous focaliser sur cette zone et essayer de profiter des opportunités qu'elle présente. Je viens de prendre la température pour le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, ces pays se portent relativement bien compte tenu du contexte général, donc nous allons les suivre particulièrement. Qu'en est-il du marché tunisien en particulier ? Nous présentons des offres de produits parfaitement adaptées au marché tunisien. Nous sommes très confiants en la capacité de la STAFIM à gérer la situation. Je suis particulièrement satisfait et optimiste par rapport au marché tunisien, c'est un marché de très grande maturité.