La situation et les nouvelles décisions concernant le secteur de l'éducation ont été débattues dans l'émission diffusée le 21 septembre 2010, sur Tunis 7'. Rapporté dans la presse électronique, ce 8ème volet de la série de débats avec les membres du gouvernement, accueillait donc M. Hatem Ben Salem, ministre de l'Education, et différents participants (enseignants, professeurs, parents, intellectuels et représentants de la société civile). Synthèse. Vacances inchangées, vers une séance unique Premier sujet polémique abordé, celui du calendrier scolaire : l'agence de presse tunisienne a publié le 6 septembre 2010 un article sur la rentrée scolaire qui annonçait un changement de rythme dans la répartition des vacances («Ainsi, chaque période de cours devra durer 7 semaines suivies de vacances de 9 à 11 jours»). Le ministre a réfuté cette annonce d'un nouveau calendrier scolaire qui avait été relayée dans toute la presse «sans qu'il y ait une déclaration officielle dans ce sens». «Le calendrier des vacances sera inchangé pour cette année scolaire 2010/11, avec deux vacances de quatre jours en novembre et février, deux vacances de 15 jours en décembre et avril et les vacances d'été». Il a précisé qu'une commission étudie actuellement la possibilité de rééquilibrer la répartition du temps scolaire mais que la décision définitive ne sera prise qu'en accord avec toutes les parties intervenantes. D'autre part, le ministre a fait part du lancement d'une expérience pilote pour la séance continue dans certains établissements éducatifs. A travers cette expérience pilote, le ministère de l'Education compte notamment promouvoir la vie culturelle au sein des établissements scolaires. Suppression des semaines bloquées dans les collèges et du bac sport M. Ben Salem a argumenté la décision de la suppression des semaines bloquées dans les collèges par le fait que le contrôle continu permettra d'éviter la perte de l'équivalent de 56 jours d'études (semaines de préparation, de devoirs, et de correction). Au sujet de la suppression du bac sport, le ministre a exprimé trois raisons : - le coût de l'examen du bac sport (3 millions de dinars) qui pourrait servir à l'acquisition de nouveaux équipements et à l'aménagement des terrains de sport dans les établissements scolaires ; - l'expérience qui prouve que les moyennes obtenues lors de cet examen sont toujours plus basses que celles attribuées au cours de l'année ; - la dernière se base sur des comportements inadmissibles constatés à l'intérieur et à l'extérieur des établissements éducatifs. Maintien du CAPES et formation des enseignants Le ministre de l'Education a affirmé pour faire taire les rumeurs qu'il n'y a aucune intention de supprimer le concours du CAPES (Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire), basé sur la transparence totale. L'éducation nationale demeurant le principal employeur dans la fonction publique avec 3.600 diplômés du supérieur recrutés. Au sujet de la formation des enseignants, la stratégie globale sera axée sur la promotion des contenus de la formation continue, sa valorisation et sur le renforcement de ses mécanismes. Les heures creuses et les emplois du temps Source de préoccupation pour les parents, la suppression des heures creuses est à l'étude à travers la gestion informatisée des emplois du temps. Le ministre a rappelé la création cette année de 50 espaces de vie sociale et scolaire (50 autres seront créés l'année prochaine). Ces espaces sont constitués de bibliothèque, d'ordinateurs, etc. afin de maintenir l'élève au sein de son établissement. Langues étrangères et meilleure orientation Concernant l'enseignement des langues étrangères, le ministre a rappelé que les décisions prises par le chef de l'Etat prendront effet à partir de l'année scolaire 2011-2012 : initiation à la langue française à partir de la 2ème année de l'enseignement de base, et à la langue anglaise, à partir de la 3ème année. Il s'agit également d'intensifier la formation des enseignants des langues à travers le développement des mécanismes de formation et l'utilisation de laboratoires de langues (28.000 ordinateurs et 5.100 portables) et du centre national des langues. De même, l'enseignement de la langue arabe sera renforcé. Par ailleurs, la nécessaire adaptation de la formation au sein de l'établissement éducatif aux besoins du marché de l'emploi devra passer par l'instauration d'un système d'orientation scolaire qui évaluera l'élève régulièrement afin de l'aider à choisir la filière qui correspond le mieux à ses aptitudes et de lui garantir une employabilité optimale. Système d'évaluation et passage des classes Concernant le système d'évaluation et le passage des classes, le ministre a rappelé qu'à partir de cette année le passage des classes au niveau de l'enseignement de base sera basé sur le mérite via le carnet de notes, et le concours de la 4ème année de l'enseignement de base sera déplacé au niveau de la 6ème année de base (le passage en 7ème se fera toujours en fonction de la moyenne annuelle). Cette mesure devrait permettre d'identifier les forces et les faiblesses du système éducatif, à travers l'étude des résultats de cet examen, et également de diriger les élèves brillants vers les collèges pilotes. Cours particuliers payants illégaux Suite à des interventions sur les cours particuliers et leur poids dans le budget familial, le ministre de l'Education a encouragé cet effort des enseignants dans un cadre légal et organisé (c'est-à-dire avec autorisation), «toutefois, le ministère refuse tout aspect commercial de ces cours et tout marchandage avec nos enfants». Le poids et le coût des cartables Le ministre a précisé que les prix des manuels et cahiers scolaires ont été maintenus stables cette année malgré la hausse de leur coût. Quant au poids du cartable à l'école primaire, il ne doit pas dépasser 1,2 kg avec des manuels scolaires ne dépassant pas une moyenne de 300g, et des cahiers de 24 pages au plus. Esprit patriotique et d'initiative promu, et théâtre à l'école La décision de saluer le drapeau en classe tous les jours en présence du professeur favorisera l'enracinement de l'esprit patriotique chez les enfants dès leur jeune âge. Le ministre a par ailleurs noté que l'initiative et le volontariat doivent être encouragés à l'intérieur des établissements éducatifs en instaurant une ambiance positive à l'intérieur de la classe. M. Hatem Ben Salem a également indiqué que dans le cadre de la promotion de la vie culturelle au sein des établissements éducatifs et à l'occasion du centenaire du théâtre, le ministère de l'Education a recruté une centaine de professeurs de théâtre pour l'année 2010-2011 afin de dispenser des cours de cette discipline à partir de la 7ème année de l'enseignement de base. Plus d'écoles intégrantes En 2004, on comptait 111 écoles intégrantes, en 2010 leur nombre s'est élevé à 336, accueillant 1.500 élèves porteurs de handicap. Dégradation des établissements et Internet Le ministre a souligné que le budget de la maintenance des établissements éducatifs est passé de 18 millions de dinars en 2008 à 77,5 millions de dinars en 2010. A titre d'exemple, 700 blocs sanitaires ont été rénovés en 2010. De plus, des mesures techniques ont été prises pour assurer le raccordement à Internet : le taux de raccordement au réseau est de 100% au niveau des collèges et des lycées et il est de 60% au niveau des écoles primaires. Pour conclure, ce débat avec le ministre de l'Education aura apporté des éclaircissements sur les mesures concrètes appliquées. Cependant, reste à savoir s'il a réussi à atténuer les réticences et appréhensions de la famille éducative et des parents face à la multiplication des réformes.