La naissance de tout nouveau-né constitue toujours un moment magique, insuffle un bonheur intense. Mais quand, de surcroît, ce nouveau-né est de toute beauté, c'est la félicité. Et c'est le cas d'éco Journal, un nouveau titre qui vient enrichir la presse écrite et égayer le paysage médiatique. A vocation économique, comme l'indique son nom, éco Journal frappe tout d'abord par sa beauté : jamais jusqu'ici un journal ou même une revue n'a brillé par tant de qualités. Celle du papier, d'un blanc d'albâtre, exquis ; celle de la maquette, très recherchée, si bien étudiée, joliment mise en page ; celle extraordinaire des photos, franchement triées sur le volet ; celle des pavés une nouveauté balancés en haut des pages, comme le tableau du professeur dans une salle de classe ; celle et c'est intelligent de la Une, sans surcharge, contrairement aux autres journaux qui en font le sommaire. Celle, enfin, des lettrines, colorées et toutes belles. A l'évidence, la direction générale d'éco Journal l'a parfaitement compris : on ne fait pas un journal juste pour faire un journal, mais on doit le faire dans les règles de l'art et de la profession. Le Tunisien a toujours éprouvé du plaisir rien qu'en feuilletant un Jeune Afrique, Le Nouvel Observateur et autres Le Point. Que cela ne vexe personne, mais jamais on n'a éprouvé ce plaisir en feuilletant les quotidiens et les hebdomadaires tunisiens. Bien sûr, le journal est d'abord information, mais quand l'utile épouse l'agréable, cela fait un mariage d'amour et de raison. Ce mariage-là, éco Journal l'a réussi. Et on l'applaudit. Hebdomadaire économique paraissant tous les vendredis, éco Journal présente une autre beauté, et non des moindres : son prix. Comme c'est prétentieux et absurde de traiter de l'économie dans un marché où les 2,5 dinars et les 3 dinars par numéro sont franchement rédhibitoires pour le lecteur moyen ; afficher de tels prix c'est sous-entendre s'adresser à l'élite et aux bien nantis. Mais non, éco Journal est proposé à 0, 800 dinar. Seulement. Ce n'est ni gentillesse ni modestie, c'est la noble intention de toucher au maximum possible de lecteurs, l'information pour tous, autrement dit. Au menu de ce premier numéro, bien des dossiers : l'agriculture, la Banque Centrale, le tourisme, le textile, des échos de la Bourse, etc. Et en prime, un grand portrait, celui du patron des patrons, Hédi Djilani. Deux autres surprises : la présence de la culture et du sport dans un hebdomadaire littéralement tourné vers l'économie. La culture, c'est aussi de l'économie ; le football, c'est devenu une véritable entreprise économique. Ce ne sont donc pas des intrus. Et malgré tout, quelques regrets. D'abord, on ne comprend pas pourquoi ce mot Al Iqtissadyya'' (en arabe) dans le titre du journal. Cela pourrait induire en erreur le lecteur qui imaginerait bilingue le journal alors qu'il est de bout en bout en français. Ensuite, l'absence des signatures ; c'est à croire que le journal ne dispose pas de ses propres journalistes et qu'il n'a fait qu'emprunter des articles à des inconnus. L'anonymat est une très mauvaise chose. Enfin, les coquilles. éco Journal se doit d'engager très vite un correcteur pro-fes-sion-nel ! Car c'est dommage pour cette jeune mariée si belle qu'elle porte une robe avec plein de taches d'huile. Souhaitons bonne chance et longue vie à ce beau nouveau-né.