La séance plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement de Hichem Mechichi a démarré, ce mardi 1er septembre 2020, à 9h30.
Conformément aux dispositions du règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), la plénière a commencé par la récitation de versets coraniques, suivis par l'hymne national.
Le président du Parlement Rached Ghannouchi a ouvert la séance en présence de 156 députés. La Fatiha a été récitée en hommage à Hamadi Agerbi, Ali Chaouch et Mohamed Gueddich, tous récemment décédés.
Avant d'entamer les travaux de la plénière, Rached Ghannouchi a annoncé la démission de la députée Lilia Bellil du bloc Qalb Tounes.
- Le discours de Hichem Mechichi
Le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, a prononcé, ce mardi 1er septembre 2020, un discours pour annoncer la composition de son équipe ainsi que son programme.
Dans un premier temps, Hichem Mechichi a tenu à remercier le président de la République pour la confiance qu'il lui a accordée. « Je suis devant vous à un moment décisif de l'Histoire de la Tunisie, à un moment où notre patrie saigne et où son peuple avait des attentes énormes suite à la révolution. Mais rien de cela n'a été fait », indique-il.
« Mais, ce rêve est resté irréalisé. Chose qui a poussé plusieurs jeunes à choisir les embarcations de la mort, aspirant à un avenir meilleur. Dix ans après la révolution, les Tunisiens attendent encore les bases fondamentales d'une vie digne, en termes d'infrastructure, de santé et d'éducation. Nous ne cherchons à faire porter la responsabilité à quiconque. L'objectif est de parvenir aux causes profondes de ce diagnostic ».
Et de poursuivre, « le deuxième indice concerne la baisse de la consommation 21,5% outre la baisse de l'épargne. Ceci indique que le Tunisien a revu son comportement lié à la consommation et qu'il est en train de puiser dans ses provisions pour combler ses besoins. C'est un constat grave tenant compte de ses répercussions économiques, sociales et sécuritaires. »
« Le troisième indicateur concerne le taux d'investissement, au-dessous de 13%. Ce taux ne peut assurer ni emploi, ni développement. L'Etat doit rétablir la confiance avec les investisseurs pour y remédier. Quant au quatrième indicateur, il est rapport avec le taux de chômage dépassant les 15%, notamment, parmi les titulaires des diplômes et des femmes », poursuit le chef du gouvernement désigné.
Par ailleurs, Hichem Mechichi a pointé les problématiques enregistrés au niveau des finances publiques et les difficultés enregistrées pour établir les équilibres financiers, qui couplées avec l'instabilité politique, ont constitué un frein au développement.
Il a, également, souligné que le blocage au niveau de la production, ainsi que les entraves des moteurs économiques ont parmi les principales causes de la crise économique.
Il a, également, souligné que le blocage au niveau de la production, ainsi que les entraves des moteurs économiques ont parmi les principales causes de la crise économique. Dans ce contexte, il a assuré que la situation épidémique dans le pays a approfondi cette crise, estimant que les répercussions de resteront encore palpables durant une certaine période.
Revenant sur le système éducatif, il a assuré qu'un retard est constaté à ce niveau dû au décrochage scolaire et du retard technologique. « Le système sanitaire, quant à lui, ne va pas mieux. C'est dire que les différences au niveau régionale sont très flagrantes. Outre la dégradation du système de couverture sociale et l'inefficacité des interventions en faveurs des familles démunies »
« Ce diagnostic vise à tirer les leçons pour mettre directement au travail pour répondre aux attentes des Tunisiens. De par mon expérience, le véritable problème réside dans l'absence des mécanismes permettant la mise en place des réformes et des choix. De ce fait, j'ai décidé de former une équipe de compétences qui aura à agir dans l'efficacité et avec beaucoup d'audace en optant pour des solutions innovantes et optimisant les ressources à notre disposition ».
Il a, également, indiqué que son gouvernement va agir selon cinq priorités :
- Arrêter l'hémorragie des finances publiques - Rationaliser la dette et les dépenses - Rétablir la confiance et soutenir l'investissement - Réformer le secteur public - Protéger les classes défavorisées
Hichem Mechichi a assuré que son Gouvernement fixera des objectifs qu'il veillera à atteindre, soulignant qu'il reste ouvert aux critiques et aux recommandations des partis politiques. « Restons unis pour ce pays, qui est l'unique pour moi ».
Ainsi, et après le discours du chef du gouvernement désigné, les députés ont pris la parole dans le cadre du débat général, conformément aux dispositions générales du règlement intérieur de l'assemblée.
- Mabrouk Korchid (indépendant) : a estimé que le régime politique actuel, stérile comme il l'est, a conduit au passage de trois chefs de gouvernement devant le Parlement en l'espace de dix mois. Ainsi, il a recommandé le démarrage d'un dialogue national parallèle à la mise en place du Gouvernement. Ce dialogue national devra se pencher sur les véritables préoccupations des Tunisiens, outre la nécessité d'une trêve d'un an nécessaire à la stabilité politique. Il a, également, estimé que l'application de la loi doit être la clé de la réussite de son Gouvernement ainsi que le renforcement de l'administration.
- Fayçal Tebbini (La voix des agriculteurs) : a affirmé son intention de voter pour le Gouvernement, soulignant l'importance de l'unique nationalité de Hichem Mechichi contrairement à ses prédécesseurs. Il a, également, insisté sur son indépendance des partis politiques faisant qu'il soit loin des tiraillements et des calculs étroits
- Adnene Hajji (indépendant): a assuré que les technocrates ne peuvent être complétement indépendants soulignant que l'Etat est un appareil qui préserve les intérêts de la classe influente.
- Saïda Ounissi (Ennahdha) : a assuré qu'elle est pour la restructuration du gouvernement. Cependant, elle a considéré que cette démarche doit être entamée en concertation avec les partis politiques. Elle a, également, dénoncé la suppression du ministère de l'Emploi de la Formation professionnelle.
- Hichem Ben Ahmed (Tahya Tounes) : a considéré que l'appartenance partisane est un droit constitutionnel et que les partis regorgent de compétences. Il a indiqué, également, que plusieurs compétences sont devenues réticentes pour accepter les postes de responsabilité à cause de la diabolisation. Toutefois, il a affirmé qu'il va voter pour le gouvernement afin de préserver l'intérêt général du pays.
- Mehdi Ben Gharbia (Tahya Tounes) : a indiqué que son bloc va voter pour le gouvernement Mechichi.Il est, également revenu sur le principe d'exclusion estimant qu'il est immoral, soulignant par la même occasion la nécessité de mettre en place un nouveau discours politique.