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Un Etat coupable d'atteinte au moral du peuple
Publié dans Business News le 05 - 03 - 2021

« La Tunisie est-elle une République, un zoo ou une prison ? ». Cette phrase nous vient d'un jeune qui a vécu à une époque pas très lointaine, où le fait d'exprimer un avis contraire à l'ordre établi, le fait de s'exprimer tout court, était un crime de lèse-majesté. Zouheir Yahyaoui, alias Ettounsi, pour avoir dénoncé les dérives de la dictature avec sa plume au vitriol, avait été emprisonné après un procès inéquitable, torturé, privé de soins… Il décèdera en 2005, à seulement 37 ans, le cœur en lambeaux, les espoirs et les rêves plein la tête, décimés à jamais.

Cette phrase raisonne avec force aujourd'hui. Dix ans après le changement auquel aspirait tant Ettounsi, dix ans que les Tunisiens ne pensaient plus craindre d'être malmenés pour une parole libre, de ne plus jamais subir l'injustice aveugle, force est de constater que rien n'est garanti, plus rien ne l'est. Ce sont toujours les jeunes qui font les frais d'un système qui n'a pas changé au fond. Un système qui a fait profil bas, avec ça et là quelques piqures de rappel, en attendant de reprendre du poil de la bête. En considérant tout ce qui se passe sur le plan politique, notamment la montée des populismes et des fascismes, cela ravive d'anciens démons et revigore cette sorte de terrorisme institutionnel ne pouvant que prospérer lorsque les temps sont à l'incertitude.

Ces dernières 48h, deux jeunes ont subi le joug d'un Etat coupable d'atteinte au moral de ses citoyens. Un moral au plus bas parce que c'en est trop, parce que rêver, militer pour une cause, vivre, affirmer sa différence, jouir pleinement de sa supposée liberté n'est pas donné à tous et surtout pas à une jeunesse brimée, coupée dans son élan.
Rania Amdouni, activiste féministe et LGBTQ croupit derrière les barreaux parce qu'elle est partie porter plainte contre ceux qui la harcèlent à cause de son militantisme et sa différence. Parmi la joyeuse bande de harceleurs, on compte des syndicalistes sécuritaires et des islamo-fascistes notoires. Rania demande protection à la police, mais la police est rancunière et n'a pas oublié la manif à laquelle elle a participé et où les agents ont été éclaboussés, ô blasphème suprême, d'un peu de peinture. Maltraitée, on lui colle la traditionnelle accusation d'outrage à un fonctionnaire public. Six mois de prison ferme.
Abdessalem Zayen, un jeune de 29 ans est intercepté en compagnie de son frère après quelques minutes du début du couvre-feu. Altercation entre le plus jeune et un agent. On l'embarque. Mais le grand frère tient à l'accompagner. S'en suit une succession de péripéties cauchemardesques. Abdessalem étant diabétique, son état se détériore et on lui refuse sa dose d'insuline. Son frère ne cesse de réclamer de l'aide mais les agents lui répondent on te donnera « un z*** dans le c*** de ta mère », sic. Le juge dans son infinie clairvoyance décide ensuite de les mettre à l'arrêt pour outrage à un fonctionnaire public. Abdessalem est mort parce qu'il a été privé de soins. Six pieds sous terre.

Combien de Rania et de Abdessalem ont déjà subi, subissent et subiront la tyrannie systémique ? Il convient de dire qu'étonnamment le fonctionnaire « victime » de l'outrage est toujours cet agent qui quelques minutes plus tôt, porté par sa légendaire mansuétude, vous a giflé, insulté ou torturé et qui s'attend à ce que vous l'en remerciez en retour.
Tant d'énergie et de moyens dépensés pour pourrir la vie de citoyens, d'une jeunesse qui n'aspire qu'à vivre dignement, qu'à réaliser des rêves d'une société meilleure. Un Etat qui vole les rêves de ses générations futures, soucieux de faire respecter par la force la morale, se rend coupable d'atteinte à la morale et l'ordre publics. Déception, colère, haine voilà ce que ressentent les jeunes face à des perspectives qui rétrécissent à vue d'œil, face à l'injustice et aux brimades. Cette jeunesse en liberté surveillée se lèvera-t-elle un jour pour le pays ?

Un génie de poète a accouché de vers qui raisonnent dans un certain hymne national d'un certain petit pays aux abois. En espérant que les chaînes se brisent :
« Lorsqu'un jour le peuple veut vivre,
Force est pour le Destin, de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper,
Force est pour les chaînes de se briser. »


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