Les bonnes choses, hélas ! elles aussi, ont une fin. Ainsi en est-il du Programme de Modernisation Industrielle (PMI), initiative de l'UE, doté d'une enveloppe de 50 millions d'euros et qui s'est étalé sur trois ans. Nous voyons, pour notre part, ce programme comme le prolongement du Programme de mise à niveau, étant donné que le PMI était destiné à appuyer le versant immatériel de la mise à niveau. En effet, le programme était conçu pour financer l'appel des entreprises industrielles en services liés à l'industrie et notamment le Conseil et la Consultance. Les services intellectuels étaient l'échine dorsale de cette initiative, elle-même basée sur l'idée du coaching. Il est entendu que l'expert devait accompagner le chef d'entreprise pour l'aggiornamento de sa gestion. Conseil : Le frémissement de la demande La subvention servie aux entreprises a réveillé la demande de Consultance et de conseil ainsi que la formation. Le programme faisait la part belle aux Centres techniques publics et aux consultants européens. Cependant, des alliances avec des bureaux privés se sont développées et les cabinets privés ont pu s'y impliquer en ayant capitalisé sur cette portion d'expérience. Le marché privé s'est développé à la faveur des programmes nationaux dont le PMI et la profession s'est mise à espérer. Et c'est peut-être dans cette perspective qu'elle a déjà embrayé sur la composante ''innovation'' avec la coopération technique allemande afin de varier son offre. La profession soucieuse de son développement à l'avenir explore les possibilités de pérenniser la demande d'expertise et les moyens de donner plus de profondeur au marché. Son credo, que nous partageons du reste, est que le conseil est un catalyseur de valeur. Les entreprises le savent mais n'ont pas encore pris l'habitude d'y aller. Cette hésitation provient ou d'un mauvais calcul ou d'une indigence de trésorerie. Ce sont là deux contraintes qui sont très pesantes. Enfin, on voit apparaître de meilleures prédispositions à la question. Expertise privée : la feuille de route Les cabinets privés regroupés au sein de la fédération CNSEEF ont réalisé une étude prospective dénommée «Stratégie de développement des services de conseil, de soutien et d'Assistance aux entreprises industrielles». Cette étude fait suite à un travail, dans le même esprit, commandité par la Chambre syndicale qui a élaboré un plan de développement quadriennal 2008-20012 et qui a été présenté à la presse en avril 2008. Ce travail, effectué par le bureau MKC, ainsi que l'étude stratégique synthétisent ce qui pourrait être une feuille de route pour la profession. Bien packager l'offre Pour se mettre en intelligence avec le marché et prétendre à un effet d'appel réaliste, la profession a focalisé sa réflexion sur le développement, entre autres éléments des capabilités des bureaux privés en couplage avec un référentiel de certification. Il faut, pense-t-elle, proposer une offre consistante pour que les campagnes de sensibilisation à l'adresse des entreprises puissent donner de l'effet. L'étude s'est inspirée d'un travail de benchmarking entre trois pays, à savoir la France, le Portugal et la Tunisie. Le recours à l'expérience portugaise nous semble presque aller de soi tant le Portugal, à l'occasion de son adhésion à la CEE, a suivi un itinéraire qui comportait les séquences de mise à niveau, coaching et tout le reste, que nous avons su implémenter. Les limites du B to B Les bureaux privés connaissent tous les obstacles du parcours du combattant pour un métier qui s'efforce d'inscrire des repères. Les limites du «B to B» sont telles que les choses prennent du temps pour maturer. Bien sûr qu'un plan de Com' est prévu mais là encore le marché étant confiné à un face-à-face entre bureaux et entreprises, les choses prennent du temps. Cette inertie de marché peut être victorieusement contournée en basculant vers un système d'information numérisé. IT : un levier magique pour doper le business Le système d'information n'est ni plus ni moins qu'un levier stratégique pour créer de la valeur et transformer et la physionomie et l'activité de l'entreprise. Aucun business plan ne saurait vous dire où peut vous mener la numérisation de votre système d'information. Mais on sait d'ores et déjà que ce n'est pas un saut dans l'inconnu, c'est une parenthèse ouverte avec l'assurance d'une profonde mutation et d'un changement radical de modèle économique, «garanti sur facture», mais ce n'est pas enveloppé de mystère. Et ce qu'on sait par dessus-tout, c'est que c'est une fenêtre ouverte sur le «One to One». Ah ! la délivrance. Fini le casse-tête de l'entreprise qui doit anticiper pour être proactive et prédictive. Le client est ainsi instrumentalisé tout en étant dans un rapport fusionnel avec l'entreprise. C'est, en substance, le message clé délivré par le Professeur Tawfik Jelassi, doyen de l'international Management School de l'Ecole des Ponts et chaussées. Le règne du «One to One» La touche pratique, le style imagé et le propos scénarisé Tawfik Jelassi, à l'évidence et de métier, a une pédagogie qui captive mais il cultive cet autre sens qui lui permet de magnétiser un auditoire. Non seulement à son contact, personne ne s'assoupit mais le plus intéressant est que vous assimilez ce qu'il vous dit et, cerise sur le gâteau, quand il clôture sa communication, vous avez envie de remettre ça et de faire un appel comme avec les acteurs de théâtre. La manière dont il décortique les études de cas est proprement envoûtante. Ducati, petit fabricant de motos, dans son coin éloigné dans les Dolomites ou les Abruzzi, ce que les Américains appellent péjorativement le «deep south», soit l'équivalent du pays profond, décide un jour de schunter ses concessionnaires, trop exigeants et pas assez réactifs à son goût, et se transpose sur le Net, non point pour vendre seulement mais également pour sonder ses clients. Un cas de CRM, original au point qu'il mérite d'être raconté. Et de fil en aiguille, Ducati monte en gamme et établit un chat technique avec les clients. Résultat des courses, après traitement des propositions parvenues au site de la firme, il injecte un prototype sur le web. Ses clients le retouchent et le modèle est modifié en direct jusqu'à un consensus. A partir de là, Ducati met le modèle en fabrication. Le clou de l'histoire, c'est que les correspondants qui ont proposé les modifications ont envoyé leur bon de commande avec. La firme avait vendu l'équivalent de la production d'une année en premier jet. Les retouches proposées, si elles avaient été l'uvre exclusive des ingénieurs maison, elles auraient duré infiniment plus longtemps et la firme n'aurait pas garni son carnet de commandes aussi vite ni même à cette cadence de ventes. Industrie Grand Public : Le «One to One», une solution sur mesure Levi's, cette enseigne emblematique du blue jeans Made in USA, a connu une tout aussi belle trajectoire que le constructeur italien. La firme yankee avait décidé, elle aussi, de numériser son CRM (Customer Relation Management) dit en bon français, il ne s'agit de rien d'autre que de la gestion de la relation clientèle. Elle agence son amont industriel de sorte que chaque client rentre sur le site, se taille un vêtement à sa mesure, valide sa commande et la livraison intervient 48 h plus tard. Elle n'est pas belle la vie, à ces conditions là ! Levi's est définitivement délivré du casse-tête chinois du travail sur les collections. On a présenté cette situation comme celle du client non plus roi mais carrément dictateur. Cela dit, sa tyrannie est bienfaisante puisqu'elle fait son bonheur et celui du fabricant. Le confectionneur américain a pu ainsi mondialiser sa production, acheter le meilleur de ce qui se fait sur toute la filière, exploser ses objectifs de vente et se poser comme une «success story» qu'il conviendrait de bien étudier en cette période où se tient Texmed et où se déroule ce charmant festival «Fashion&Design» réussit à monter son édition O+. Ce que Sihem veut, Dieu le veut Mercredi 10 juin, Sihem Belkhodja avait mis le feu, comme de coutume, à l'Acropolium où elle réunissait un «plateau» de couturiers proprement formidables. C'était le soir, dans cet espace magique, avec les sunlights, les spots, les cameras, les zooms, une ambiance comme Sihem en a le secret et le talent. C'était le «chic plus ultra» de la haute couture tunisienne. Au plan professionnel, tout était pile poil. Un véritable boulevard sur les Podiums de Milan, Londres ou Paris. De la féerie, de la magie et ce dialogue entre les patrons des maisons de couture et le public, les critiques de presse et les professionnels. Le saut de palier était évident. Cependant, point de trace de «One to One» et une certaine carence au plan de la création. Je sondais un grand nom de la couture ce soir là sur son sourcing et j'attendais qu'il me révèle ses choix et ses options sur sa collection. Sa seule réponse était : «Mais tout nous vient de l'étranger». Ces propos décryptés en langage local signifient que la «Maison» ne chipeaute' pas sur les fournitures et matières et qu'elle investit dans l'appro. Mais une collection c'est un pari sur des matériaux des lignes et des coloris et des thèmes. Pourtant «Fashion & Design» avait décliné des options fortes. De la «Méditerranée à l'Afrique», ce qui était l'un de ses slogans, signifie bien que l'on est sur le terrain de l'ethnique. Mais cela ne ressortait pas. Les collections exhibées au public étaient convenables. Mais elles ne se démarquaient pas. Le public réclame des produits qui arrachent. Or ceux-là ne figuraient pas ce soir là. Un appoint de création donnerait un tout autre relief à la confection locale. Et un basculement vers un CRM numérisé débarrasserait les modélistes des angoisses de la conception. Votre serviteur serait parmi vos fidèles éclaireurs. Le seul produit sur lequel une recherche est ressentie est le Caftan. En dehors de cet article, tous les autres gagneraient à être revisités. La carence de création c'est elle qui fait que le «Sarouel» nous vient de la rive nord. Comment accepter de se laisser déposséder à ce point?