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"Il faut opter pour des produits bancaires sains et clairs que l'investisseur peut comprendre"
Publié dans WMC actualités le 24 - 03 - 2009

Webmanagercenter : Vous avez déclaré, il y a quelques mois que le système financier français était solide et qu'il pouvait faire face à la crise. Est-ce toujours le cas ?
Christian Noyer : Oui, c'est toujours le cas. Si je mets à part le cas de Dexia qui n'est pas une banque française mais une banque franco-belgo-luxembourgeoise dont le centre était à Bruxelles et qui a été capitalisée plus fortement par les différents gouvernements. Toutes les banques françaises ont des fonds propres tout à fait suffisants et ont une capacité avec leurs bénéfices naturels à absorber les pertes venant des difficultés américaines et des actifs à problèmes en provenance titrisation des Etats-Unis. L'aide offerte par le gouvernement pour ce qui est du complément de capital était uniquement pour leur permettre de continuer à assurer leurs activités de crédits dans une période où les marchés fournissent difficilement des fonds propres.
C'est dû à une perte de confiance ?
Je ne crois pas que c'est dû à une perte de confiance. Je pense tout simplement que lorsqu'une banque veut augmenter ses activités de crédits et son bilan, elle a besoin d'augmenter en parallèle ses fonds propres. Si le marché ne permet pas de recueillir des fonds propres complémentaires, à ce moment là, c'est aux Etats d'intervenir en apportant un petit complément.
Juste après le déclenchement de la crise, on a remarqué que certaines banques françaises se replient sur elles-mêmes, il y a eu baisse du crédit.
Ceci s'explique. D'une part, dans une période économique difficile où le risque de défaillance d'entreprises augmente, les banques deviennent un peu plus frileuses et hésitantes. Et puis, deuxièmement, les difficultés de circulation de la liquidité ont été réelles. En France par exemple, les SICAV monétaires sont un grand apporteur de liquidités. D'une façon générale, ces instruments de marché en apportaient beaucoup aux banques et souscrivaient des certificats de dépôt à trois et six mois. Ils étaient un fournisseur de refinancement des Banques centrales. Or, il se trouve qu'elles ont commencé à raccourcir leurs prêts et leurs dépôts et s'orienter vers les bons du trésor. Par conséquent, il y a eu incontestablement des tensions par rapport aux liquidités. C'est pour cela que les Banques centrales de l'Euro-système ont cherché à contrecarrer ces évolutions défavorables en améliorant le financement des banques. C'est pour cela également qu'elles sont progressivement allées vers de plus en plus de refinancement des banques à trois mois et à six mois au lieu de huit jours.
Lorsque la crise s'est aggravée en septembre 2008, elles ont finalement décidé de passer à des opérations de refinancement à taux fixe et à montant illimité pour briser la psychose un peu négative des banques.
En fait, cette ruée vers l'acquisition des fonds souverains de par le monde, ne serait-elle pas dangereuse ?
Je pense qu'on a vécu effectivement une course à la montée des fonds propres avant d'avoir fait la clarté sur les bilans. C'est ce qui est arrivé dans quelques pays. Il faut reconnaître que la ruée vers les fonds souverains a été le fait des banques d'investissement américaines avant qu'elles n'exposent toutes les difficultés, très graves du reste, qu'elles avaient. C'était sans doute une mauvaise expérience pour certains fonds souverains, les banques anglaises et les banques suisses. Ce sont les pays où les systèmes bancaires ont été les plus exposés et les plus affectés. Ils ont souffert le plus. Je crois que les fonds souverains doivent être sollicités au même titre que tous les autres investisseurs lorsqu'il y a de bonnes opérations de complément de capital à faire.
Pour ce qui est du développement des banques, ce que nous voyons principalement en Europe continentale, c'est que celles-ci, qu'elles soient situées en France ou dans d'autres pays européens proches de la Méditerranée, sont suffisamment capitalisées, mais qu'elles ne peuvent plus faire appel aux marchés pour augmenter leurs fonds propres et accompagner une politique de crédit. Le risque de rétraction du crédit étant assez fort, il est utile que les investisseurs privés, qui souhaitent le faire, s'en acquittent, en attendant que les gouvernements apportent un petit complément de fonds propres.
Le phénomène de psychose persiste quand même. Sur la place de Tunis, nous entendons dire que les banques françaises qui ont des participations dans des banques tunisiennes ont appelé à plus de prudence quant à l'octroi des crédits. Si cela se passe de cette manière à Tunis, on présume qu'en France cela doit être plus accentué. Y a-t-il des mesures tendant à rassurer les banques ?
Tout d'abord, il faut savoir que toutes les banques qui étaient engagées dans des activités internationales ont subi les soubresauts de la crise même si c'est très limité par rapport à leurs partenaires outre Atlantique.
A combien évalue t-on les pertes subies par les banques ?
Pour les grands réseaux bancaires, ça se chiffre à quelques milliards d'euros chacune mais c'est un montant qui est tout à fait absorbable dans les profits de l'année.
Ces quelques milliards d'euros, c'est combien plus précisément ?
Je n'ai pas des chiffres précis en tête mais pour vous donner une idée, les pertes subies par les grands réseaux bancaires sont nettement inférieurs aux bénéfices de l'année. Par exemple, au premier semestre de l'année 2008, malgré les pertes qu'elles ont inscrites dans leurs résultats, les banques françaises ont gagné, ensemble, 7 milliards d'euros. Donc, cela ne les empêche pas quand même de vivre et de bien se développer mais ça les rend beaucoup plus craintives.
Deuxièmement, on arrive dans une période de ralentissement économique, en Europe c'est déjà très prononcée.
On accuse justement la Banque centrale européenne d'être à l'origine de ce ralentissement économique.
A tort. Le ralentissement économique est dû, à mon avis, à trois raisons. La première est que l'économie américaine a été la plus impactée par la crise financière et par la crise immobilière. Les ménages ont arrêté d'acheter des biens immobiliers, et donc cela entraîné un ralentissement très fort de l'économie américaine et du coup de toutes les économies qui commercent avec les Etats unis. C'est-à-dire le monde entier.
La seconde, c'est l'inflation, comme toujours quand on a une flambée des prix de l'énergie, des matières premières et particulièrement des matières premières agricoles, on a une perte du pouvoir d'achat. Le consommateur se rétracte. On l'a remarqué dans le passé en France et en Allemagne où c'est très fort. Lorsque l'inflation augmente, le pouvoir d'achat régresse.
La troisième raison, c'est la crise financière en elle-même en progression depuis le mois de septembre2008, et donc, la Banque centrale européenne a essayé de réagir aussi au facteur de ralentissement qu'était l'inflation.
On reproche d'ailleurs aux institutions financières de ne pas avoir réagi très vite.
Ecoutez, les Banques centrales ont réagi très vite en matière d'injection de liquidités. Je crois que la Banque centrale européenne a été à l'avant-garde en la matière, on a bien réagi. Il fallait rassurer les consommateurs qu' il fallait convaincre que la flambée de l'inflation est très temporaire et qu'elle n'allait pas trop durer. Le risque était que le recul de la consommation soit beaucoup plus prononcé. Si on avait craint qu'on abandonne notre objectif de stabilité des prix, la chute de consommation aurait pu être plus forte. Donc, on a été conduits à faire en sorte de convaincre les consommateurs que nous déployons tous les moyens pour ramener les prix sur notre objectif de stabilité.
Depuis le mois de septembre 2008, nous sommes dans une autre logique. Il est clair qu'avec la baisse des prix de l'énergie, des matières premières et des produits alimentaires et le ralentissement économique qui s'est accéléré brutalement, nous sommes dans une autre phase de la crise qui est nouvelle. Depuis le mois de septembre, la BCE a autant baissé ses taux que la FED.
Vous avez déclaré que les Banques centrales devaient répondre à la réalité de l'économie et aux besoins de l'économie, c'est de cela que vous voulez parler lorsque vous faites allusion à la baisse des taux d'intérêt ?
Nous faisons effectivement ce qui nous paraît nécessaire par définition. Dans la période qui s'est étendue jusqu'à l'été, il fallait convaincre les opérateurs économiques, les ménages, les entreprises qu'on ferait tout ce qu'il fallait pour que l'inflation revienne à des bas niveaux. Nous avons, par conséquent, entrepris une politique de maintien des taux d'intérêts stables. Depuis le mois de septembre, nous pensons que le ralentissement économique et la chute de l'inflation et les prévisions de l'inflation sont telles que nous avons été dans une autre dynamique.
Notre politique devait être différente et nous avons été très réactifs en baissant nos taux, significativement.
En parlant de la rémission des systèmes financiers, le vice-président de la Deutsch banque a dit qu'elle pourrait été longue et même douloureuse. Un commentaire ?
Les systèmes financiers comportent de multiples aspects. Je crois que derrière l'interprétation dans les bilans, les comptes de résultats, les pertes de valeurs sur quelques actifs, qui doit se faire aussi rapidement que possible et qui ne s'est pas fait d'un coup tout simplement parce qu'on suit les valeurs des marchés qui évoluent… Donc, si à chaque trimestre les valeurs de marchés baissaient, c'est chaque trimestre qu'on devrait constater des pertes ou des provisions supplémentaires.
Maintenant ce que les banques doivent entreprendre, c'est la restructuration de leurs bilans. C'est-à-dire revoir beaucoup d'opérations qui étaient désintermédiées, qui donnaient lieu à une titrisation de crédits, donc l'émission de titres représentatifs vers ces crédits ré-intermédiées dans les bilans des banques. Il faut faire des ajustements, injecter plus de fonds propres pour pouvoir réintégrer ces actifs et suivre une politique de crédits qui fera plus appel aux bilans des banques...
L'impératif aujourd'hui n'est -il pas que le secteur financier doive être lié à l'économie réelle de manière inconditionnelle?
Je crois que le secteur financier a toujours été lié à de projets économiques réels. Ce qui se passait, c'est que cela prenait la forme d'instruments très sophistiqués. A la base, il y avait bien une véritable économie, c'est-à-dire des constructions immobilières liées à la consommation.
Mais on ne s'y retrouvait plus.
On ne s'y retrouvait plus, parce que les instruments étaient trop compliqués et trop opaques. Donc on va aller vers des instruments beaucoup plus simples. J'espère qu'on va garder la titrisation parce que c'est un instrument utile. Il faudrait surtout opter pour des produits plus sains, plus clairs et plus transparents que l'investisseur pourra comprendre et suivre.
Donc, je pense qu'on va retourner vers davantage de financements directs par les banques et en ce qui concerne la titrisation, des produits plus simples et plus clairs. C'est une bonne évolution.
Nicolas Sarkozy a déclaré que quand un responsable de banque réussit, on le récompense, et quand il fait des erreurs, il devrait être sanctionné, vous croyez que c'est juste?
C'est la politique naturelle des actionnaires. Bien entendu, quand les Etats doivent intervenir massivement, il est normal que les dirigeants soient changés et c'est ce qui s'est passé dans le cas de Dexia. Les gouvernements belge, français et luxembourgeois ont décidé de changer le management. Lorsque les banques n'ont pas commis d'erreurs importantes et que l'Etat se contente d'apporter un peu de capital pour favoriser le développement du crédit, il n'y a pas de raison de faire des reproches particuliers aux managements.
Différentes banques ont été correctement jugées et évaluées par des actionnaires. Il y a eu quelques changements de direction, dans la majorité des cas, il n'y a pas eu de reproches importants à leur adresse.
On a parlé d'un partenariat entre les banques européennes. Quid de votre partenariat avec les banques maghrébines ?
La Banque de France a des partenariats importants avec beaucoup Banques centrales des pays du Maghreb et celles des pays méditerranéens, d'une façon générale. Avec le Maghreb, nous partageons des éléments de culture, de langue et de traditions et ca rapproche beaucoup. Nous avons, par exemple, la même façon d'aborder un certain nombre de sujets de recherches, d'études économiques, de fonctionnement des systèmes bancaires et financiers et des systèmes de paiement. Et donc, nous pouvons coopérer et échanger des idées techniques, voire monter des projets d'assistance technique et de coopération pour la modernisation des institutions financières.
Il y a eu des projets concrets ?
Nous avons une coopération importante en matière de contrôle bancaire, puisque nous avons été très actifs dans la préparation et la définition des systèmes de contrôle des banques de Bâle, Bâle II en particulier.
On dit que Bâle II n'est plus d'actualité ?
Si. Il est tout à fait d'actualité. Je rappelle que Bâle II n'existait pas lors du déclenchement de la crise, car il était en préparation. Tous les superviseurs s'accordent à reconnaître que s'il était prêt et appliqué, la crise n'aurait pas été aussi grave. S'il avait été appliqué, toutes ces erreurs qui ont eu lieu au niveau des structures financières US auraient été évitées. La crise nous a permis de le moderniser, de le compléter et le corriger là où c'était nécessaire, mais la base demeure.
Pour revenir à la coopération avec les Banques centrales maghrébines, nous collaborons en matière de supervision bancaire pour ce qui touche la circulation fiduciaire, de façon à garantir la qualité des billets qui circulent. Nous avons des programmes de coopération en matière de lutte anti-blanchiment d'argent, dans les opérations, la gestion des réserves de changes ; le système de paiement et autres.
Nous entreprenons des échanges réguliers entre Banques centrales, nous essayons d'approfondir nos relations pour œuvrer à une meilleure compréhension de l'évolution économique qui intéresse les pays de la région. D'ailleurs, nous tenons annuellement une réunion entre les gouverneurs des Banques centrales, la dernière réunion a eu lieu à Alexandrie en Egypte. Nous contribuons du mieux que nous le pouvons entre gouverneurs de Banques centrales afin d'approfondir la coopération technique. En fait, nos programmes de coopération fonctionnent bien.


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