Un vent de folie souffle sur la prochaine élection présidentielle américaine. "Du jamais vu", titrent plusieurs journaux. Joe Biden, président des Etats-Unis en exercice et candidat à sa succession, se retire en pleine campagne en faveur de Kamala Harris, sa vice-présidente. Elle doit encore être adoubée par le parti démocrate, mais ce sera une formalité selon les analystes politiques. Un tournant significatif dans l'histoire politique du pays. Joe Biden, après avoir servi en tant que 46e président des Etats-Unis, a pris la décision de se retirer pour des raisons personnelles et de santé. Son mandat a été marqué par des initiatives audacieuses dans des domaines tels que le changement climatique, la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la promotion de l'égalité sociale. Si elle est élue, Kamala Harris sera la première femme d'origine afro-américaine à occuper la présidence des Etats-Unis. Son leadership énergique et sa vision progressiste ont suscité l'espoir et l'enthousiasme parmi les Américains, et ont également été salués à l'échelle internationale.
Face à elle, la semaine dernière à la convention républicaine qui s'est tenue à Milwaukee (Etats-Unis), l'équipe de campagne du candidat Donald Trump a tenté en vain de présenter une image de lui plus lisse. Elle a dû vite déchanter, tant il est difficile de changer la nature profonde de ce candidat. Son incapacité à se contrôler a rapidement refait surface. Fort de son succès lors du débat contre Joe Biden et surfant sur le vent de sympathie qu'il a eu suite à l'attentat raté dont il a été victime, il a abusé des écarts langagiers. Son discours d'acceptation de l'investiture a commencé par une fausse modestie, feignant l'humilité après avoir survécu à la tentative d'assassinat "grâce à l'aide de Dieu", a-t-il martelé. Au bout de quelques minutes, il a abandonné le prompteur et a improvisé, retombant dans ses discours caricaturaux et accusant les immigrés de tous les maux de l'Amérique. Selon lui, le monde entier se serait ligué contre les Etats-Unis. Les sérieuses accusations portées contre Trump par la justice américaine ont été passées sous silence. Sa vision apocalyptique de l'Amérique et son refus de reconnaître ses erreurs et le rôle qu'il a joué dans l'attaque du Capitole le 6 janvier ont finalement convaincu qu'il était incurable. La stratégie de campagne de Trump, qui consistait à éviter les sujets sensibles et à se présenter comme un homme raisonnable, a lamentablement échoué. Ses prises de position réactionnaires par rapport à l'avortement, à la peine de mort, aux armes à feu ou à la coopération internationale ont été passées sous silence.
Le sujet de l'heure qui nous préoccupe tous est évidemment la situation en Palestine. La période particulièrement dramatique que vivent les Palestiniens a un impact important chez tous les Arabes. Son retour au pouvoir devrait susciter de sérieuses inquiétudes. Laissons de côté ses multiples déclarations injurieuses envers les Palestiniens et souvenons-nous de son bilan.
En dépit des décisions internationales, lors de son précédent mandat, il a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël, enfreignant ainsi le droit international. En décembre 2017, il a ordonné le transfert de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. De plus, il a suspendu l'aide financière aux Palestiniens en 2018, y compris l'aide humanitaire et au développement. Cette décision a eu un impact significatif sur les services sociaux et économiques en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il a également ordonné la fermeture du bureau de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington. En janvier 2020, il a imposé un plan de paix pour le Proche-Orient, connu sous le nom de "l'accord du siècle". Ce plan prévoyait l'annexion par Israël de vastes parties de la Cisjordanie, tout en accordant aux Palestiniens un Etat démilitarisé avec des conditions strictes.
Enfin, comment ne pas mentionner les Accords d'Abraham imposés aux Arabes en 2020. L'histoire retiendra que cette série d'accords de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs régimes arabes alignés sur les Etats-Unis constitue une humiliation de plus pour les Arabes. Ces accords, imposés par la force et le chantage, comprennent l'établissement de relations diplomatiques, l'ouverture d'ambassades et de consulats, la coopération économique et commerciale, ainsi que la coopération dans les domaines de la sécurité, de la technologie, de la santé et du tourisme. Ils ont provoqué encore plus de divisions au sein d'un monde arabe en piteux état. Ils ont définitivement discrédité, aux yeux des Arabes, ceux qui les ont signés. Une certitude s'impose : une fois élu, Donald Trump cherchera à finir le travail.
La position de Kamala Harris concernant la cause palestinienne, bien que plus nuancée, reste alignée sur la politique étrangère des Etats-Unis. Elle soutient fermement le droit à l'existence et à la sécurité d'Israël en tant qu'Etat juif, mais elle reconnaît également le droit des Palestiniens à l'autodétermination et à un Etat viable. Kamala Harris a souligné l'importance d'une solution négociée et pacifique pour parvenir à une paix durable entre les Israéliens et les Palestiniens. Elle a exprimé son soutien à une approche à deux Etats, où Israël et la Palestine coexistent côte à côte dans la paix et la sécurité. Kamala Harris a également appelé à la cessation de la construction de colonies israéliennes en Cisjordanie et à la fin de la violence et de l'incitation à la haine de part et d'autre. En tant que vice-présidente des Etats-Unis, elle a essayé sans succès de jouer un rôle dans la politique étrangère, mais la politique officielle des Etats-Unis est déterminée par le président et son administration, qui ont été jusqu'à présent ouvertement pro-israéliens.
Formulons le vœu (certainement et malheureusement pieux) celui de voir un rééquilibrage de la politique étrangère américaine dans les suites de ces élections. C'est la seule façon d'arriver à une paix juste et durable en Palestine.