Le rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie, qui analyse l'évolution économique et financière enregistrée, en 2009, au double plan national et international, vient d'être rendu public. Très attendu par le monde des affaires, ce rapport ne comporte pas des nouveautés notoires. II reprend les mêmes indicateurs, analyses et orientations contenues dans le budget économique 2010, et surtout, le programme présidentiel 2010-2014. Globalement, le diagnostic macroéconomique est positif. Le rapport estime que «la résilience acquise par l'économie nationale durant les deux dernières décennies ainsi que la poursuite des réformes structurelles, notamment la maîtrise de l'endettement et la consolidation de la situation financière du secteur bancaire, ont permis de dégager une marge d'actions à même de circonscrire les effets de la crise». Au chapitre des tendances, le rapport relève, au plan mondial, une migration de la crise internationale d'une crise du secteur hypothécaire vers une crise financière et économique avant de devenir, dans sa phase actuelle, une crise de dettes souveraines. Cette situation a généré, selon le rapport, deux modèles de croissance différents : le premier prenant appui sur la consommation et l'endettement excessif, et le second se basant sur l'exportation et la constitution d'importantes réserves internationales. Au niveau national, le rapport confirme l'enjeu pour l'économie du pays de passer du stade d'une économie basique à celui d'une économie tirée par l'innovation. On y lit à ce propos : «Dans l'ensemble et bien que ces résultats représentent une performance appréciable au vu de la conjoncture mondiale difficile qu'a connue l'année 2009, la persistance de la volatilité des marchés financiers et des incertitudes quant aux perspectives de l'économie mondiale requiert un surcroît de vigilance et d'efforts afin de sauvegarder la stabilité des équilibres financiers et rétablir un rythme de croissance à même de garantir la résorption d'un plus grand nombre de demandes d'emploi». Mais pour le rapport, «ceci exige notamment une intensification des efforts en vue de consolider la compétitivité de l'économie, en hissant la productivité à des niveaux plus élevés et en affermissant le rythme de l'exportation, et ce à travers le développement des secteurs porteurs et innovants, à haut contenu technologique, capables de conquérir de nouveaux marchés extérieurs». Le rapport recommande, à ce sujet, la création des pôles technologiques et de développement programmés et de renforcer l'infrastructure technologique pour attirer davantage d'investissements étrangers surtout dans les régions. S'agissant du secteur bancaire, le rapport évoque la poursuite de l'excédent de liquidité alors que les marchés financiers mondiaux ont connu en 2009 un tarissement des ressources. Certains économistes pensent que la surliquidité peut signifier aussi un recul de l'épargne, et partant, de l'investissement. Pour réguler les liquidités, la BCT utilise généralement deux instruments : la réserve obligatoire (réduction de son taux) et des facilités permanentes de dépôt et de prêt à 24 heures. Concernant la qualité du portefeuille des crédits, l'année 2009 a été caractérisée par ce qu'appelle le rapport «le traitement dynamique des créances classées, dont la part dans le total des engagements est revenue de 15,5% au terme de 2008 à 13,2% à la fin de 2009. Le ratio de couverture des créances classées par les provisions s'est également inscrit en amélioration de 1,5 point de pourcentage pour s'élever à 58,3% au terme de 2009, et ce suite à la baisse de l'encours des créances classées et la consolidation des efforts des banques en matière de constitution des provisions». Autre chantier programmé, le processus de a convertibilité totale du dinar à l'horizon de 2014. Le rapport aborde, pour la première fois les étapes à franchir pour atteindre cet objectif. La première phase de ce processus verra la réalisation des pré-requis et des conditions nécessaires, garantissant ce processus, alors que la deuxième phase sera consacrée à l'introduction des mesures et dispositions qui concrétisent, de fait, la phase de la convertibilité totale du dinar. La phase préalable nécessite, en effet, la consolidation de la solidité du cadre macroéconomique, notamment par l'amélioration de la compétitivité et de la productivité, l'avancement dans la mise en place d'une politique monétaire efficiente capable de sauvegarder l'économie et la monnaie nationale. Il s'agit également de conférer, dans le cadre de ce processus, davantage de flexibilité à la politique de taux de change, outre le renforcement de la solidité du secteur bancaire et le développement de sa capacité à accompagner la dynamique des transactions financières avec l'extérieur qui devra être générée par la libéralisation de la monnaie. «Il sied alors de veiller à ce que le code de change intègre les changements nécessaires afin d'assurer une progression sereine vers la libéralisation totale du dinar», conclut le rapport.