La délégation la plus importante est celle venue de Tunisie, peut-être parce que c'est le pays qui a le plus bataillé pour l'édification de l'UMA avant l'UME (Union maghrébine des employeurs) et celui qui croit dur comme fer en l'unité économique du Maghreb. «Nous devons exploiter à fond nos capacités et nous adapter aux nouvelles donnes économiques mondiales et aux exigences de la globalisation. Reporter la mise en uvre d'un Grand Maghreb économique se soldera par la marginalisation de nos entreprises et par ricochet les économies de nos pays», a déclaré M. Boualem M'Rakach, président de la Confédération algérienne du patronat et membre fondateur de l'UME. M. Hédi Djilani, président de l'Union maghrébine des employeurs et fervent défenseur d'un idéal économique maghrébin commun, a affirmé pour sa part que les fédérations maghrébines des hommes et femmes d'affaires réalisent de plus en plus qu'il n'est plus acceptable de s'aventurer à continuer de travailler en solo et perpétuer la situation actuelle de désunion et de dispersion des efforts, des forces, des compétences et des moyens. Une situation qui menace l'avenir des nouvelles générations et risque de mettre en péril leurs ambitions et leurs espoirs pour un avenir meilleur. A ce propos, des études ont été réalisées par l'UME sur l'entrepreneuriat maghrébin et ses besoins afin de dégager les stratégies nécessaires qui remédieraient à un état de fait qui ne peut plus durer au vu des défis auxquels sont confrontés les secteurs privés au niveau de la région : «Ce Forum n'a pas été organisé fortuitement ou sous la pression d'une conjoncture économique particulière, il est né de la conviction des entrepreneurs maghrébins du fait qu'un bloc régional maghrébin économiquement intégré est vital pour nos pays», a-t-il scandé. L'UME qui constitue un espace de concertation entre les hommes d'affaires de la région du Maghreb a pour rôle principal d'initier une réflexion sur les moyens de créer une plateforme commune pour la promotion des échanges entre les pays de l'UMA qui demeurent parmi les plus faibles dans le monde avec un taux qui ne dépasse pas les 3%. Sans oublier le fait que, faute d'une union maghrébine, chaque pays a débattu de ses accords commerciaux avec l'Union européenne de manière unilatérale, ce qui l'a fragilisé au niveau des négociations avec ses partenaires de la rive nord. «Maghrébiniser les produits» Pour M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe, née il y a 20 ans à Marrakech et qui tarde à se concrétiser au grand dam des populations et de l'entrepreneneuriat maghrébin, a insisté sur la nécessité de renforcer le rôle des secteurs privés dans la région d'autant plus que de nouveaux créneaux s'offrent à tous ceux qui veulent tenter l'aventure de l'innovation, des technologies de pointe, des secteurs bancaires et financiers et des énergies renouvelables. M.Ben Yahia a appelé à créer une carte d'investissement maghrébine commune et des labels propres aux produits en provenance des pays de la région. En somme, il faut penser à la «maghrébinisation» des produits, a-t-il précisé. Le coût du non Maghreb, qui ne le connaît pas ? C'est 2% de croissance et 20 millions d'emplois pour des jeunes qui ont besoin de se projeter dans un avenir prometteur et riche en opportunités et de croire en la capacité de leurs pays à leur garantir sécurité et dignité. Dans la conjoncture économique actuelle, empreinte d'une crise sans précédent et qui a eu des incidences inattendues sur les économies de la région, M. Djilani a appelé à ce qu'il y ait une stratégie commune entre les pays maghrébins pour résister aux aléas, car, selon lui et malgré les efforts fournis par les gouvernements au niveau de chaque pays, «il faudrait lancer des initiatives tendant à définir les impacts de la crise sur nos pays respectifs et étudier les moyens de nous entraider pour atténuer ses effets». Dans le monde d'aujourd'hui, il n'y a plus de place pour les solitaires même s'ils sont des loups, ce sont les entités économiques unies par des intérêts communs qui ont le plus de chance de s'imposer et occuper une place de choix sur l'échiquier politique et économique international. Pour les organisateurs de cette première opération, le Maghreb ne doit en aucun cas rester en dehors des développements économiques planétaires tout comme il s'avère urgent de mettre en place une politique globale et commune face aux différents partenaires internationaux du Maghreb. Parmi les objectifs de l'UME, la création d'une assise économique commune au Maghreb et l'encouragement à la réalisation de projets fédérateurs et de la complémentarité économique entre les pays maghrébins. Il s'agit également de booster les investissements et arriver, si Dieu le veut -et surtout si les politiciens appliquent leurs discours et passent de la théorie à la pratique-, à réaliser l'autosuffisance au niveau des pays maghrébins. Les thématiques les plus importantes abordées lors de ces deux journées de réflexion se rapportent aux projets fédérateurs maghrébins, à l'investissement immobilier, aux investissements dans les secteurs agricoles et agroalimentaires et dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication.