L'Universitaire spécialiste du droit constitutionnel, Salsabil Klibi, a affirmé que la question de la reprise de l'activité parlementaire doit être traitée à travers le dialogue. Intervenant jeudi 30 septembre 2021 sur les ondes de la radio Shems FM, Salsabil Klibi a estimé que ce dialogue doit être modéré par des intermédiaires. Ces intermédiaires peuvent être des personnes ou des institutions. « J'appelle le président de la République à ne pas ménager ses efforts afin d'éviter la violence et les affrontements », a-t-elle ajouté.
Salsabil Klibib a, aussi, considéré que le décret n°117 du 22 septembre 2021 a repris la Constitution de 1959 en matière de répartition du pouvoir exécutif entre le président de la République et la cheffe du gouvernement. « Najla Bouden n'occupe pas une fonction administrative. Il s'agit d'un poste politique. Néanmoins, je regrette que la première nomination d'une femme cheffe du gouvernement dans des conditions pareilles… Ces prérogatives sont claires. Elle exécutera les visions et recommandations du président de la République. J'espère que le président de la République lui garantira une marge de liberté dans l'exercice de ses fonctions », a-t-elle dit. « L'état d'exception est une dictature constitutionnelle. Elle permet la reventilation des pouvoirs. L'article 80 de la Constitution n'impose pas de délais, mais, limite cette situation en imposant une partie tiers », a-t-elle expliqué.
L'universitaire a considéré que la question du péril imminent fait l'objet de controverses puisque certains estiment que le problème vient des personnes et non-pas des institutions. Elle a souligné l'importance d'un dialogue pacifiste. « Le décret n°117 du 22 septembre 2021 émanant du président se base sur l'article 80 de la Constitution. Or, le même texte impose l'activité parlementaire. Il s'agit d'une contradiction ! », a-t-elle déploré. La situation évolue vers une confrontation basée sur les rapports de force au lieu de faire de la loi l'élément déterminant. « Nous vivons un conflit entre les pouvoirs et les puissances politiques axé sur l'état d'exception, les conditions de son instauration et les procédures de son annonce », a-t-elle déclaré. Le décret n°117 du 22 septembre 2021, selon elle, a initié une nouvelle phase de prise de décisions de façon unilatérale en Tunisie.
Salsabil Klibi a rappelé que l'absence d'une entité impartiale et indépendante, ayant pour rôle de trancher dans les litiges entre les pouvoirs, a conduit à cette situation, c'est-à-dire, une cour constitutionnelle. « Malheureusement, le président de la République a provoqué plusieurs conflits. Il a estimé qu'il était le seul à pouvoir trancher dans la question de l'interprétation de la Constitution en se basant sur son article 72. On ne peut pas continuer dans cette situation unilatérale dans la prise de décisions », a-t-elle précisé. Par ailleurs, Salsabil Klibi a souligné l'imminence d'une crise économique majeure en raison de la situation politique.