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Soutien à Kaïs Saïed : ces organisations nationales qui payent le prix cher !
Publié dans Business News le 29 - 06 - 2022

La Commission nationale consultative pour une nouvelle République avait été créée par le président de la République, Kaïs Saïed, dans le but de rédiger une proposition d'une nouvelle constitution. Afin de vêtir cette structure d'un semblant de légitimité, le chef de l'Etat avait promulgué une liste nominative d'organisations nationales appelées à participer aux travaux d'un comité chargé des affaires économiques et sociales. Il s'agit de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), de l'Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) et de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH). La présidence de ce comité avait été attribuée au bâtonnier Brahim Bouderbala.
Cette décision a, à elle seule, représenté pour l'UGTT la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. La centrale syndicale a affirmé son refus d'être simplement membre d'une structure chargée de débattre de questions d'ordre économique ou social. L'UGTT avait rappelé qu'il s'agissait de son domaine d'expertise et qu'elle avait réalisé plusieurs études et propositions à ce sujet. De plus, la centrale syndicale a estimé que le processus même de création de la commission nationale et sa composition ne répondaient pas à ses attentes. Elle a qualifié la chose de tentative d'atteinte aux partis politiques. On avait même parlé de tentative d'assassinat politique des partis politiques et d'un simulacre de dialogue.
Néanmoins, ces arguments n'ont pas convaincu d'autres organisations qui s'étaient empressées de confirmer leur participation et de soutenir la démarche du président et le processus de l'élaboration d'une nouvelle constitution. Nous pouvons citer à titre d'exemple l'UNFT et sa présidente Radhia Jerbi. Cette dernière avait même essayé de renouer les liens entre l'UGTT et la présidence de la République. Des sources proches nous ont confirmé qu'elle avait demandé de rencontrer le secrétaire général de la centrale syndicale dans le but de le convaincre de se rétracter dans sa position et de participer aux travaux de la commission nationale consultative pour une nouvelle République. Elle avait, aussi, multiplié les passages médiatiques défendant les choix du président. Bien évidemment, elle n'avait pas calculé les conséquences de tels actes ni l'impact de sa prise de position. La décision de soutenir cette approche unilatérale et basée sur des décisions parachutées résulterait-elle de la situation difficile de l'UNFT ? Radhia Jerbi a-t-elle cru pouvoir bénéficier d'aides de la part du pouvoir exécutif ? Cherchait-elle à redorer l'image de l'UNFT après ses échanges avec Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi lors de "la décennie noire" ?
La triste réalité nous a prouvé encore une fois que Radhia Jerbi s'était emmêlé les pinceaux avec ses calculs politiques. En plus d'avoir été remise à sa place par Noureddine Taboubi en ce qui concerne la position de l'UGTT et donc porté préjudice aux relations entre l'UNFT et l'organisation syndicale, Radhia Jerbi a complètement été oubliée par les médias depuis la première réunion du comité des affaires juridiques et sociales. Plus de déclarations ou d'interviews spéciales ! Radhia Jerbi n'a même pas été interrogée sur le projet de constitution présenté à Kaïs Saïed. Elle avait complété sa mission : être présente afin d'enjoliver le décor et prouver que ce simulacre de dialogue national prenait en considération le rôle de la femme et sa participation à la vie politique. Elle n'a même pas été abordée au sujet des droits de la femme et de l'égalité entre les genres. L'UNFT et Radhia Jerbi étaient devenues quasi inexistantes !
Du côté de l'Ordre national des avocats de Tunisie, présidé par Brahim Bouderbala, la situation n'est guère reluisante. Brahim Bouderbala avait, lors de sa nomination comme président du comité des affaires économiques et sociales, fait l'objet de plusieurs critiques. Les opposants à cette nomination ont rappelé que le mandat de Brahim Bouderbala approchait de sa fin et que ceci l'obligeait à ne pas s'engager ou à engager l'ordre dans un processus politique prenant parti contre certains courants politiques et acteurs de la scène politique tunisienne. Il s'agissait là du premier acte du conflit qui commençait à s'installer au sein de l'ordre des avocats. En effet, Brahim Bouderbala avait estimé que la question de la fin de son mandat pouvait être résolue par un simple communiqué. A l'image du chef de l'Etat et dont il est devenu grand fan, le bâtonnier des avocats a décidé de reporter l'assemblée générale élective de l'Ordre national des avocats de Tunisie. Il a, aussi, émis un deuxième communiqué afin de préciser qu'il était le seul à pouvoir s'exprimer au nom des avocats tunisiens. Il a tenu à rappeler à tout le monde qu'il était le patron !
Le deuxième acte de cette crise a eu lieu suite à une autre décision parachutée du président de la République. Kaïs Saïed avait décidé de s'approprier les prérogatives du conseil provisoire de la magistrature et de révoquer 57 magistrats par un simple trait de stylo ! Le bâtonnier des avocats a, bien évidemment, estimé que le chef de l'Etat avait raison et que les magistrats devaient se soumettre à sa volonté, renier leur responsabilité et oublier leur indépendance. En même temps, l'ordre régional des avocats de Tunis a décidé de s'opposer à cette décision et donc d'adopter une position se heurtant complètement avec celle du bâtonnier des avocats. D'autres avocats, connus pour leur appartenance au courant islamiste, ont adressé une mise en demeure à Brahim Bouderbala lui ordonnant de cesser toute activité en rapport avec la gouvernance de l'ordre et de la caisse de retraite des avocats. Ils ont, par la suite, saisi le tribunal militaire. En guise de réaction, Brahim Bouderbala a crié au complot et a appelé les avocats le soutenant au secours. Un comité de défense s'était rapidement formé et les avocats se sont fragmentés entre plusieurs fronts : ceux soutenant leur bâtonnier, ceux s'opposant à lui et sans aucun doute ceux qui n'en avaient absolument rien à faire ! Le président de la République avait exploité le soutien de Brahim Bouderbala jusqu'au dernier souffle le poussant même vers un conflit interne et vers un schisme de l'avocatie.
Autre organisation nationale s'étant retrouvée face à des communiqués contradictoires et à un conflit interne : la LTDH. La question de participation de la ligue aux travaux de la commission consultative nationale pour une nouvelle République avait créé une grande polémique au sein des militants de l'organisation. Plusieurs sections régionales ont affirmé leur opposition à la participation de la LTDH à la commission. Ils ont critiqué la légitimation d'un processus basé sur les décisions unilatérales et l'exclusion de certains acteurs de la scène politique. On a essayé d'étouffer la chose et de remettre en doute l'authenticité dudit communiqué. Quelques jours après, le président de la LTDH Jamel Msallem s'était rendu à la première réunion du comité des affaires économiques et sociales. Le moins que l'on puisse dire est que ce dernier n'avait pas été accueilli comme il se devait. La réunion a eu lieu autour d'une table en U. A sa tête se trouvaient Radhia Jerbi, Brahim Bouderbala, Sadok Belaïd, Amine Mahfoudh et Noureddine Ben Ayed (présent au nom de l'UTAP). Le représentant de la LTDH, quant à lui, était à l'écart, assis sur une chaise au fond de la salle avec le reste des invités. Pareil que pour Radhia Jerbi, on n'avait plus entendu parler de lui depuis ce moment-là ! Les interrogations des médias et des journalistes autour de questions relevant des droits et des libertés étaient directement adressées au président de la commission, Sadok Belaïd et à ses acolytes Amine Mahfoudh et Brahim Bouderbala. Depuis, la LTDH a, elle aussi complètement, disparu du paysage politique. Son président n'a plus refait surface !
Autre président d'une organisation nationale victime des manœuvres de Kaïs Saïed et de cette pseudo-commission prônant l'unité nationale et l'intérêt commun : Abdelmajid Ezzar. Ce dernier n'a pas participé au dialogue national. Néanmoins, il s'est retrouvé expulsé du paysage politique, et même de son organisation. Le président de l'Utap, Abdelmajid Ezzar était connu pour sa proximité avec le mouvement Ennahdha. Afin de l'écarter tout en garantissant la participation de l'organisation aux travaux de la commission, le président de la République, Kaïs Saïed a convoqué le vice-président de l'Utap, Noureddine Ben Ayed et l'a sommé de se désigner comme nouveau président de la structure. Ben Ayed a sauté sur l'occasion et s'est proclamé président de l'Utap. Depuis cette annonce, une véritable guerre sévit entre Ben Ayed et Ezzar. C'est ainsi que le président a réussi à disloquer l'Utap. Il lui a suffi de chercher la bonne personne, celle capable de faire tout son possible pour le satisfaire, se retrouver sous les feux des projecteurs et jouir de plus de pouvoirs ! L'Utap s'est transformée d'une organisation nationale en un feuilleton télévisé mélangeant drame et trahison. Les personnages principaux de cette création de très mauvais goût échangent les sommations, les menaces et les requêtes auprès de la justice. Ceci marque sûrement le début de la dégringolade et de la désintégration de cette organisation. On déplorait les orientations politiques de Abdelmajid Ezzar et on lui reprochait sa proximité avec le mouvement Ennahdha alors qu'il gouvernait le pays. Or, Noureddine Ben Ayed a accédé à sa nouvelle position en se soumettant aux ordres du président de la République et en essayant de s'attirer les bonnes grâces du chef de l'Etat. Ceci, fait-il de lui le libérateur de l'Utap ou un nouveau Abdelmajid Ezzar ?
Le chef de l'Etat a entamé un processus qu'il avait choisi de qualifier de dialogue, lui permettant de renforcer son contrôle du pays et sa mainmise sur les pouvoirs. Il a, comme à son habitude, appliqué la politique de la fuite en avant et du passage en force. Malheureusement, certains l'ont soutenu dans cette approche et ont accepté de participer au dialogue sans se soucier de l'impact d'une telle décision et sans prendre en considération le futur des structures qu'ils représentaient. Ceci a, comme nous l'avions montré, conduit à l'éclatement de véritables conflits. Ainsi, Kaïs Saïed a réussi à réaliser ce que les nahdhaouis n'ont pas su faire depuis la révolution de 2011 : se débarrasser des organisations nationales pouvant gêner ou ralentir la mise en place d'un projet politique populiste basé sur le mensonge et la déformation de la réalité. Il a affirmé au peuple, à plusieurs reprises, que le système de Bourguiba et de Ben Ali, repris par Ennahdha, était inefficace. Il a parlé de réformes structurelles indispensables. Ceci, nécessite-t-il l'adoption d'une nouvelle constitution ? Les solutions encourageant l'investissement et mettant fin à la bureaucratie compliquée et décourageante se trouvent-elles dans ce type de texte ? Le déblocage de ressources au profit des tribunaux afin d'accélérer le traitement des dossiers et l'amélioration de l'infrastructure n'est-il possible qu'à travers la promulgation d'une nouvelle constitution ?


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