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Le pied de nez de Kaïs Saïed à l'Union européenne
Publié dans Business News le 11 - 05 - 2023

Face à des émissaires de l'Union européenne, Kaïs Saïed a déclaré qu'aucun diktat ne pouvait être accepté. Le chef de l'Etat désavoue, du coup, son propre gouvernement et lance un pied de nez aux Européens.

L'Union européenne redoute un effondrement économique de la Tunisie et s'inquiète de la détérioration de la situation politique et économique. C'est en ces termes que s'est exprimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, le 20 mars dernier, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) à Bruxelles.
Partant, les ministres présents ont chargé la Belgique et le Portugal d'envoyer des représentants en mission en Tunisie afin de mener une évaluation de la situation pour permettre à l'UE d'orienter ses mesures.
En dépit de l'urgence de la situation, il a fallu attendre le 10 mai pour que le président tunisien de la République daigne recevoir les émissaires européens.
Sauf que voilà, l'aspect urgent et grave du moment ne semble pas ébranler Kaïs Saïed. L'UE a beau s'inquiéter, le président ne l'est pas pour autant.
C'est ce que l'on peut conclure de l'audience accordée, hier, à ces émissaires européens, la ministre belge des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales, Hadja Lahbib, et le ministre portugais des Affaires étrangères, João Gomes Cravinho. Des ministres venus, selon Bruxelles, pour apporter des messages politiques importants au nom du Haut Représentant Borrell et des 27 Etats-membres de l'UE.
Si l'on se tient aux propos de M. Borell, du 20 mars, le message politique important serait le suivant : « Le président Kaïs Saïed doit signer avec le FMI et mettre en œuvre l'accord, sinon la situation sera très grave pour la Tunisie ».
Le président a cependant balayé les inquiétudes européennes en soulignant « qu'il n'était pas possible d'abandonner le rôle social de l'Etat et qu'aucun diktat ne pouvait être accepté », appelant au respect de la volonté du peuple tunisien et de la souveraineté de l'Etat tunisien.
Cela sonne comme une fin de non-recevoir. Les Européens doivent, donc, agir et orienter leurs mesures en conséquent.

Comme Business News, la majorité des médias, et des observateurs et experts économiques le répètent depuis des mois, la Tunisie n'a d'autre choix que d'obtenir son crédit, de 1,9 milliard de dollars, du FMI.
Plus encore, c'est le gouvernement lui-même qui s'attelle à l'obtention de ce prêt inscrit, noir sur blanc, dans la Loi de finances signée par le président lui-même. Le gouvernement y travaille depuis novembre 2021 et c'est lui qui a envoyé tout un plan de réformes au FMI. Aux dernières nouvelles, ce gouvernement n'a envoyé aucune demande pour retirer son dossier du FMI.
En face, le président de la République a une autre vision, radicalement opposée à celle de son gouvernement.
Ses dernières déclarations mentionnent clairement qu'il ne veut pas des « diktats » du FMI. Il a même limogé une ministre, la semaine dernière, qui s'est aventurée à parler d'augmentation des prix du carburant, lesquels sont prévues dans le plan de réformes envoyé au FMI.
S'il faut résumer la situation, on a un gouvernement désavoué publiquement par son président. Un gouvernement qui veut obtenir un prêt du FMI et un président qui n'en veut pas. Un gouvernement qui veut procéder à des réformes structurelles importantes et douloureuses et un président qui ne veut pas abandonner la politique de l'Etat providence, joliment appelée rôle social de l'Etat.
Le souci, pour les Européens, est que la politique de Kaïs Saïed va mener la Tunisie à l'effondrement. « Si la Tunisie s'effondre, cela risque de provoquer des flux migratoires vers l'Europe et entraîner une instabilité dans la région MENA. Nous voulons éviter cette situation », s'inquiète Josep Borell.

Vu que le président tunisien s'est arrogé les pleins pouvoirs et n'a aucun contrepouvoir face à lui, vu la nouvelle constitution qu'il a rédigée tout seul avant de l'imposer aux Tunisiens après un référendum au taux d'abstention record, c'est Kaïs Saïed et Kaïs Saïed seul qui décide en Tunisie. Le gouvernement peut aller se rhabiller. Les Européens aussi.
Théoriquement, si l'on suit les prévisions de l'ensemble des experts politiques et économiques tunisiens, ainsi que celles de l'UE, la Tunisie se dirige tout droit vers l'effondrement économique. Sans prêt du FMI, elle ne pourra plus payer ses besoins et honorer ses dettes. Elle ne peut plus, non plus, se diriger vers d'autres pays pour se faire aider.
Le gouvernement tunisien a-t-il un plan B ? Aucun ! À aucun moment le gouvernement tunisien n'a présenté d'alternative au FMI. Jusque-là, la cheffe du gouvernement Najla Bouden, la ministre des Finances, Sihem Nemsia, le ministre de l'Economie Samir Saïed et le gouverneur de la Banque centrale ne communiquaient que sur le dossier du FMI et rien d'autre.

La solution pour éviter l'effondrement économique de la Tunisie est donc entre les mains du président et du président tout seul.
Si l'on suit ses aficionados, le président entend imposer sa loi au FMI et à l'Union européenne. Il l'a dit et redit jusqu'à hier devant Mme Lahbib et M. Cravinho, il ne veut accepter aucun diktat.
C'est illusoire et insensé ? C'est en tout cas ce que pense le président.
A-t-il un plan B ? D'après ses propos ces dernières semaines, il en a plusieurs. Il entend récupérer quelque 13,5 milliards de dinars soi-disant spoliés par 460 hommes d'affaires, booster la production de phosphate et la ramener à son niveau de 2010 ou encore encourager les jeunes à lancer des entreprises communautaires.
Autant de solutions farfelues, toutes décriées par les observateurs et les médias. La commission de conciliation pénale chargée de récupérer les biens spoliés est arrivée au terme de son échéance sans rien ramener. Même pas un dinar. Quand bien même elle en aurait ramené, le pays a besoin de devises étrangères et non de dinars tunisiens.
La question du phosphate est, elle aussi, illusoire. Le chef de l'Etat ambitionne la production de dix millions de tonnes, alors que la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) a annoncé publiquement qu'elle ne peut produire, au mieux, que 5,6 millions de tonnes cette année et huit millions l'année prochaine. Il faudrait attendre des années pour réaliser le chiffre annoncé par le président de la République, selon la CPG. Et tous ces chiffres ambitieux ne peuvent être atteints que si le gouvernement consent à de lourds investissements immédiats, lesquels ne sont pas prévus dans la Loi de finances. Quand bien même la Tunisie produirait par miracle et dès cette année les dix millions de tonnes annoncées par le président, cela ne résoudrait aucunement son déficit budgétaire immédiat. Pour combler ce déficit, la seule et unique solution est d'emprunter sur les marchés extérieurs, le FMI et l'Union européenne en tête. Or « l'Union européenne ne peut pas aider un pays incapable de signer un accord avec le FMI », a indiqué Josep Borell. Elle n'est pas la seule, même les pays frères et amis (à l'exception peut-être de l'Algérie) ne pourront pas aider la Tunisie si elle n'a pas le feu vert du FMI. La question du phosphate, nouvellement chère au président, ne résoudrait donc pas le problème.
Quant à la question des entreprises communautaires, il vaut mieux en rire. Aucun, absolument aucun, homme d'affaires digne de ce nom n'a prêté attention au sujet. Même la centrale patronale, Utica, devenue véritable carpette devant le président, n'a pas donné suite à cette idée.

Le gouvernement n'a donc pas de plan B et a les pieds et les poings liés par le président de la République. Ce dernier multiplie les idées farfelues et insensées et assimile les conseils aux diktats.
La solution ? La Tunisie se dirige tout droit vers l'effondrement économique, d'après les prévisions des experts, qu'ils soient tunisiens ou étrangers, intéressés ou désintéressés.
Le gouvernement est-il conscient de la gravité de la situation ? Très probablement oui, mais il s'interdit toute déclaration pouvant fâcher le président. Sous d'autres cieux, il aurait démissionné depuis des semaines après le désaveu opposé par le chef de l'exécutif.
Les centrales syndicale et patronale sont-elles conscientes de la gravité de la situation ? Oui, mais elles se taisent, voire approuvent de peur d'être atteintes par les campagnes d'arrestations de personnalités politiques pour des motifs fallacieux.
Le parlement est-il conscient de la gravité de la situation ? Le nouveau parlement, élu par 11% du peuple, est devenu un rassemblement de béni-oui-oui.
Les médias et les partis politiques de l'opposition sont-ils conscients de la gravité de la situation ? Oui, et ils ne cessent de le crier sur tous les toits, mais ils sont inaudibles et discrédités.
Le peuple est-il conscient de la gravité de la situation ? Non, le peuple endure l'inflation et les pénuries, mais continue à boire les paroles du président. Pour lui, ce sont les spéculateurs, les corrompus et les puissances néo-colonialistes qui veulent du mal à la Tunisie. Pour lui, le président est en train de protéger le peuple face à ces rapaces.
Kaïs Saïed mène tout droit le pays vers l'effondrement économique. On ne peut pas dire qu'il n'a pas été prévenu.


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