Il en est ainsi des semaines où le monde cultive le paradoxe. Ce qui est fait là, sera défait là-bas, ce qui est dit ailleurs sera médit ici. L'éditorialiste devient ce Circé qui alerte Ulysse sur les pièges de Charybde et Scylla. Reste qu'au 21ème siècle les monstres ne sont plus fils de Poséidon qui a fini par se noyer dans un verre d'eau politique, d'Apollon exclu de la matrice virtuelle des réseaux sociaux, ou de sa fille Lamia qui s'est résolu à quitter Zeus, trop autoritaire. En Israël une énième élection législative, la quatrième en un peu plus de deux ans, va possiblement défaire le pouvoir du Premier ministre sortant, Benyamin Nétanyahou, en poste depuis douze ans et qui n'a pas réussi, cette fois-là, à négocier une majorité de gouvernance. Et c'est ainsi que le centriste Yaiir Lapid qui s'était vu confier la charge de constituer une alliance, annonce mercredi dernier y être parvenu. L'homme aurait réussi à fédérer autour de lui les mêmes que ceux pour lesquels Nétanyahou a échoué. Cette alliance va de l'extrême droite … aux islamistes, Frères musulmans. Rien que ça. L'opinion publique israélienne qui en était arrivée à concéder tous les sacrifices politiques pour évincer celui qu'elle surnomme Bibi, semble coite de devoir aller jusqu'à s'allier aux Frères musulmans. Et une partie de celle-là considère donc qu'une alliance islamiste est un prix trop cher à payer, et regrette déjà un Bibi qui n'a pas encore dit son dernier mot. Ils oublient que le même Bibi était prêt à s'allier aux mêmes Frères musulmans. Qu'apprend-on de cette alliance qui permettra une nouvelle gouvernance ? La primature serait confiée au très conservateur Naftalie Benett pendant les deux premières années et l'équipe gouvernementale aurait pour charge essentielle de traiter les questions économiques dans un contexte de crise mondiale liée à la pandémie du Covid-19. Il est ainsi convenu que ce qu'ils appellent « la question palestinienne », soit mise sous le tapi. Le statut quo. Que retient-on de cette alliance ? Notamment que même en Israël, la question de l'islam radical, extrémiste, politique se pose, et que la réponse apportée est de les intégrer au processus de gouvernance. La Tunisie, toujours en avance, a été confrontée aux mêmes dilemmes, et ses choix de l'époque, en 2014 sous la Présidence de feu Béji Caïd Essebsi, avaient été perçus comme un échec de la « révolution du Jasmin », comme une expérience ratée de la démocratie. Mais à la différence de la Tunisie, où cette expérience marquait le début de sa démocratie, pour Israël, ce baiser du diable, marquera sans doute la fin d'un système politique. #polémiquez
Au Danemark, pays membre de l'Union européenne, cette vieille Europe où les Lumières sont nées, ce continent qui a été le berceau de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, au Danemark donc, on a vendu son âme au diable politique, le populisme. Jeudi dernier, leur Parlement a adopté le principe que désormais pour faire une demande d'asile, il ne fallait pas être au Danemark. Concrètement, ce pays qui a accordé en 2020, 600 demandeurs d'asiles, fera désormais différemment. Le demandeur d'Asile au Danemark sera conduit dans un pays du « sud » avec lequel le Danemark aura conclu un accord pour édifier un « centre d'asile ». Ce pays instruira sa demande d'Asile. Si elle est refusée, le pays fera ce qu'il veut du demandeur. Si elle est acceptée, le demandeur sera considéré comme refugié danois, mais n'aura pas le droit de se rendre au Danemark. Il restera dans ledit pays, sous statut de réfugié « danois », et ledit pays en fera ce qu'il veut. Le pays hôte sera rémunéré pour jouer le rôle de bonne conscience danoise. Le Danemark aurait déjà un accord avec le Rwanda, connu pour traiter avec bienveillance ses opposants politiques qu'il emprisonne ou force à l'exil grâce à un code pénal qui punit ceux qui s'opposent au pouvoir en qualifiant l'opposition politique de « conspiration contre les autorités ». Le ministre danois des migrations qui a précisé que les pays cibles de conventions « ne seront pas forcément des démocraties au sens où nous l'entendons », a ainsi donné tout son sens à l'expression « mieux vaut être sourd que d'entendre ça » et confirme que la surdité morale a ses raisons que la raison ignore. Business News apprend en exclusivité que le Danemark allait également négocier avec l'Egypte, l'Erythrée, l'Ethiopie notamment et … la Tunisie pour y sous-traiter son droit d'asile. Ou comment un pays sous-traite la morale et les principes universalistes humanistes à d'autres, contre argent sonnant et trébuchant. Quand tout s'achète, c'est que tout se vend. Le vendeur, pourvoyeur de la morale, aura désormais comme complice un acheteur, receleur de la morale. #shame
Du côté des réseaux sociaux, entre Twitter et Facebook, l'un arrose et l'autre est mouillé. Facebook, par son conseil de la bonne morale que le réseau social finance et paie pour être son gendarme et qu'il appelle sa « cour Suprême », vient de déchoir Donald Trump de tout statut en suspendant son compte au moins deux ans. L'homme a été exclu de la matrice, contraint désormais à vivre dans le réel, à s'exprimer sans hashtag, avec de vrais amis. L'homme paie ce que la cour suprême de Facebook a qualifié comme une incitation à la violence, son statut de soutien aux manifestants qui ont envahi le Capitol le 6 janvier dernier, violences qui ont fait 5 morts, quatre manifestants et un policier. #lacesnuremorale Twitter quant à lui a été interdit au Nigéria pour avoir censuré deux tweets du président Buhari dans lesquels il promettait un traitement circonstancié aux indépendantistes biafrais s'ils continuaient leurs revendications qu'il juge violentes dans le sud-Est du pays. L'homme élu en 2015 a été réélu en 2019 et a fait du combat contre la corruption et Boko Haram ses deux chevaux de batailles. Le scrutin de 2019 a été largement dénoncé par les organisations démocratiques internationales qui ont relevé de sérieuses irrégularités. Or sous prétexte de lutte contre l'islamisme, la communauté internationale a fermé les yeux et continue de le faire, face aux agissements d'un pouvoir qui passe de sévère à despotique et autoritaire. #lacensurepolitique Et enfin pour tout ce petit monde, qu'on appelle les Gafam, qui demeurent des entreprises commerciales, les pays du G7 ont décidé ce samedi le principe d'une taxation à minimum de 15% pour elles et de toutes celles qui grâce au numérique et à la virtualisation, arrivent à échapper à tout impôt. Ainsi Amazon qui a explosé ses revenus en 2020 en Europe, n'y a payé aucun impôt. Avant que cette intention se traduise par une fiscalité réelle, quelques exercices sociaux auront passé, et quelques milliards auront été gagnés sans taxe, pendant que les PME continueront à payer rubis sur l'ongle diverses taxes et impôts qui les étouffent et étouffent toute contestation. #lacensurefinanciere
C'est la fin de ce trip, c'est la fin de la semaine. Vous pouvez éteindre vos smartphones et reprendre la lecture du roman de l'été ou aller chez le coiffeur #pourghali