Le discours du président de la République en conseil des ministres, ce jeudi 28 octobre 2021, appuyé par le communiqué de la présidence de la République, a suscité une vive polémique sur la toile notamment à la suite de l'appel lancé par Kaïs Saïed aux patriotes honnêtes pour purger le pays des voleurs. En effet, des observateurs et Tunisiens se sont indignés face à la gravité de ces propos, dans la mesure où il y a un appel clair aux citoyens de faire la loi dans une optique consacrant l'anarchie. Le gendre de Rached Ghannouchi a publié un statut indiquant : "Nous commençons à nous approcher de la recette magique de la guerre civile en appelant les gens à s'entretuer sous le slogan du "peuple veut" et au nom des campagnes d'assainissement et d'épuration[...]. Que Dieu préserve la Tunisie de ce nouveau fascisme".
Le député Yassine Ayari partage ces craintes en affirmant : "Il appelle à la guerre civile, la justice des rues et la chasse aux sorcières. Il annonce l'institutionnalisation de la domestication de la magistrature. Pour celui qui ne l'a pas compris, les honnêtes sont ses partisans, les autres sont des insectes, des corrompus, des mercenaires, des traitres. La phase des milices qu'il va protéger juridiquement pointe du nez en Tunisie …".
L'ancienne membre de l'IVD, Hela Boujnah a commenté : "Plus il parle, plus il est démasqué".
Le député Oussema Khlifi a publié un statut indiquant : "Union nationale, contre la division et la zizanie".
Le chroniqueur Haythem Mekki a écrit : "je veux juste vous rappeler que la dernière campagne menée par les citoyens pour purger le pays a fini par l'assassinat de Lotfi Nagdh, sans même qu'il n'y ait un appel officiel, sinon ça va".
La blogueuse Bent Trad a estimé que l'appel lancé par le président de la République est "d'une extrême gravité et qu'il s'agit d'un appel franc aux citoyens pour s'entretuer. Essayez de supprimer le terme de "l'épuration" de votre dictionnaire, il n'y a que l'application de la loi".
Le nahdhaoui Khalil Baroumi a, également, condamné les propos du président de la République, l'invitant à préciser comment serait-il possible aux citoyens de procéder à la purge, et de quelle manière. Le juge Ahmed Rahmouni a noté que les services de la présidence ont changé le communiqué initial en substituant le terme "citoyens" par "patriotes", huit heures après la publication originale. Dans ce contexte, il convient de noter que dans son discours, le président de la République avait bien mentionné les patriotes et non les citoyens.