Le sujet est sur la langue des magistrats et des greffiers, depuis vendredi dernier. Et ils sont bien mécontents de l'ingérence du pouvoir exécutif dans leur travail. Précisément, les ministres de l'intérieur et de la justice. Les faits. Le juge d'instruction chargé de l'affaire de l'ancien ministre Mehdi Ben Gharbia, a été interrogé deux fois par l'inspection générale (hiérarchiquement dépendant du ministère) à propos du dossier et des procédures suivies. C'est ce point qui exaspère les magistrats, car c'est une ingérence dans le travail et jamais, sauf violation flagrante de la loi, un magistrat ne peut être interrogé sur un dossier en cours d'instruction. Pire, on le soupçonne de collusion avec le prévenu et on lui demande de prouver son innocence.
Quels sont les éléments entre les mains de l'inspection leur permettant d'avancer ces graves accusation ? Une note interne du ministre de l'Intérieur et des posts Facebook publiés par des repris de justice, qui cherchent à se venger du juge, celui là même qui a décidé de leur détention ! C'est la deuxième exaspération des magistrats, car le ministre de l'Intérieur ne peut en aucun cas s'immiscer dans une affaire en cours, encore moins dans les procédures entreprises par le juge. Et ils se sentent carrément exposés puisque l'inspection s'amuse à donner suite aux posts Facebook d'anciens détenus qui cherchent à se venger d'un juge. Paradoxalement, cet ancien prisonnier fait partie du même groupe qui a tenté de soutirer cinquante mille dinars à Mehdi Ben Gharbia pour que l'on cesse de le diffamer et de l'injurier sur les réseaux sociaux.
L'histoire n'est pas finie, elle a pris des proportions encore plus grandes vendredi dernier, et c'est comme ça qu'elle a été ébruitée, avec la convocation de la greffière du bureau de l'instruction à qui on a demandé s'il y avait des liens particuliers entre son supérieur et Mehdi Ben Gharbia ou ses avocats.
Visiblement, le pouvoir n'arrive pas à admettre que Mehdi Ben Gharbia ait pu prouver la légalité des mouvements dans ses entreprises et son innocence des accusations portées contre lui. Après le manège opéré par la Commission des affaires financières de la Banque centrale, on observe là des procédures étranges de la part de l'inspection du ministère de la Justice dans ce dossier de Mehdi Ben Gharbia. Interrogé par Business News sur ces nouvelles révélations, un membre du comité de défense de Mehdi Ben Gharbia nous a affirmé qu'il en a entendu parler et qu'il envisage de saisir des organismes internationaux à ce sujet, si jamais ces informations sont avérées. Il nous rappelle qu'il y a déjà eu dépôt de plainte contre le procureur chargé du dossier et contre les administrateurs de pages Facebook qui ont diffamé et injurié leur client, mais aucun de ces dossiers n'a été traité sérieusement pour l'instant.