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L'Etat recourt au rafistolage pour vendre l'huile d'olive
Publié dans Business News le 13 - 12 - 2024

Ne sachant plus comment exporter et écouler l'excèdent d'huile d'olive cette année, le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a eu recours au système D. Il a envoyé une circulaire à ses différents départements leur demandant d'acheter cash à l'ONH l'huile d'olive, via leurs amicales et leurs mutuelles, tout en permettant aux fonctionnaires de payer la marchandise par facilités. Trop peu, trop tard, le mal est fait. C'est avant la catastrophe qu'il fallait réagir et non après.

Un proverbe français bien célèbre illustre à merveille la situation dans laquelle se trouvent l'Etat et les producteurs d'huile d'olive en ce moment : "Il faut que la maison brûle pour qu'on appelle les pompiers". Un pendant tunisien de ce proverbe dit : "Il a acheté une carabine après la catastrophe." (بعد ما إتخذ، شرى مكحلة).
Ainsi, et après la catastrophe qui s'est abattue sur les producteurs d'huile d'olive — consécutive à l'arrestation préventive du plus gros exportateur tunisien et la peur frappant les autres exportateurs — la présidence du gouvernement essaie de trouver des débouchés pour écouler la marchandise en excès cette année. Certes, il vaut mieux gérer l'abondance que les pénuries, mais il est triste de voir cette richesse naturelle bradée, dilapidée et n'ayant personne pour l'acheter, au point que la présidence du gouvernement recourt à du rafistolage pour sauver, un tant soit peu, la saison.

La circulaire de Kamel Maddouri
Jeudi 12 décembre 2024, la présidence du gouvernement a envoyé une circulaire à tous les ministres et secrétaires d'Etat les invitant à donner suite aux directives du président de la République d'encadrer les agriculteurs à stocker et écouler leurs productions d'huile d'olive.
« Il faut mutualiser les efforts pour faire réussir le programme national de vente d'huile d'olive dans le marché intérieur pour la saison 2024-2025, de telle sorte à ce que tous les consommateurs accèdent à ce produit », précise la circulaire.
Concrètement, Kamel Maddouri invite ses ministres et secrétaires d'Etat à coordonner avec l'Office national de l'huile pour lui acheter, rubis sur ongle, de l'huile d'olive, puis de la vendre par facilités aux fonctionnaires via les mutuelles et les amicales.
Ces mutuelles et ces amicales ont-elles les fonds nécessaires pour assurer ces achats en cash ? Les différents organismes publics ont-ils le droit, légalement, d'avancer l'argent à ces mutuelles et ces amicales pour faire ce genre d'achats ? Les fonctionnaires seront-ils obligés d'acheter une huile dont ils n'ont pas spécialement besoin ? Kamel Maddouri ne s'embarrasse pas de ce genre de détails formels : seules la réussite de la saison oléicole et l'exécution des directives présidentielles lui importent.

Les causes de la crise actuelle
Ce recours au système D et ces solutions de rafistolage n'auraient pas eu lieu d'être si l'Etat avait fait son travail en amont et si le système judiciaire appliquait à la lettre les principes universels de la justice.
D'habitude, qu'il y ait excès de production ou pas, l'huile d'olive est exportée un peu partout en Europe, selon les cours internationaux. Il y avait une machine bien huilée qui arrangeait tout le monde : producteurs, banquiers, exportateurs et l'Etat.
Ce qui s'est passé cette année, c'est que l'Etat est venu fourrer son nez dans cette machine en suspectant les exportateurs, à leur tête le premier d'entre eux, Abdelaziz Makhloufi, de malversations financières et de blanchiment d'argent. Une instruction judiciaire a été ouverte et, juste à la veille du démarrage de la saison, M. Makhloufi a été arrêté. De quoi perturber le fonctionnement de la machine et effrayer les autres exportateurs, qui refusent désormais de travailler, craignant d'être accusés à leur tour.
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La faute de l'Etat avec sa justice répressive et ses institutions moribondes
Les arrestations d'hommes d'affaires se comptent par dizaines, et ce sur de simples suspicions de corruption, de blanchiment d'argent ou même d'infractions douanières ou fiscales. Partout dans le monde, on applique la règle simple selon laquelle « en matière pénale, la détention provisoire doit être l'exception et la liberté la règle ». En Tunisie, sous ce régime de Kaïs Saïed, c'est l'inverse : on arrête d'abord, on instruit après. Ce n'est pas seulement la machine oléicole qui est perturbée, mais toute l'économie.
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L'arrestation d'Abdelaziz Makhloufi et le débrayage des autres exportateurs n'expliquent pas tout le problème. Il faut aussi mentionner l'échec total de deux organismes publics : l'Office national de l'huile (ONH) et le Centre de promotion des exportations (Cepex). Ces deux institutions n'auraient jamais dû laisser un secteur si important entre les mains de quelques exportateurs.
Avec des stratégies de marketing adéquates, Cepex et ONH auraient pu écouler des centaines de milliers de tonnes rien qu'en Chine ou aux Etats-Unis. Le Maroc, grand consommateur et producteur habituel, a dû cette année importer ses besoins du Brésil à cause de la sécheresse. La Tunisie aurait bien pu lui exporter ses excès, sauf que le marché semble fermé en raison des tensions diplomatiques entre les deux pays.

Des perspectives sombres
Avec une justice répressive, une administration agonisante et un président de la République qui n'arrange rien, Kamel Maddouri s'est retrouvé seul à devoir trouver des solutions pour les agriculteurs et payer les pots cassés.
Sa circulaire résoudra-t-elle le problème pour autant ? Sur le papier, la nouvelle idée de M. Maddouri n'est que du rafistolage. La preuve par les chiffres :
En 2024, la production d'huile d'olive en Tunisie a atteint un sommet historique, estimé à 340 000 tonnes. En 2023-2024, les exportations ont atteint 190 122 tonnes d'huile d'olive, mais probablement beaucoup moins en 2024-2025.
Le marché local est petit et ne peut pas absorber tout seul les excès. Sa consommation est estimée à 40 000 tonnes — et encore, il faudrait que les prix soient assez bas pour atteindre cette quantité.
Dès lors, Kamel Maddouri peut faire preuve de toute sa bonne volonté, mais il ne peut rien faire. Il est déjà trop tard. Le Cepex et l'ONH ne peuvent pas rattraper le retard accumulé depuis des années. La justice ne peut pas faire machine arrière. Le marché tunisien est trop petit pour tout absorber.
Pour éviter ce problème, survenu de nulle part, il aurait fallu anticiper en amont les conséquences d'une politique répressive envers les privés les plus méritants et laxiste envers l'administration publique.

Raouf Ben Hédi

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